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Coût du déneigement: des disparités étonnantes

(Agence QMI)

Agence QMI

Une étude menée par l'Agence QMI et l'économiste Paul Daniel Muller a révélé que c'est à Montréal que les contribuables paient le plus cher pour le déneigement d'un kilomètre de voie routière, parmi les neuf plus grandes villes du Québec.

L'écart entre la métropole et les autres municipalités de plus de 100 000 habitants est significatif. En 2008, année lors de laquelle plusieurs records de chutes de neige ont été battus un peu partout dans la province, la Ville a dépensé 23 470$ pour l'épandage d'abrasifs, le déneigement et le ramassage de la neige pour chaque kilomètre de voie.

C'est 37% de plus que pour la Ville de Québec, deuxième au palmarès, où les mêmes opérations ont coûté 17 015$. Pourtant, cette année-là, la Vieille Capitale a reçu plus de neige, soit 558 centimètres contre 373 centimètres à Montréal.

À Trois-Rivières, c'est encore moins cher à 9 119$, et à Sherbrooke, les travaux sont effectués pour 5 341$ par kilomètre de voie.

Les données utilisées proviennent des indicateurs de gestion fournis chaque année par toutes les villes au ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT).

Les coûts du déneigement au Québec

En plus des dépenses courantes pour payer les employés et le matériel, les chiffres comprennent l'amortissement, c'est-à-dire la perte de valeur des équipements que possèdent les municipalités, un peu comme la dépréciation sur une automobile.

Toutes proportions gardées et compte tenu des multiples responsabilités de la métropole, on constate par exemple que le déneigement coûte deux fois plus cher à Montréal qu'à Laval.

«Montréal est difficile à comparer à d'autres villes», a dit Yves Gravel, le nouveau directeur de l'unité de la propreté et du déneigement à Montréal.

Il rappelle que Montréal ne peut interdire le stationnement sur rue pendant la nuit, contrairement à ce qui se fait ailleurs, parce que les propriétaires d'automobiles n'auraient nulle part ailleurs où stationner.

«En conséquence, la ville procède à environ 5800 remorquages à chaque tempête, et le chargement de la neige se fait d'un côté de la rue à la fois, ce qui allonge les opérations », a-t-il expliqué.

Aussi, à cause du manque d'espace, seulement 10% de la neige peut être soufflée sur les terrains, ce qui nécessite des opérations de chargement par camions beaucoup plus coûteuses que dans d'autres villes.

À Montréal, chacun des 19 arrondissements doit déneiger son territoire. On estime que 50% du travail est fait par les cols bleus, et que l'autre 50% est exécuté par des entrepreneurs privés.

Mais d'autres villes ont dit économiser en confiant 100% de la tâche à leurs employés.

«Chez nous, ça coûte moins cher parce que tout est fait à l'interne. Nous ne donnons pas de contrats à des entrepreneurs », a dit Bill Steinberg, le maire de la petite municipalité de Hampstead, où chaque kilomètre de voie a coûté 17 499$ à déneiger en 2008.

Tout près, à Côte-St-Luc, Steven Erdelyi, conseiller municipal responsable du dossier des travaux publics, indique aussi que sa ville économise en confiant environ 70% de la tâche aux employés municipaux.

Yves Gravel n'est pas d'accord. «Je n'ai jamais vu d'étude qui déterminerait lequel est moins cher». D'ailleurs selon lui, le fait que la plupart des arrondissements de Montréal fassent appel aux entreprises privées favorise une certaine compétition qui pousse autant les entrepreneurs que les cols bleus à faire un meilleur travail. Et puis, « on ne veut pas avoir un couteau sous la gorge en cas de menace de grève des cols bleus», a tranché M. Gravel.

Entre 2008 et 2009, le nombre de kilomètres de voies routières à Montréal est passé de 6 141 à 9 141. Développement urbain fulgurant ? Non. La ville a plutôt revu sa manière de compter les kilomètres.

Les coûts de déneigement au kilomètre pour 2008 ont donc fondu, passant de 37 249$ à 23 470$.
Yves Gravel a assuré que ce nouveau chiffre est beaucoup plus réaliste, mais personne n'a pu nous expliquer pourquoi les calculs ont été refaits.

L'une des hypothèses veut que les fonctionnaires aient continué de transmettre au ministère les données utilisées avant l'épisode des fusions-défusions municipales du début des années 2000, sans les mettre à jour.