EXCLUSIF - Jean Brault, témoin vedette de la commission Gomery, croit que plusieurs acteurs clefs du dossier de la construction vont refuser de témoigner devant la commission Charbonneau.
Dans une entrevue exclusive avec Paul Larocque, il met en doute la raison invoquée par Québec pour refuser d'accorder à la commission Charbonneau le pouvoir de forcer des gens à témoigner.
M. Brault fait partie de ceux qui espéraient qu'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction serait mise sur pied à Québec. Mais comme plusieurs, il se questionne aujourd'hui sur le peu de moyens de la commission Charbonneau et sur la décision du gouvernement de priver la commissaire du pouvoir de contraindre quelqu'un à comparaître.
«Je pense qu'il y en a qui vont s'échapper de cette contrainte-là en ne se rappelant plus ou en n'ayant rien à dire», prévient M. Brault. Et d'après lui, ils seront nombreux à décliner l'invitation à se présenter devant la commission.
L'exemple Gomery
Jean Charest explique sa décision de limiter les pouvoirs de la commission par la volonté de ne pas nuire aux enquêtes policières que mène actuellement l'Unité permanente anti-corruption (UPAC).
Mais pendant la commission Gomery sur le scandale des commandites, Jean Brault rappelle que des dispositions avaient justement été prises pour éviter ces inconvénients aux enquêteurs et pour ne pas contaminer les preuves éventuelles.
«Une mise en garde avait été donnée par le commissaire Gomery aux avocats qui nous interrogeaient pour ne pas aller sur les fameux trois contrats», un dossier litigieux soumis à une enquête menée par la GRC. Selon Jean Brault, il y aurait eu moyen de reproduire un mécanisme semblable à Québec.
Après avoir comparu devant le commissaire Gomery, Jean Brault en a subi les conséquences : il a dû purger une peine de 30 mois. Cela fera d'ailleurs bientôt 5 ans qu'il est sorti de prison.
Malgré tout, il ne regrette rien. «Je pense qu'il est important de sortir ce qu'il y a à sortir, et de vivre avec nos paroles. Le temps m'a montré que les gens dans la population ont apprécié la franchise», conclut l'homme.
