Dix ans après le sordide assassinat dune jeune étudiante à Saguenay, une autre des victimes du meurtrier brise le silence et se confie en exclusivité à TVA Nouvelles, avec lespoir daider à lui mettre la main au collet.
Le 28 avril 2000, Guylaine Potvin, 19 ans, connaît une fin atroce. Dans le sous-sol de sa résidence détudiants, situé à quelques minutes du cégep de Jonquière, elle est battue, violée et étranglée. Le meurtre ébranle toute la région, mais lassassin réussit à échapper aux policiers.
Il refait surface deux mois et demi plus tard, le 3 juillet, à Québec cette fois. Il sattaque une fois de plus à un sous-sol de résidence détudiants, cette fois sur la rue Chapdelaine, tout près de lUniversité Laval. Il inflige des sévices semblables à sa nouvelle victime, âgée de 20 ans, puis la laisse pour morte. Elle survit cependant à ses blessures.
Pour la jeune femme, qui préfère garder lanonymat, cest le début dune longue rédemption. «Cest difficile pour moi dexpliquer ce qui sest passé, a-t-elle confié à Jean-François Guérin, de TVA Nouvelles. Quelquun est rentré chez moi, est venu me rejoindre dans ma chambre à coucher, et il ma strangulé pendant que je dormais. Par la suite, cest très flou.»
Une fois son agresseur volatilisé, létudiante a elle-même contacté les autorités pour obtenir de laide médicale. Elle ne sen souvient toutefois pas. «Je nai aucune connaissance davoir fait lappel, a-t-elle raconté. Il y a un blackout entre le moment où je me suis fait réveillé par strangulation et les jours qui ont suivi.»
Une fois à lhôpital, elle doit subir une batterie de traitements et de tests en tout genre. «Ça a été un cheminement médical très dur, admet-elle. Je nai aucune notion de ce qui a pu arriver, mais jai dû subir toutes les conséquences.»
Si plusieurs victimes dagressions semblables souhaitent tout oublier, pour la jeune femme, cette absence de souvenirs est difficile à accepter. «Il me manque un grand pan important de ma vie», explique-t-elle.
«Jai été chanceuse»
Même si son agresseur court toujours, des tests dADN ont permis de conclure quil sagit du même homme que celui qui a tué Guylaine Potvin. Lorsquelle a appris ce fait, la deuxième victime de ce criminel a été soulagée. «Ma première réaction cétait, jai été chanceuse. Je men suis tiré, et cet homme na pas lhabitude de laisser ses victimes vivantes.»
Elle croit également que son agresseur pourrait faire dautres victimes. «Sil est capable de faire 2 crimes semblables en 2 mois, il est capable de recommencer», a-t-elle résumé.

Cest la Sûreté du Québec qui pilote cette enquête, en collaboration avec les policiers de Saguenay et Québec. Pour linstant, ils demandent la collaboration du public sur deux éléments: deux bijoux qui ont été dérobés aux victimes et qui nont jamais été retrouvés. Le meurtrier a en effet quitté les lieux de son premier crime avec la bague de finissante de Guylaine Potvin (photo de droite). Il a également volé un bracelet à la jeune femme de lUniversité Laval (photo du bas). Les citoyens qui reconnaîtraient ces bijoux sont invités à communiquer dès que possible avec les policiers au 1-800-659-4264.
Malgré les sévices quelle a subis, lancienne étudiante de lUniversité Laval refuse de se voir comme une victime. «Ce serait lui donner raison, a-t-elle justifié. Cet homme-là a manqué son crime. Je ne veux pas quil pense quil a réussi.»
Cest dailleurs pourquoi, après dix ans passés dans le silence, elle a choisi daccorder une entrevue à TVA Nouvelles. «Si je suis la seule qui est capable de lui faire comprendre quil a manqué son coup, quon le cherche et quon va le trouver, il faut que je le fasse.»

(TVA Nouvelles)
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