Le Groupe TVA trouve incompréhensible la décision des télédistributeurs Bell Télé et Cogeco de ne pas proposer la chaîne TVA Sports à leurs abonnés.
«Ils prennent les téléspectateurs québécois en otage», affirme Pierre Dion, président et chef de la direction de Groupe TVA, qui ne s'est pas gêné pour accuser les deux distributeurs.
Dans une rare sortie publique, M. Dion a souhaité mettre en lumière la situation qui prévaut actuellement entre TVA Sports et les deux télédistributeurs.
En premier lieu, le président se félicite des nombreux commentaires positifs reçus par la chaîne sportive depuis son lancement, le 12 septembre dernier, ainsi que des ententes avec près de 25 distributeurs, dont Vidéotron et Shaw Direct.
Pris en otage
Mais avec Bell Télé et Cogeco, c'est toujours l'impasse. «Bell Télé a carrément choisi de faire comme si TVA Sports n'existait pas, déplore-t-il. Sans doute que sa direction dira que sa décision n'a rien à voir avec le fait qu'elle possède RDS. Bell prend toutes ses décisions majeures à Toronto et je trouve scandaleux qu'elle prenne ses téléspectateurs québécois francophones en otage. Il est clair que les intérêts commerciaux de Bell priment sur les attentes des téléspectateurs.»
Ce n'est pas la première fois que Bell Télé refuse de distribuer une chaîne spécialisée du groupe TVA. En fait, le télédistributeur refuse systématiquement d'offrir également Yoopa, Mlle et Sun News.
«Non seulement Bell méprise les téléspectateurs québécois, mais elle est aussi terrorisée par la concurrence, dit M. Dion. Il est primordial pour les téléspectateurs québécois d'avoir une saine concurrence dans le monde du sport. Le monopole de RDS dure depuis trop longtemps. Ne laissons pas Bell protéger ce monopole au détriment des téléspectateurs.»
Dans le cas de Cogeco, il semblerait que les deux entreprises ne soient pas capables de s'entendre sur les forfaits offerts aux clients. «Nous souhaitons que les clients de Cogeco puissent avoir TVA Sports dans les meilleures conditions possible.»
Le plus important investissement
Sans pouvoir dire combien de millions ont été investis dans le lancement de TVA Sports («ces informations-là demeurent confidentielles, car TVA est une société publique et nos actions sont cotées en Bourse»), Pierre Dion mentionne qu'il s'agit du plus important investissement pour un lancement de chaîne spécialisée privée dans toute l'histoire du paysage télévisuel québécois.
Le président regrette que les deux télédistributeurs ne reconnaissent pas ces importants investissements et qu'ils proposent plutôt des chaînes américaines dans leurs forfaits, «que pratiquement personne n'écoute».
Présentement, ce seraient plus de trois quarts de million de téléspectateurs qui sont privés de TVA Sports. «Ne laissons pas Bell et Cogeco fermer le marché au Québec», conclut M. Dion.
Des milliers de plaintes
La décision de Bell Télé et de Cogeco de ne pas distribuer TVA Sports semble déjà faire des mécontents chez les téléspectateurs après seulement une semaine de mise en ondes de la chaîne sportive.
«J'ai eu la confirmation qu'il y a eu des milliers d'appels qui ont été faits aux distributeurs», indique Pierre Dion.
Les centres d'appels de Bell et de Cogeco seraient débordés depuis quel¬ques jours. « Nous avons appris que les téléphonistes avaient reçu tellement d'appels que ce n'était pratiquement pas gérable », ajoute le président et chef de la direction de Groupe TVA.
«Les téléphonistes répondent toutes sortes de choses différentes. Il y en a même qui disent que TVA Sports est exclusif à Vidéotron. C'est totalement faux. La preuve est que nous avons signé avec 25 distributeurs au Québec.»
Continuer d'appeler
Pour espérer régler la situation, Pierre Dion invite la population à continuer de faire entendre son mécontentement. «C'est le consommateur qui doit avoir raison, en fin de compte.»
À quel niveau se situe l'optimisme de Pierre Dion de voir la situation se régler?
«Là où je suis encouragé, c'est en voyant l'accueil que les gens ont réservé à la venue de TVA Sports. Nous avons passé un été qui a demandé énormément de travail, mais qui a aussi été vraiment valorisant. J'ai fait beaucoup d'événements sportifs cet été et les gens nous disaient tous à quel point ils étaient contents de voir un concurrent à RDS. TVA Sports, c'est un processus continu. On a des améliorations à faire et on y travaille tous les jours. Mais la réaction des téléspectateurs nous encourage.»