La première ministre Pauline Marois a jeté un nouveau pavé dans la mare universitaire en affirmant que les universités québécoises étaient surfinancées.
Son gouvernement promet tout de même d'y injecter 1,7 milliard de plus d'ici 2019 pour augmenter la clientèle étudiante.
Citant une étude secrète du ministère de l'Éducation, Mme Marois a soutenu que le surfinancement se chiffrait à 54 millions de dollars en 2006.
«C'était au moment où vous étiez au gouvernement. C'était dans des documents internes. Cependant, ils n'ont jamais été rendus publics», a dit, jeudi, la première ministre, en réponse à une question du chef de l'opposition officielle Jean-Marc Fournier, à l'occasion de l'étude des crédits du conseil exécutif en commission parlementaire.
Mme Marois en a remis en signifiant que le réseau universitaire ne serait pas sous-financé, contredisant ainsi les recteurs qui estiment à 850 millions de dollars l'écart négatif qui sépare les universités québécoises des autres universités canadiennes.
«Les sommes versées par étudiant sont relativement comparables d'un établissement à l'autre, qu'il soit québécois, ontarien, manitobain ou autre», a continué la première ministre.
Méthodologie
Pauline Marois a pris la peine de préciser qu'elle «tenait compte de tout», pour en arriver à ses conclusions : des contributions des étudiants, du gouvernement et des autres contributions que reçoivent les universités, par exemple, pour de la recherche avec des entreprises, etc.Les recteurs refusent d'inclure les sommes consacrées à la recherche dans leur calcul prétextant que ces montants ne figurent pas dans leurs budgets de fonctionnement.
Ce qui n'a pas empêché la première ministre de comparer le financement par étudiant entre le Québec et les autres provinces.
«Les dépenses globales par étudiant au Québec en 2009-2010 sont à 29 414 dollars, dans les provinces de l'Atlantique 27 701 dollars, en Ontario 25 750 dollars (...). Ce qu'on constate, c'est que nous versons davantage au Québec que ce qu'on verse en Ontario, qui est censée être une province plus riche que la nôtre.»
Pauline Marois a dit avoir pris note d'une étude que vient de produire l'économiste Pierre Fortin, qui estime le sous-financement des universités québécoises à 300 millions de dollars. Elle a précisé que son gouvernement souhaitait augmenter les budgets des universités de 1,7 milliard afin de maintenir les droits de scolarité peu élevés et d'accroître le nombre d'étudiants.
Duchesne accuse
Par ailleurs, le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne, a sévèrement blâmé le gouvernement libéral de Jean Charest pour avoir provoqué le conflit étudiant qui a coûté 90 millions en fonds publics, l'an dernier.
«Ces 90 millions nous seraient bien utiles aujourd'hui. C'est l'équivalent de l'augmentation des droits de scolarité au cours des cinq dernières années», a dénoncé le ministre Duchesne à l'ouverture de l'étude des crédits de son ministère.
«Le gouvernement libéral a très mal évalué la résistance à sa politique d'augmenter les frais de scolarité (...). Il a voulu faire une élection sur la crise sociale en dressant une génération contre une autre», a accusé le ministre.