Par solidarité avec Francis Grenier, gravement blessé lors d'une confrontation avec les autorités pendant la manifestation étudiante de mercredi à Montréal, des étudiants et enseignants du cégep de Saint-Jérôme ont marché silencieusement vendredi, dénonçant la brutalité policière.
Quelque 100 manifestants, dont plusieurs avaient un œil bandé - une allusion à la blessure à l'oeil subie par l'étudiant en Arts - ont terminé leur parcours au bureau du député Gilles Robert à Saint-Jérôme pour lui remettre une lettre signée par plus de 400 professeurs et étudiants de différentes institutions.
La missive lui demande d'utiliser son statut de député pour «dénoncer la violence et la répression policière exercée à l'endroit des étudiants » et d'agir « pour que de telles actions ne se reproduisent plus». Retenu à Québec, Gilles Robert était absent, mais, par la voie de son adjoint, il a invité les porte-parole du groupe à le rencontrer lundi prochain.
Témoignages
Parmi ces derniers, Julie Perreault Paiement a témoigné concrètement des circonstances qui ont mené à la bavure policière de mercredi : étudiante du collège jérômien, elle accompagnait Francis Grenier et a elle aussi été blessée par ce qui semble être les éclats d'une « bombe sonore » tirée par l'escouade antiémeute. Elle a notamment confirmé qu'après l'incident, les policiers n'ont pas porté secours à son compagnon, malgré sa détresse évidente.

Un enseignant de littérature du collège, Charles Gill, a pour sa part raconté avoir lui-même été molesté par les policiers, alors qu'il participait à la vigile organisée à Montréal le soir même de l'incident, pour déplorer la violence à l'endroit des étudiants.
M. Gill explique que des agitateurs extérieurs aux manifestants ont bel et bien provoqué les policiers, mais que le calme était revenu au moment où ces derniers ont lancé l'assaut contre les gens qui se dispersaient.
Excessif et inutile
L'enseignant affirme avoir été durement repoussé à coups de matraque et de bouclier, tout en reconnaissant qu'il résistait à l'ordre de circuler. Précisant qu'il se trouvait sur le trottoir, Charles Gill estime que les forces de l'ordre ont fait preuve d'une force excessive dans les circonstances.
Selon lui, les policiers suivent trop souvent un protocole d'intervention inutilement violent et provocateur, et briment ainsi la liberté d'expression des étudiants qui n'ont pourtant pas d'autres moyens d'exprimer leur désaccord. «Qu'on soit pour ou contre la hausse des droits de scolarité, on ne peut pas accepter un tel recours à la brutalité», conclut l'enseignant.