Selon une étude universitaire que le Journal a obtenue en exclusivité, l'arrivée de concurrents de la SAQ laisserait plus d'argent dans les poches des consommateurs et moins dans les coffres de l'État.
Donner le droit à des détaillants de s'installer à côté des SAQ permettrait de faire diminuer le prix du vin, estime Frédéric Laurin, professeurs d'économie à l'Université du Québec à Trois-Rivières.
M. Laurin va rendre publique mercredi soir, lors d'une conférence organisée par l'Institut Fraser, son étude sur l'impact d'une libéralisation partielle de la distribution des vins. Le Journal a obtenu les résultats en exclusivité.
Gros profits
Selon ses calculs, la concurrence nouvelle ferait passer les profits de la vache à lait québécoise de 867 millions de dollars à un montant « variant de 410 millions à 761 millions, selon les scénarios ».
Le chercheur estime que la SAQ se prend une marge moyenne de 145% sur chaque bouteille vendue. Et ça ne compte pas la TPS, la TVQ et les frais de douanes. Selon lui, les détaillants concurrents se contenteraient d'un profit de 20%, ce qui expliquerait aisément une baisse importante du prix des bouteilles de la SAQ.
Ainsi, un Merlot du Languedoc actuellement vendu 18 $ pourrait être proposé environ 14 $. Dans d'autres cas de figure, l'écart est encore plus important.
Vins québécois
L'autre grand gagnant selon lui : les producteurs de vin québécois. En abaissant les profits de la SAQ, ils pourraient plus aisément écouler leurs produits, qui coûtent forcément plus cher étant donné le volume de production peu élevé.
Les Québécois auraient donc plus de choix sur les tablettes, les critères restrictifs actuels de la SAQ rejetant un grand nombre de vins que pourront commander les détaillants privés, estime M. Laurin, qui s'intéresse depuis longtemps au monopole de la SAQ. En 2009, il a publié le livre intitulé Où sont les vins ?
Pas gagné ...
Mais est-ce que le gouvernement accepterait de perdre des centaines de millions de dollars de profits en faisant plus de place au privé ? Rien n'est moins sûr.
«La fin de la prohibition ou la gestion des problèmes d'alcool ne justifient plus un tel monopole», estime le professeur.
Actuellement, une soixantaine d'importateurs privés opèrent au Québec, mais la SAQ leur interdit de vendre leur vin au détail.