Francis Grenier, le jeune homme qui a reçu une grenade assourdissante près du visage lors de la manifestation étudiante de mercredi craint de ne jamais recouvrer la vue, et ce, malgré une délicate opération chirurgicale subie la nuit dernière.
Ce n'est pas avant quelques semaines qu'il saura s'il verra à nouveau. «J'ai encore peur pour mon œil. Pour le moment je ne vois que des ombres, mais très peu».
«Force exagérée»
Même si l'étudiant dit aller «un peu mieux», il fait un triste bilan de l'affrontement de mercredi entre policiers et étudiants: «La force utilisée par les policiers était exagérée».«On manifestait de façon pacifique, on chantait quand la grenade est arrivée à un pied de mon visage, entre moi et ma copine» explique le jeune homme de sa chambre d'hôpital, en entrevue à LCN Matin. Sa copine aurait été brûlée par l'engin explosif.

L'étudiant blessé affirme qu'il quittait les lieux lorsqu'il a été blessé. «Ils ont sorti l'antiémeute, on a décidé de s'en aller parce que l'escouade a lancé un avertissement.»
Un policier refuse de l'aider?
C'est en s'éloignant de la manifestation qu'il aurait été atteint par la grenade: «Tout ce que je sais c'est qu'il y a eu une giclée de sang autour de mon visage. J'ai couru de plus belle jusqu'au coin des rues Bleury et Sherbrooke.»Sérieusement blessé le jeune homme dit avoir demandé à un patrouilleur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qui se trouvait à cet endroit de l'aider et d'appeler une ambulance, ce que le policier aurait refusé de faire.
C'est une étudiante qui se trouvait tout près qui aurait appelé des secours.
«Tout ce que ça me dit, c'est que présentement à Montréal, on n'a pas le droit de manifester» conclu amèrement l'étudiant.
Gilles Grenier, le père de Francis, a expliqué à Claude Poirier que son fils ne se trouvait pas à l'intérieur du bâtiment de Loto-Québec lorsqu'il a reçu la grenade au visage, mais était beaucoup plus loin dans la foule.
La police enquête
Appelé à réagir, le SPVM se fait plutôt prudent à l'heure actuelle. Le Service dit avoir reçu beaucoup d'informations au sujet de cette affaire. L'étudiant impliqué a d'ailleurs été rencontré par les policiers au cours des dernières heures.
«Il y a une version qui dit que ce sont nos grenades sonores qui l'ont blessé. Par contre, il va falloir étudier toutes les images disponibles afin de déterminer la cause réelle de cette blessure-là, explique Philippe Pichet, du SPVM. On ne se réjouit pas de voir des choses comme ça. Notre but n'est pas de blesser les manifestants. Ce qu'il faut comprendre, c'est que quand on donne des ordres d'éviction, on a plusieurs moyens à la suite des avis à la foule pour que les gens s'en aillent!»