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Familles à bout de souffle

Endettement

Dans un rapport spécial rendu public hier, la Banque du Canada sonne l'alarme : les familles sont prises à la gorge, criblées de dettes ou au bord de la faillite, au point où leur situation menace le système financier et même l'ensemble de l'économie canadienne.

Le rapport, intitulé Situation financière des ménages et stabilité financière, note que le niveau d'endettement des ménages canadiens représente 150% de leur revenu disponible. Un net recul par rapport à 1999, alors qu'on parlait de 110%.

«Chaque année depuis 2000, quelque 100 000 Canadiens engagent des procédures d'insolvabilité. C'est trois fois plus qu'en 1980. Dans la majorité des cas, ces procédures débouchent sur la faillite», peut-on lire dans le document.

Pas surprenant

Des chiffres qui n'étonnent pas Isabel Thibault, de l'Association coopérative d'économie familiale (ACEF) Sud- Ouest, à Montréal. La consultante budgétaire rencontre chaque jour des gens en détresse.

«Ils ne voient pas venir les problèmes jusqu'au moment où la situation devient dramatique», dit-elle.

«Tous les mois, s'il y a un manque à gagner, on comble avec du crédit, ajoute Pierre Fortin, syndic de faillite. Mais, ça s'accumule de mois en mois. Si on rajoute les intérêts, c'est ce qui fait que les gens doivent, à un moment, faire faillite. Les dettes se sont bâties tranquillement pas vite et les gens s'enfoncent.»

Cette vulnérabilité menace même «la stabilité financière au pays», ajoute le rapport de la Banque du Canada.

«Plus les gens vont se sentir égorgés, moins ils vont pouvoir garder le même train de vie. C'est ça qui ralentit l'économie», explique Pierre Fortin.

Aux États-Unis, c'est ce qui a mené à une crise immobilière qui se fait toujours sentir.

Si le marché du logement au Canada n'a pas connu les mêmes excès, «un endettement élevé des ménages pourrait avoir des retombées négatives substantielles», souligne le document.

Trop facile d'emprunter

«Il est beaucoup trop facile d'emprunter», déplore Isabel Thibault. Encore là, les statistiques semblent lui donner raison.

En 1999, les 31 à 35 ans avaient une dette totale d'environ 75 000 $. En 2010, elle est passée à environ 120 000 $. Les jeunes en particulier semblent pressés d'acheter des biens.

Des chiffres qui donnent le vertige

«Justement, un grand nombre de consommateurs sont allergiques aux chiffres. C'est pourquoi ils ne voient pas venir les problèmes», conclut Isabel Thibault.

POURQUOI LES GENS SE RETROUVENT-ILS PRIS À LA GORGE?

  • Ils ont un train de vie exagéré par rapport aux revenus
  • Ils ne font pas de budget
  • L'accès au crédit est trop facile
  • Ils payent le montant minimum demandé pour le remboursement des cartes de crédit
  • Ils ont perdu leur emploi
  • Ils ont une maladie
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