Le 22 février 1984, un jury a reconnu André Tremblay coupable du meurtre de Serge Fournier, mort dans la nuit du 2 au 3 juillet 1982 à Montréal, au terme dune soirée bien arrosée au cours de laquelle les deux individus ont fêté dans différents bars de la rue Saint-Denis.
Fournier a été retrouvé sans vie par des pompiers dans le logement dun autre homme qui les accompagnait ce soir-là, après que lappartement en question ait été incendié. Lautopsie révélera plus tard que la victime était inconsciente avant sa mort. Son corps affichait plusieurs blessures quil naurait pu sinfliger lui-même, selon lexpertise.
Durant le procès, présidé par le juge Jean-Guy Boilard de la Cour supérieure, la Couronne a fait entendre un certain Gilles Dégarie, qui a affirmé que laccusé lui a avoué son crime alors que les deux étaient détenus au pénitencier de Parthenais. Lindividu était déclaré coupable quelque temps plus tard. Pour ce qui est de Dégarie, il est aujourdhui décédé.
Tremblay a fait appel de sa sentence une première fois en 1987, mais la Cour la rejeté. Trois ans plus tard, ce fut au tour de la Cour suprême du Canada décarter la demande de laccusé, qui sest par la suite adressé au ministre de la Justice en 1992 afin dobtenir une révision de sa peine, en vain.
Lhomme est finalement demeuré détenu jusquen mars 2004, date à laquelle il a pu bénéficier dune libération conditionnelle. Mais voilà, en juillet 2005, le ministre de la Justice de lépoque, Irwin Cotler, a accepté de renvoyer le dossier de Tremblay devant la Cour dappel, en raison de la découverte de nouveaux éléments de preuve.
Parjure
Cette nouvelle preuve, cest une déclaration assermentée du témoin Dégarie, datant de 1988, dans laquelle il dit sêtre parjuré lors du procès dAndré Tremblay. Selon ses dires, il aurait agi ainsi à la demande des policiers à lépoque qui lui auraient promis une protection à lintérieur des murs de Parthenais.
Dans une décision rendue le 31 mai dernier, le plus haut tribunal du Québec a estimé que ces affirmations étaient suffisantes pour «affecter la fiabilité du verdict de 1984 » et démontrent « le risque quune erreur judiciaire se soit produite.»
Les juges Michel Robert, François Doyon et Jacques Dufresne écrivent également que le témoignage de Dégarie relativement aux supposés aveux de Tremblay «était facile à fabriquer puisquil était court et sans véritables détails sur les circonstances de la perpétration du crime.»
«Cependant, vu la nature de la preuve et les circonstances de lagression dont a été victime M. Fournier, la Cour estime que lacquittement nest pas une solution appropriée», poursuivent les magistrats.
Ainsi, 26 ans après avoir été déclaré coupable de laccusation la plus grave du Code criminel, André Tremblay devra subir un nouveau procès pour le même meurtre, mais cette fois sous une accusation dhomicide involontaire coupable.
(Agence QMI)