Une Montréalaise lance un appel à l'aide après que son fils, un autiste âgé de 23 ans, ait été emprisonné sans ses médicaments et au péril de sa sécurité, une situation qui a été dénoncée par des avocats et le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec.
«Je suis désespérée», a confié la dame en question, Mirela Chiochiu, en entrevue à TVA Nouvelles. La mère de famille tente de comprendre pourquoi son fils, Bogdan, a été incarcéré quatre jours dans la prison de Rivière-des-Prairies alors qu'il est atteint du syndrome d'Asperger, en plus d'être bipolaire.
À l'automne 2010, la cour avait ordonné que Bogdan soit traité au département de psychiatrie de l'Hôpital général du Lakeshore, après qu'il eut proféré des menaces de mort contre des policiers et d'autres individus.

Mirela Chiochiu tente de comprendre pourquoi son fils, autiste, a été emprisonné. (Crédit photo: TVA Nouvelles)
Or, le 30 mars dernier, une infirmière a porté plainte à la police contre Bogdan, l'accusant de l'avoir frappée, ce qui a mené à l'arrestation du jeune homme au centre hospitalier.
À ce jour, Mme Chiochiu ne possède toujours aucun détail sur cette présumée agression. «Je ne peux pas vous dire comment il l'a frappée, a précisé la dame. Ni l'hôpital, ni la police ne m'ont contactée.»
Autre fait troublant, malgré sa condition médicale, Bogdan a rapidement comparu devant un juge sans que sa famille ne soit mise au courant. Il a par la suite été transporté en prison sans aucun médicament.
«Il nous a appelés après deux jours pour nous dire qu'il n'a pas eu de médicaments. L'hôpital n'a pas voulu transférer les médicaments», a raconté la mère.
Lors de son séjour derrière les barreaux, le jeune autiste a été rué de coups par un codétenu en raison de son comportement anxieux.
«Il était toujours anxieux dans la prison. Il s'est mis à chanter. Un autre détenu l'a battu. Il a été isolé quand on sait que c'est la pire chose à faire à un autiste», a poursuivi Mme Chiochiu.
«Une aberration»
Le Syndicat des agents de la paix en services correctionnels du Québec est aux prises avec de nombreux cas semblables à celui vécu par Mme Chiochiu et son fils, qu'il a qualifié d'«aberration».
Selon le président, Stéphane Lemaire, en n'ayant pas accès au dossier médical des détenus atteints de troubles psychiatriques, les agents de la paix ne peuvent pas évaluer leur condition médicale et ainsi assurer leur sécurité.
Me Jean-Pierre Ménard, un avocat spécialisé en droit criminel, est du même avis. «On expose ces malades à de grands risques en prison. On a déjà eu deux décès dans le passé.»
En effet, en 2002, TVA Nouvelles dévoilait qu'un jeune schizophrène de 33 ans, Brian Bédard, était décédé à la prison de Rivière-des-Prairies après avoir été maîtrisé par cinq agents correctionnels.
Justin Scott-St-Aubin, 25 ans, avait connu le même sort en 2007.
Attaché et menotté
Bogdan a été transféré mardi de la prison de Rivière-des-Prairies à l'institut Philippe-Pinel de Montréal. Sa mère craint toutefois qu'il ne reçoive pas les soins appropriés.
Le transfert de la prison aurait notamment été mouvementé. La dame, qui affirme que son fils aurait alors été attaché, demande de l'aide, qu'elle ne semble toutefois pas recevoir du gouvernement du Québec.
Ses lettres au ministre de la Santé Yves Bolduc n'ont donné aucun résultat jusqu'à maintenant.