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Perquisition chez un journaliste

Dossiers mal protégés

Des enquêteurs de la Sûreté du Québec ont mené, cet avant-midi, une perquisition à la résidence d'un journaliste du Journal de Montréal.

Le journaliste spécialisé en santé, Éric-Yvan Lemay, a écrit dernièrement un article au sujet de documents confidentiels qui étaient accessibles à tous et laissés sans protection dans les corridors de plusieurs hôpitaux du Québec. La perquisition serait liée à ce reportage. Le journaliste a notamment photographié une partie des documents.

(Photo: Agence QMI)

Le journaliste est soupçonné de vol de moins de 5000 $ et de trafic de renseignements identifiants, en relation avec son reportage du 29 février.

Le CSSS Richelieu-Yamaska, qui chapeaute l'Hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe en Montérégie, et un médecin ont porté plainte contre Éric Yvan Lemay à la police en février alléguant que des «documents ont été subtilisés et du contenu clinique diffusé dans les médias».

«Je considère que c'est une perquisition tout a fait illégale et abusive qui n'a pas sa place dans une société démocratique et qui va à l'encontre des enseignements de la Cour suprême. Les médias ont un travail à faire. L'accuser de vol alors que le journaliste est impliqué dans un travail d'information est tout à fait inacceptable. Le Journal va contester vigoureusement cette perquisition», a déclaré l'avocat de Quebecor, Me Bernard Pageau.

(Photo: Agence QMI)

«Cette perquisition est une autre preuve que le droit du public à l'information est un principe qui doit être constamment défendu», a renchéri le rédacteur en chef du Journal de Montréal, Dany Doucet.

Les enquêteurs veulent obtenir les vêtements que le journaliste portait le jour du reportage, ses empreintes digitales et son ordinateur.

 

 

Éric Yvan Lemay (Photo: Agence QMI)

Les policiers s'expliquent

«Actuellement, nous enquêtons (sur) une plainte de vol de documents confidentiels dans un centre hospitalier de la Montérégie et la perquisition est menée ce matin relativement à ce vol présumé», a déclaré le lieutenant Guy Lapointe de la Sûreté du Québec.

«Je ne peux en dire davantage en raison de l'enquête en cours, mais pour obtenir un mandat de perquisition, il faut obtenir une autorisation judiciaire et nous l'avons obtenue», a ajouté le policier.

Ce dernier n'a pas voulu dire quel hôpital a déposé la plainte, mais il s'agirait de l'Hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe, selon nos sources.

Cette perquisition intervient au moment ou la protection des sources journalistique est un dossier chaud depuis l'affaire de la taupe à la police de Montréal.

Daniel Leblanc déplore l'intervention

Journaliste au Globe and Mail, Daniel Leblanc est d'avis que la perquisition chez M. Lemay est un manque flagrant de respect à l'endroit du journaliste.

Selon lui, Eric Yvan Lemay a fait son travail en démontrant un faille dans un système où les attentes en matière de sécurité sont particulièrement sévères.

«On parle d'une journaliste qui a mis en lumière une situation où les documents des autres personnes - pas les siens - étaient en danger et pour alerter les institutions de faire leur travail. Mais c'est lui qui paie le prix.»

M. Leblanc, qui a dû défendre ses sources journalistiques à la Cour suprême dans l'affaire du scandale des commandites, s'est dit surpris de cet événement.

Préoccupé, le journaliste du quotidien anglais indique que cette intervention n'est pas sans rappeler le coulage d'encre qu'a causé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), lorsqu'il a indiqué que des sources journalistiques pourraient faire l'objet d'enquêtes, à la suite de l'affaire Ian Davidson, cette présumée taupe qui selon les sources, voulait marchander des renseignements personnels à des groupes du crime organisé.

«Je pense que les hôpitaux avaient des plaintes face au travail du journaliste, sinon des craintes du fait qu'il avait accumulé des photos et des copies de documents. Peut-être qu'on aurait dû simplement lui demander de les retourner sans que la police se soit rendue chez lui à 6h du matin», a-t-il noté.

«Je pense qu'ils auraient pu avoir d'autres façon de s'y prendre»

La FPJQ dénonce la perquisition

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a fortement dénoncé par communiqué, jeudi, la perquisition effectuée au domicile de M. Lemay.

L'organisme estime que cette action policière constitue une sérieuse atteinte à la liberté de presse.

Selon la FPJQ, il ne fait aucun doute que le reportage du journaliste était d'intérêt public.

«C'est inadmissible que l'on fasse une telle perquisition pour remettre en cause le travail d'un journaliste qui, à première vue, expose un réel problème, ce problème étant que les dossiers sont très mal protégés dans les hôpitaux», a indiqué le président de la FPJQ, Brian Myles.

«Le moyen que l'on utilise ce matin est complètement démesuré pour régler le problème. C'est d'intérêt public que de montrer que les dossiers ne sont pas bien sécurisés.»

«Avec les faits que j'ai devant moi, je considère qu'Éric Yvan Lemay a fait un travail journaliste acceptable et d'ailleurs Paul Brunet et Me Jean-Pierre Ménard lui ont donné raison», a ajouté M. Myles.

Craintes confirmées

«Cela confirme ce que l'on craignait de l'Affaire Davidson, c'est-à-dire la chasse aux sorcières dans les sources et le matériel journalistiques. C'est à la SQ et l'hôpital plaignant de s'expliquer.»

«C'est une atteinte à la liberté de presse. Ça va être quoi quand on va parler de corruption, de collusion et de financement des partis politiques», a conclu le président de la FPJQ.

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