Alors que les producteurs de brut sont sans doute les plus grands gagnants de la flambée du prix du pétrole, le gouvernement du Québec profite lui aussi de chaque cent payé en plus par les automobilistes à la pompe.
C'est du moins l'opinion du professeur d'administration à l'Université Laval, Jean-Thomas Bernard, qui signale que même si la hausse du prix de l'essence fait rager les automobilistes de la province, les coffres de l'État en bénéficient.
Cela s'explique en partie par les taxes très élevées perçues par les deux paliers de gouvernement dans les stations-service.
Un tiers en taxes
Lorsqu'un automobiliste fait le plein, environ 33% de la facture va en taxes. De cette proportion, certaines taxes, comme la taxe d'accise fédérale et la taxe provinciale sur les carburants, sont fixes. Mais d'autres taxes, comme la TPS et la TVQ, sont variables et rapportent plus quand le prix de l'essence est élevé.
Selon des calculs effectués par Argent, lorsque l'essence coûte 1$ le litre, Québec prélève 2,4 G$ par année de la vente d'essence. À un prix de 1,34$ le litre, les recettes grimpent à 2,7 G$ pour le gouvernement.
«Même si le prix de l'essence augmente, la demande bouge très peu. On continue à consommer et l'effet est positif pour le gouvernement », explique M. Bernard.
M. Bernard signale que le gouvernement du Québec est aussi un important acheteur d'essence, lui qui doit chauffer des hôpitaux et faire rouler des véhicules, mais que cela ne suffit pas à infléchir la tendance générale.
«On consomme 400 000 barils de pétrole par jour au Québec, surtout pour le transport. La part du gouvernement n'est pas très grande dans ça», dit-il.
L'Alberta profite au Québec
M. Bernard ajoute que le Québec profite indirectement de la hausse du prix de pétrole, grâce à son appartenance à la fédération canadienne.
En raison de la péréquation, les provinces productrices de pétrole, comme l'Alberta et Terre-Neuve, doivent transférer une partie de leur richesse aux autres provinces. Or, le Québec est une province relativement pauvre dans l'ensemble canadien.
«La hausse du prix du pétrole entraîne un transfert plus important de richesse vers le Québec », explique M. Bernard.
En entrevue à Argent, le vice-président de l'Institut canadien des produits pétroliers, Carol Montreuil, a nié que les raffineurs et les détaillants soient de grands bénéficiaires de la hausse du prix du pétrole.
«Il y a des mouvements temporaires à la hausse et à la baisse sur les marges, mais si vous regardez la tendance sur plusieurs mois, les marges sont relativement stables et 2010 ne fait pas exception», a-t-il mentionné.
La croissance mondiale ralentie?
D'un point de vue plus macroéconomique, le chef de l'Agence internationale de l'énergie, Nobuo Tanaka, s'est toutefois inquiété de l'effet que pourrait avoir la hausse sur la croissance économique mondiale, en particulier pour les pays émergents.