Près de 40% des contribuables au Québec ne paient pas d'impôt provincial, mais les 20% des Québécois les plus riches, eux, paient 70% de l'impôt total perçu.
«Au Québec, nous avons une fiscalité très progressive. Les riches paient plus d'impôt qu'ailleurs et les démunis en paient moins», a expliqué Mario Fortin, économiste à l'Université de Sherbrooke.
Près de six millions de Québécois ont produit une déclaration de revenus en 2008, selon les chiffres les plus récents des ministères des Finances et du Revenu. De ce nombre, 39,6% n'étaient pas imposables, ce qui représente une hausse de 2,3 points de pourcentage par rapport à 2007.
«Il est très probable que cette hausse soit liée partiellement à la crise. Toutefois, la récession n'a débuté qu'à la fin 2008. L'augmentation ne peut donc être tout attribuable à cette dernière», a précisé Mario Fortin.
Plus de 95% des contribuables ayant un revenu de moins de 10 000$ n'ont pas payé d'impôt en 2008. Parmi ceux qui gagnent entre 10 000$ et 20 000$ par an, 71% n'ont rien versé au fisc. Ce chiffre chute sous la barre des 1% pour les contribuables ayant plus de 50 000$ de revenu.
Alors que les 60% des contribuables gagnant en dessous de 33 000$ par année payaient 8,85% de l'impôt total en 2008, les 20% de la population gagnant entre 33 000$ et 52 000$ annuellement payaient plus de 21% de l'impôt total.
Aux États-Unis, 45% des ménages n'ont pas eu d'impôt fédéral à payer en 2010.
Les Québécois riches ont été, quant à eux, plus sollicités par le fisc. La tranche des 20% supérieurs, les contribuables qui gagnent plus de 52 000$ par année, ont en effet payé 69,92% de l'impôt total.
«Dans la Belle Province, les citoyens ont fait des choix de société, dont celui d'imposer davantage ceux qui gagnent davantage d'argent», a rappelé Mario Fortin.
Toutefois, il serait faux de croire que la tranche de la population qui ne paie pas d'impôt n'envoie pas d'argent au gouvernement, a-t-il souligné. «Ils doivent payer les taxes à la consommation, les impôts fonciers, les taxes scolaires et les taxes municipales, par exemple.»
Le taux d'emploi, c'est-à-dire la proportion des gens en âge de travailler qui ont un emploi, se situe présentement à environ 60% au Québec, comparativement à près de 62% au Canada et à 70% au Royaume-Uni.
Le chômage, bien que relativement bas durant la crise économique, est aussi traditionnellement plus élevé au Québec qu'ailleurs au Canada.
«L'écart rétrécit depuis des décennies, entre autres à cause de l'éducation, qui se démocratise, et des femmes, qui entrent sur le marché du travail», a expliqué Mario Fortin.
Mais avec le vieillissement de la population, l'écart entre les taux d'emploi Québécois et Canadien devrait se creuser de nouveau, prévient l'économiste.