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Dans la peau d'un itinérant

Saguenay

Pendant une journée, le Directeur des Affaires publiques de l'Université du Québec à Chicoutimi, Jean Wauthier s'est mis dans la peau d'un itinérant.

Jean Wauthier a accepté l'invitation de l'émission Question de répondre, présentée à VOX, de participer à cette expérience afin de révéler l'existence de deux réalités dans les rues du centre-ville de Chicoutimi.

Déguisé, M. Wauthier avait trois micros et une caméra cachée sur lui. Les caméras de TVA Nouvelles l'ont également suivi avec une caméra dans un véhicule et une autre placée à distance.

Jean Wauthier (Photo: TVA Nouvelles)

«J'ai la chienne», a admis M. Wauthier au début de la journée. «Quand je me suis levé ce matin, je me suis dit, dans quoi je me suis embarqué», ajoute-t-il. Il craignait notamment de rencontrer une personne qu'il connaissait qui serait en fait un vrai sans-abri.

Pour l'expérience, il a choisi comme pseudonyme Gérard Côté, racontant qu'il est un sans-abri arrivé de Montréal au Saguenay.

Invisible aux passants

En matinée, pendant 90 minutes, il a abordé des passants sur la rue Racine à Chicoutimi pour quêter de l'argent, prétextant avoir besoin de manger.

Rapidement, il a constaté l'indifférence des passants. «Vous n'avez pas de monnaie, madame?» a demandé M. Wauthier aux piétons. La majorité a continué sans broncher, ne lui répondant pas. Seulement quelques personnes se sont excusées de n'avoir rien à lui donner.

Photo: TVA Nouvelles

«Je vous avoue que c'est humiliant», a dit Jean Wauthier, assis sur le trottoir. «D'avoir à quémander pour acheter son repas, c'est assez humiliant».

Certains passants lui ont donné de l'argent, mais en lui posant plusieurs questions. «Tu vas aller manger avec ça?», a demandé un homme. «Vas pas te chercher une pinte de vin avec ça là!».

D'autres n'ont pas hésité à lui expliquer le trajet pour rejoindre la Soupe populaire.

Après une heure, «Gérard» a réussi à obtenir le dollar nécessaire pour lui permettre de s'offrir un repas à la Soupe populaire de Chicoutimi.

Le regard de l'autre, l'indifférence touche particulièrement M. Wauthier. «Les gens essaient de t'éviter, t'es moins que rien.»

Un repas à la Soupe populaire

À la Soupe populaire, le ton a changé. L'itinérant d'un jour a été vite accueilli par la clientèle. «Un écu? Voilà monsieur et bon appétit», lui a lancé le responsable à l'entrée.

Durant le repas, la caméra cachée a capté la générosité des autres. «Ce repas nous fait réfléchir sur nos valeurs», lance Jean Wauthier, interrogé quelques minutes plus tard dans la rue. «C'est gens là m'ont aidé. Ils savaient que je venais de Montréal et ils mont aider. Ils ont même trouvé quelqu'un pour venir me reconduire à la Maison de sans-abri! C'est incroyable. Il y a là, des leçons à tirer de ces gens-là !»

Photo: TVA Nouvelles

Se sentir humilié

À 13h30, retour dans la rue, retour dans l'indifférence. Jean Wauthier quête à nouveau, cette fois devant l'Hôtel de Ville de Saguenay. Un groupe de trois hommes, pris de remords, passe tout droit, mais revient déposer 2$.

Mais, après une autre heure à mendier, Jean Wauthier est découragé. «Je suis à bout, vraiment à bout. Je ne suis plus capable de me faire regarder avec dédain. Je ne suis pas un sans abris, mais on sent le regard des gens et ce regard, il fait mal.»

Pendant cinq heures, Jean Wauthier n'aura amassé que 7,75$. Mais, l'expérience a grandement fait réfléchir Jean Wauthier.

«Je vous assure que c'est inhumain ce que vivent ces gens-là. C'est vraiment inhumain. Ça fait peur, surtout que des gens qui avaient pourtant un bon emploi se sont retrouvés dans cette situation par toute sorte de circonstances...C'est vraiment inhumain...»

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