La Société des alcools du Québec (SAQ) affirme que la hausse des prix des vins est justifiée, mais un expert estime que le monopole d'État aurait pu épargner les consommateurs.
Rappelons que la société d'État prévoit, à partir de février prochain, d'indexer ses prix sur une base annuelle. La SAQ a fixé cette augmentation à 75 % du taux de variation de l'Indice des prix à la consommation.
Elle préserve ainsi sa marge de profit avant les taxes. Cette opération devrait lui rapporter 15 millions $ en 2011.
En entrevue à Argent, Isabelle Merizzi, porte-parole de la SAQ, a estimé que des efforts ont déjà été consentis afin de ne pas faire grimper la facture des amateurs de vin.
« Nous n'avons pas fait l'indexation depuis 2002. Nous avons fait [la mise à jour de] la majoration sur les spiritueux l'année dernière, mais pas sur les vins. Dans les dernières années, nous avons remarqué qu'il y avait un effritement de notre majoration parce que les prix des fournisseurs ont pu augmenter. Notre portion fixe n'a pas suivi », a-t-elle expliqué.
Frédéric Laurin, auteur du livre « Où sont les vins? », estime que les hausses de prix sont normales, mais que la SAQ a une marge de manoeuvre pour les éviter. Il estime que la marge s'élève de 113 à 145 %, selon le vin choisi. La SAQ, de son côté, établit plutôt cette marge à 52 %.
« C'est un monopole qui n'a pas de concurrence, a indiqué M. Laurin. Sa majoration est tellement grande qu'elle pourrait absorber [l'inflation]. Le consommateur paie déjà énormément. Ajouter quelques cents à une majoration de 7 $ sur une bouteille de 15 $, c'est un peu exagéré. »
Selon Isabelle Merizzi, cette marge permet à la SAQ de dénicher des vins dans 65 pays et de mettre une grande sélection de vins de qualité sur les tablettes.
Frédéric Laurin est en partie d'accord avec cet argument, mais il souligne qu'en moyenne, un Bourgogne coûte 75 % plus cher au Québec qu'en Belgique. « Les Québécois dépensent beaucoup d'argent pour le vin. Ils acceptent de payer plus cher pour avoir de bonnes bouteilles. »
L'auteur a quand même l'impression que le gouvernement pourrait effectuer des changements afin de mieux servir le public. « Ce que je propose, c'est d'abord la création d'un nouveau permis d'alcool pour laisser la place à de petites boutiques. Elles pourraient vendre de très bons vins que l'on ne trouve pas nécessairement à la SAQ. »
Mme Merizzi a tout de même l'impression que la société d'État fait preuve de retenue après des années de recul de ses marges. « Nous ne voulons pas retourner aux marges que nous avions dans le passé. Nous voulons maintenir [les marges actuelles]. »