Raynald Desjardins, accusé du meurtre de Salvatore Montagna, a-t-il été sauvé par les policiers lorsqu'il a été arrêté? C'est ce que laissent croire certaines informations obtenues par TVA Nouvelles.
Raynald Desjardins était de retour devant le tribunal, aujourd'hui. Son avocat ainsi que les avocats des coaccusés dans cette affaire tentent d'avoir accès à l'ensemble de la preuve accumulée par les enquêteurs.
Selon ce qui a été possible d'apprendre, un «contrat» a été mis sur la tête de Desjardins, qui devait être abattu assez rapidement après le meurtre de Montagna, le 24 novembre.En fait, c'est la famille Bonanno, de la mafia new-yorkaise, qui s'intéressait à M. Desjardins. Rappelons que Raynald Desjardins, avant d'être expulsé des États-Unis, a déjà été parrain par intérim de la famille Bonanno, la mafia new-yorkaise.
Raynald Desjardins lors de sa première comparution, le 21 décembre 2011 (Agence QMI)
Or, l'ex-bras droit de Vito Rizzuto a été arrêté le 20 décembre dernier relativement à cette affaire, ce qui l'a aussitôt mis à l'abri d'un possible attentat contre sa personne.
La première comparution de Raynald Desjardins a d'ailleurs été marquée par un impressionnant dispositif de sécurité. Des agents en civil du Groupe tactique d'intervention de la Sûreté du Québec (SQ), vêtus de vestes pare-balles, étaient du convoi et plusieurs policiers montaient la garde dans les corridors et dans la salle d'audience du palais de justice de Joliette.
Desjardins avait aussi été victime d'une tentative d'assassinat le 16 septembre dernier, à Laval. Une fusillade avait éclaté alors qu'il circulait avec son garde du corps, boulevard Lévesque, près de l'autoroute 25. Il s'en était finalement tiré indemne.
Tentative d'assassinat contre Raynald Desjardins, à Laval (Agence QMI)
Trahi par son BlackBerry
Par ailleurs, il a été possible d'apprendre que Raynald Desjardins aurait notamment été trahi par son téléphone intelligent BlackBerry. Les messages qui se seraient envoyés au moment où le meurtre aurait été commis ont été captés par les policiers et déposés en preuve. Des sources nous ont également indiqué que des PINS tout aussi incriminants auraient également été envoyés juste après le meurtre de Salvatore Montagna.
Les policiers auraient réussi à intercepter des messages PIN, un service de messagerie cryptée qui fait la renommée de Research In Motion (RIM), le fabricant du BlackBerry. On ignore toutefois la façon dont ils y sont parvenus. RIM a-t-il collaboré avec les policiers? La police a-t-elle trouvé un moyen de pirater la messagerie? Impossible de le savoir.
Selon les avocats, il s'agirait de la première fois que les policiers utilisent des messages Blackberry dans une accusation de meurtre. La défense veut savoir comment la police a décodé les messages des accusés.
«Tout le monde a été étonné de voir qu'ils ont réussi à percer ça. À ma connaissance, ça ne se faisait pas. Peut-être qu'il y a une nouvelle technologie», a déclaré Me Marc Olivier, l'avocat des deux accusés. «Le FBI n'est pas capable de le faire. Je serais supris que la GRC ait été capable. Mais peut-être que la GRC et le FBI ont progressé ensemble.»
Meurtre de Salvatore Montagna, à Charlemagne (Agence QMI)
Les avocats veulent maintenant savoir si les policiers avaient le droit de décoder ces messages et de quelle façon ils ont obtenu ces messagse ultra-confidentiels.
«La question est surtout de savoir si le juge en avait assez (de preuves) quand il a autorisé telle ou telle chose. Si oui, de quelle façon il l'a permis et est-ce que les policiers ont suivi cette procédure?» se questionne Me Olivier.
Interrogé sur la réaction de ses clients sur cette avancée technologique de la police, l'avocat a dit qu'ils n'ont pas eu de réaction, «car ils prétendent que ce n'est pas eux», a-t-il dit.
Bras de fer
Lors du retour en cour de Desjardins et ses présumés complices jeudi au Palais de justice de Joliette, les avocats de la défense, Me Claude Olivier en tête, ont exigé copies des mandats de perquisition, des mandats d'écoute électronique, et de l'écoute électronique dans son ensemble.
La Couronne a accepté de remettre des documents caviardés pour la première demande, mais s'est vigoureusement opposée aux deux autres requêtes.
L'écoute électronique comprend également les PINS interceptés et décryptés, et la défense promet un débat «particulier».
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