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Un plan de 17 M$ qui ne donne rien?

Enseignants agressés

Alors que les agressions contre les enseignants se multiplient, la colère gronde à l'endroit du ministère de l'Éducation dont le plan de lutte à la violence dans les écoles est perçu comme une « coquille vide » par les directions d'école et même par un chercheur qui a participé à sa mise en place.

«On n'est pas beaucoup appuyé, déplore Sylvain Cloutier, directeur de l'école secondaire Fernand-Lefebvre, située à Sorel-Tracy. Le ministère nous a imposé un plan qui est lourd à gérer et l'argent n'est jamais arrivé. Pourtant, la violence est très présente dans nos écoles. On a même vu des cas de suicides reliés à l'intimidation.»

Tout comme d'autres directeurs d'école rencontrés par le Journal, M. Cloutier se dit ouvertement «déçu» par le plan d'action pour prévenir et traiter la violence à l'école, lancé en grande pompe par le ministère de l'Éducation, en 2008, au coût de 17 M$.

Hier, le Journal faisait état de statistiques troublantes sur la violence dans nos écoles.

Or, les directions d'école et les enseignants sont nombreux à se plaindre de « l'inaction » du gouvernement dans ce domaine.

Le ministère «laxiste»

«On déplore vraiment le laxisme qui existe autour de la question de la violence. Trois ans après son lancement, on peut vraiment dire que le plan du gouvernement était pavé de bonnes intentions, mais c'est une coquille vide», dénonce Réjean Parent, président de la Centrale des syndicats du Québec ( CSQ).

«Nous avons demandé à la ministre actuelle, Line Beauchamp, de bonifier ce plan, car les besoins sont énormes sur le terrain. Mais pour parodier une bande dessinée: SOS ! Québec ne répond plus.»

Même si les chercheurs dans le domaine de l'éducation ne sont pas en mesure de déterminer si la violence augmente ou non dans les institutions scolaires, plusieurs déplorent également le «manque de vision» de Québec.

François Bowen, professeur à l'Université de Montréal et membre du Groupe de recherche sur les environnements scolaires, a collaboré à un rapport commandé par le ministère de l'Éducation, en 2008, lors du lancement de la politique contre la violence.

Aujourd'hui, il dresse un portrait plutôt mitigé des efforts faits par Québec pour contrer la violence en milieu scolaire.

«Ça prend des actions beaucoup plus ciblées, dit-il. Là, on applique le même mode de fonctionnement partout, sans tenir compte du fait que la réalité de Québec peut être différente de celle de Sherbrooke, par exemple.»

«Il y a des actions effectuées par les commissions scolaires, mais ce n'est pas systématique. Comme chercheurs, on souhaiterait que ça soit le cas pour avoir une meilleure vue d'ensemble de la situation. D'ailleurs, ça préoccupe beaucoup les gens des commissions scolaires.»

Pendant ce temps, les enseignants, eux, se sentent «abandonnés» lorsqu'ils sont victimes de violence, et ont peu de ressources à leur disposition.

Une enseignante de la région de Granby, qui s'est ouverte au Journal sur le harcèlement qu'elle a subi pendant des mois de la part d'un élève, résume la situation ainsi: «actuellement, le seul moyen de faire avancer les choses est de porter plainte à la police. Combien de temps pourrons-nous tenir ainsi? Nous avons besoin d'aide.»

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