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Le groupe Mise en demeure se désiste

Spectacle de la Fête nationale

Le controversé groupe Mise en demeure a décidé ce matin d'annuler le spectacle qu'il devait présenter sur les Plaines d'Abraham, lors des festivités de la Fête nationale le 23 juin.

La formation devait se produire à 21 h 30 sous le chapiteau du «party clandestin», un spectacle subventionné par la Ville de Québec.

Abasourdis

C'est à la demande de l'organisme Envol et Macadam, sous les pressions du maire Régis Labeaume et du premier ministre Jean Charest, que les membres du groupe ont décidé de se désister.

Au cours d'un point de presse, cet-après-midi, à Montréal, ils se sont dits abasourdis de constater que des groupes engagés ne puissent pas s'exprimer ouvertement, même si leurs propos sont violents.

«C'est de dénoncer cette ingérence de l'État et du maire Labeaume dans l'organisation d'un spectacle festif auquel on était invités depuis très longtemps et c'est aussi d'expliquer -parce qu'il y a plein de gens qui disent qu'on est violents, qu'on fait des menaces de mort et tout- d'expliquer un peu notre démarche artistique. On n'est pas des gens violents, on est tout simplement des gens qui faisons de l'humour avec la politique.»

Ajoutant qu'il y a une marge entre exprimer des choses violentes et passer à l'acte, ils ont expliqué qu'ils n'avaient l'intention de s'en prendre à personne et se sont demandés si Jean Charest ne cherchait pas à faire diversion en s'en prenant à eux.

Cela dit, les membres de Mise en demeure ont la ferme intention de présenter un spectacle, le soir du 23 juin, mais à Montréal et dans un lieu qui reste à déterminer.

Le «gros bon sens»

Ce matin, le  maire Régis Labeaume avait effectivement demandé à Envol et Macadam de rayer le spectacle du groupe de sa programmation. Une question de gros bon sens, selon lui.

«Il n'est pas question, ici, de liberté d'expression. Je pense que c'est une question de cohérence. Et j'ai appris aussi, ce matin, ce qu'on disait dans une chanson sur madame Courchesne. Je ne peux pas accepter ça. Mme Courchesne, c'est ma partenaire et, honnêtement, ça me dépasse.»

«Je respecte ces gens-là, je respecte leurs opinions. Mais nous, à Québec, dans les circonstances, avec l'effort policier qu'on investit pour remettre la fête dans le sens du monde, on ne pouvait pas accepter.»

Jean Charest outré

Plus tôt, le premier ministre, Jean Charest, avait indiqué qu'il souhaitait l'exclusion du groupe qui devait interpréter lors des festivités des titres comme «Mon gun», «L'antiémeute arrive» et «Matraque-moi».

M. Charest avait même signifié qu'il envisageait des poursuites contre le groupe, l'accusant de proférer des menaces. Il a été particulièrement outré par les paroles de la chanson «Ah vous dirais-je maman», qui écorche la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne.

Ces paroles se lisent comme suit :

«Ah vous dirais-je, scie à chaîne
M'a te présenter Courchesne
Mademoiselle veut dégeler l'éducation
À grands coups de répression
M'a t'la geler ça sera pas ben long
D'un coup d'masse drette à drette du front»

«Ceux qui organisent ça ont une réflexion à faire», de dire Jean Charest. «Si c'est ça rassembler les Québécois autour d'un projet pour chanter de la violence contre une ministre du gouvernement, ce n'est pas le Québec que je vois, ce n'est pas ça du tout », avait-il déclaré jeudi matin, demandant des «comptes».

Selon M. Charest, le texte de cette chanson -«Ah vous dirais-je scie à chaîne, m'as te présenter Courchesne»- vient renforcer sa crainte que le conflit étudiant soit devenu un prétexte de glissement vers l'intimidation et la violence au Québec.

«On vit un phénomène qui est inquiétant et qui est triste de banalisation de la violence et de l'intimidation. C'est devenu acceptable de dire à peu près n'importe quoi et de faire n'importe quoi», a-t-il dit.

Jean Charest, cela dit, se défend d'accorder trop d'importance à des artistes qui étaient jusqu'ici peu connus, avant que l'on découvre qu'ils étaient à l'origine d'un dessin controversé -une pochette d'album- retrouvé chez le député Amir Khadir, parodiant une toile de Delacroix.

Le Journal a révélé cette semaine qu'une affiche créée par Mise en demeure avait été saisie par les policiers lors de l'arrestation de la fille du député de Québec Solidaire. Sur cette image, le corps sans vie de Jean Charest gît aux pieds d'Amir Khadir armé.

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