«La rage est une maladie exceptionnellement rare chez les humains, a déclaré le Dr Nathalie Turgeon, une microbiologiste à l'Hôpital Sainte-Justine, en conférence de presse mardi. Il s'agit du premier cas depuis 1985». Les autorités ont cependant prêché la vigilance en cas de morsures d'animaux ou de contacts avec des chauve-souris.
Le petit garçon, qui a près de 10 ans, aurait été infecté alors que sa famille résidait dans un chalet dans la région de Papineau-Labelle vers la fin du mois d'août. Il semble qu'une chauve-souris à l'intérieur du chalet l'aurait mordu, mais il n'en aurait pas eu connaissance.
Les mesures prophylactiques, normales en cas de morsure par un animal suspect, n'ont donc pas pu être rapidement appliquées. Comme la période d'incubation peut être très longue, en moyenne de 20 à 90 jours, ce n'est que la semaine dernière que les premiers symptômes du mal ont amené la famille à consulter un médecin.
Le Dr Turgeon ne s'est pas étonnée du fait que personne n'ait remarqué une morsure de chauve-souris dans ce cas. Elle a expliqué que sur les 37 derniers cas de rage chez des humains aux États-Unis, 22 avaient été reliés aux chauves-souris grâce à des études sur les souches. Or, une seule de ces personnes avait eu connaissance d'une morsure.
L'enfant a été hospitalisé à l'hôpital Sainte-Justine vendredi et le diagnostic de rage a été confirmé samedi. «Son état est critique et ses parents sont à son chevet 24 heures sur 24», a déclaré le Dr Turgeon. On a administré des mesures prophylactiques aux autres membres de la famille parce qu'ils auraient pu être en contact avec la même chauve-souris.
Les autorités n'ont pas voulu identifier le petit garçon par respect pour la famille, qui vit des moments très difficiles. Le Dr John Carsley, le responsable de l'unité des maladies infectueuses au département de santé publique de Montréal-Centre, a noté qu'une transmission de rage d'humain à humain était théoriquement possible, mais qu'aucun cas n'avait jamais été rapporté dans la littérature mondiale.
Le dernier cas de rage au Canada a été rapporté en 1985 en Colombie-Britannique. Il y a eu un autre cas au Québec en 1984, mais la personne avait contracté la maladie à l'extérieur du pays. Il y a aussi eu un autre cas en 1977 en Nouvelle-Écosse.
Prévention
Le directeur de la santé publique au ministère de la Santé et des services sociaux, le Dr Horacio Arruda, a indiqué que cet incident montrait l'importance des différentes mesures de prévention. Il s'agit notamment de connaître les animaux à risque, soit le raton laveur, la moufette, le renard et la chauve-souris. Il s'agit aussi d'adopter un comportement prudent devant un animal sauvage.
«Une chauve-souris qui se laisse approcher n'a pas un comportement normal», a déclaré le Dr Arruda. Il s'agit également de réagir en cas de morsure avec un animal suspect, soit laver la plaie, consulter un médecin et si nécessaire, appliquer des mesures prophylactiques.
Des mesures de ce type sont appliquées de 300 à 400 fois par année au Québec. Il s'agit probablement de mesures très efficaces puisque les cas de rages chez les humains sont exceptionnels. Le Dr Turgeon a cependant affirmé qu'une fois la maladie bien installée, le pronostic était très mauvais, même si quelques cas de survie ont été rapportés dans la littérature mondiale. «Même en l'an 2000, il n'y a pas de traitement efficace contre la rage», a-t-elle déploré.
En RealVideo: un reportage d'Armand Dubois