Environ 300 amateurs de hockey et défenseurs du fait français au Québec se sont rassemblés devant l'entrée du Centre Bell, samedi soir, au centre-ville de Montréal, afin de manifester contre l'embauche par les Canadiens d'un entraîneur unilingue anglophone, Randy Cunneyworth.
Invités à manifester par le Mouvement Québec français (MQF) et le Mouvement Montréal français (MMF), les participants ont tout d'abord occupé le trottoir à droite de l'entrée principale de l'édifice, mais leur nombre grossissant a fait en sorte que la police de Montréal a dû momentanément fermer la rue De La Gauchetière à la circulation.

«Je pense qu'il y a des gens qui commencent en avoir assez, a déclaré le comédien Denis Trudel, porte-parole du MMF, à propos du nombre de manifestants. On a eu un automne assez difficile linguistiquement : la Caisse de dépôt, le vérificateur général, le juge unilingue à la Cour suprême. Toutes des petites claques sur la gueule. On a une langue à défendre, elle est dans une position fragile.»
Le tout s'est déroulé de façon très pacifique. Plusieurs manifestants ont distribué des drapeaux du Québec aux passants et aux personnes qui entraient dans le Centre Bell.
Certains tenaient des pancartes, d'autres, des porte-voix, tout en criant des slogans. Nombreux étaient ceux qui estiment que l'organisation des Canadiens de Montréal dépasse le statut de simple entreprise commerciale au Québec et qu'elle a manqué de respect envers son public.

«C'est une insulte, a déclaré l'un d'eux, Patrick Diotte. C'est important de se réveiller, de prendre les choses en main et on n'a pas 36 000 options. On peut aller distribuer des drapeaux aux partisans et espérer conscientiser les gens sur le fait qu'à Montréal, la situation du français, c'est grave.»
«Il faut se mobiliser, a expliqué Mario Beaulieu, président du MQF. Il faut mettre de la pression sur des institutions comme les Canadiens de Montréal. Ça ne doit pas devenir des facteurs d'anglicisation au Québec.»
Le président du MQF a soutenu que tant la langue que la compétence doivent être considérées lorsque le moment vient de nommer un nouvel entraîneur pour le Tricolore.
«La langue, ça fait partie de la compétence», a soutenu Mario Beaulieu, tout en ajoutant qu'il y a des entraîneurs francophones québécois «très compétents».
«C'est le début d'une série d'actions et de gestes jusqu'à ce que les frères Molson comprennent, a indiqué Gilles Rhéaume, de la Ligue québécoise contre la francophobie canadienne. Ça fait 230 ans que cette famille fait fortune au Québec et actuellement, ils font preuve d'une arrogance jamais vue.»
Le comédien Emmanuel Bilodeau était également présent. «Le Canadien de Montréal est une entreprise commerciale, je veux bien, mais il y a des dimensions plus grandes que ça, a-t-il expliqué. Le Québec entier se reconnaît dans cette équipe sportive et je pense que la discrimination positive envers les francophones devrait y être pratiquée.»
«Pour les spectateurs qui devaient assister au match entre les Canadiens et le Lightning de Tampa Bay, cette manifestation détonnait dans le décor habituel.
«La nationalité, le langage qu'il [l'entraîneur] parle, on s'en fout, a déclaré Benoit. C'est une organisation sportive, ils sont là pour gagner. Cette manifestation-là, c'est un peu trop.»
D'autres étaient plus sympathiques à la cause des manifestants.
«C'est correct, a affirmé Gaétan. En autant que ça reste pacifique. Dernièrement, il y a eu beaucoup d'anglophones nommés pour gérer des entreprises ou sociétés québécoises. Il faut protéger notre culture.»
Cette manifestation survient un peu moins d'un mois après le congédiement du précédent entraîneur des Canadiens, Jacques Martin, qui est bilingue, en raison des insuccès de l'équipe.
Le directeur général, Pierre Gauthier, a décidé de le remplacer par Cunneyworth sur une base intérimaire en mentionnant, durant l'annonce, que ce dernier pourrait apprendre le français. Le prochain entraîneur, selon Gauthier, sera nommé après la saison.
Cette décision a cependant irrité un grand nombre d'observateurs et partisans dans les jours suivants, forçant le propriétaire de l'équipe, Geoff Molson, à publier un communiqué dans lequel il explique que «la capacité de l'entraîneur-chef à s'exprimer en français de même qu'en anglais sera un facteur très important dans le choix d'un candidat».
Depuis l'entrée en fonction de Randy Cunneyworth, l'équipe avait remporté deux victoires en huit matchs avant la victoire de samedi face au Lightning de Tampa Bay.