On s'en doute, il y a encore beaucoup de réactions à l'annonce de la création d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction.
TVA Nouvelles a rencontré l'entrepreneur en maçonnerie Paul Sauvé, président de L.M. Sauvé, qui n'est pas fermé à l'idée de venir témoigner publiquement tout en précisant qu'il en déjà beaucoup dit dans les médias.
Un entrepreneur qui n'a pas froid aux yeux
À maintes reprises dans le passé, Paul Sauvé a critiqué la présence de la mafia et du crime organisé dans l'industrie de la construction.
Il croit que le problème repose surtout sur le fait que ce sont toujours les mêmes entrepreneurs qui obtiennent les contrats publics.
Monsieur Sauvé ajoute que le gouvernement du Québec est en partie responsable de ce problème d'ordre structurel.
Toujours selon l'entrepreneur, la main-d'oeuvre au Québec coûte très cher comparativement aux autres provinces. Alors comme entrepreneur, vous devez avoir les reins solides pour assumer les coûts reliés à cette main-d'oeuvre.
«Le réel problème, c'est que ça coûte 80$ de l'heure planter un clou au Québec alors que dans le reste des provinces canadiennes et aux États-Unis, ça en coûte une fraction du prix. Si on n'est pas prêt à regarder la Loi R-20 et ses côtés négatifs, comment voulez-vous que les entrepreneurs compétitionnent. L'industrie de la construction au Québec est «desingnée» sur mesure pour ne pas être compétitive.»
Par ailleurs, nous avons questionné Paul Sauvé sur l'enquête de la Sûreté du Québec sur la possible infiltration de la mafia, au chantier de l'hôtel de ville de Montréal.
Monsieur Sauvé dit n'avoir jamais été interrogé à ce sujet. Il dit ignorer si le dossier a progressé depuis qu'il a fait état de la situation dans les médias.
Le réseau des ingénieurs réagit
Le Réseau des ingénieurs du Québec est amèrement déçu de la formule de la commission d'enquête annoncée par le gouvernement du Québec.
«La commission Charbonneau apparaît vide de sens et ne sanctionnera aucune pomme pourrie», déclare Yves Lavoie, ingénieur et président du Réseau des ingénieurs du Québec.
Il croit que la réputation des ingénieurs a été gravement entachée par les allégations exprimées dans la place publique. La commission publique, qu'il réclame depuis longtemps, n'aidera pas à rétablir les faits, estime-t-il.
«La grande majorité des ingénieurs demande depuis deux ans la tenue d'une commission d'enquête publique en bonne et due forme. La formule proposée a l'air d'être une invention boiteuse du gouvernement, et il nous semble qu'un mécanisme d'enquête plus contraignant et aux pouvoirs plus étendus aurait dû être mis en place», affirme M. Lavoie.
Il rappelle que le réseau a été parmi les premiers à vouloir «qu'un véritable ménage soit fait.»
«Pourquoi ne pas utiliser un cadre réglementaire qui a déjà fait ses preuves, celui de la loi sur la commission d'enquête publique, au lieu de mettre en place cette solution molle et insuffisante?», demande M. Lavoie.
Selon un sondage d'opinion mené par le Réseau des ingénieurs en 2009 auprès de ses membres, deux ingénieurs sur trois croyaient qu'une commission d'enquête publique permettrait de renouer avec la confiance du public.
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