«Ma fille n'est pas un ange et je n'excuse pas le geste qu'elle a posé, c'est un geste de violence. Mais elle n'est quand même pas une criminelle», s'indigne la mère de famille, qui réside dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve.
Sa fille, que l'on ne peut pas identifier en vertu de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, a été expulsée de l'École secondaire Édouard-Montpetit, le 25 mars dernier. En entrevue au Journal, l'adolescente a reconnu avoir frappé son prof, Anicet Nahimana, avec une mince reliure cartonnée communément appelée «duo-tang », après s'être querellée avec lui parce qu'il refusait de lui changer de place.
La jeune fille a alors été chassée de la classe et n'y a plus jamais remis les pieds.
Elle a dû être transférée dans un autre établissement de la Commission scolaire de Montréal, l'École secondaire Louis-Riel, où elle n'avait que très peu d'amis. «J'étais d'accord avec cette sanction-là», confie sa mère. Mais le prof, lui, n'a pas voulu en rester là. Et il s'est rendu dans un poste de police pour porter plainte contre l'adolescente.
La semaine dernière, la jeune fille a reçu une sommation l'informant qu'elle était accusée de voies de fait armées à l'endroit de son ex-enseignant.
Elle doit se rendre au poste de police jeudi matin pour une prise de photos et d'empreintes digitales. Sa comparution devant un juge de la Chambre de la jeunesse a été fixée au 14 octobre.
«C'est illogique, lance sa mère. Il me semble que la punition qu'elle a reçue est déjà assez grande.»
Joint par le Journalde Montréal, le prof a défendu sa décision de porter plainte au criminel.
Un geste incompréhensible
Il estime que le geste de l'adolescente était inacceptable. «C'est incompréhensible, un élève qui pose un tel geste», lance Anicet Nahimana, Nahiprof un prof d'origine africaine qui a terminé ses études à l'Université de Sherbrooke en 2007.
M. Nahimana, qui ne travaille pas dans une école présentement, affirme qu'il «adorait» cette élève, «car elle était très intelligente».
«C'est au niveau du comportement que ça n'allait pas», dit-il.
«Avant qu'elle arrive dans ma classe, elle avait commis d'autres délits, avance l'enseignant. Quand on l'a ramenée dans ma classe, elle était en train de suivre un processus de réintégration et elle a recommencé à poser les mêmes gestes inacceptables.»
Anicet Nahimana reconnaît que ce coup de duo-tang «en carton» n'a pas été très douloureux. Il soutient cependant avoir été blessé «moralement».
«C'était important [que j'agisse ainsi] pour que cela arrête, insiste-t-il. Il faut que le jeune sache qu'il y a des conditions de travail qui doivent être paisibles et que le climat doit être sain en classe. Le dossier est entre les mains de la justice, ajoute-t-il. Toute conséquence qui pourrait être infligée [à l'adolescente] me satisfera.»
Mère furieuse
À quelques jours de la comparution de l'adolescente devant le tribunal, la mère de l'adolescente est furieuse.
La dame, qui a fait appel à une avocate de l'Aide juridique, déplore que la situation affecte sa fille en lui faisant craindre les conséquences d'un éventuel jugement.
Elle affirme avoir écrit à la Commission scolaire de Montréal pour éviter d'en arriver là, mais soutient que personne ne l'a rappelée.
(Journal de Montréal)