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Christian Ouellet poussé dans les cordes

Commission Charbonneau

Après avoir tissé sa toile pendant plusieurs heures, la commission Charbonneau est entrée dans le vif du sujet cet avant-midi avec Christian Ouellet, ancien directeur général d'Union Montréal, poussant ce dernier dans les cordes.

Alors qu'il s'affairait depuis hier à explorer les rouages du financement politique municipal, le procureur de la commission, Me Cainnech Lussiaà-Berdou, a finalement questionné le témoin sur ses relations avec Bernard Trépanier, ancien directeur du financement d'Union Montréal, aussi connu sous le nom de «Monsieur 3%».

Rapidement, Christian Ouellet a tenté de prendre ses distances de Trépanier affirmant qu'il n'avait aucune relation spéciale avec l'homme qui a quitté le parti en 2006 et qu'il n'avait tissé aucun lien avec lui.

Le procureur a alors produit un registre téléphonique des appels entre Bernard Trépanier et Christian Ouellet. Il a ainsi été possible d'apprendre que les deux hommes se sont parlé à au moins 67 reprises du 10 février 2005 au 12 juin 2008, dont 17 fois après le départ de Trépanier. Visiblement surpris par ce document, le témoin a dit qu'il ne se «rappelait pas du tout de ça». «Je ne me souviens pas de ce qu'on a parlé», a-t-il ajouté.

«Départ mystérieux»

À la surprise des commissaires, Christian Ouellet a aussi dit ignorer, encore aujourd'hui, les raisons du «départ mystérieux» de Trépanier au printemps 2006. L'ancien directeur général a raconté ne jamais avoir reçu une lettre de démission du directeur du financement et avoir appris son départ par des membres de son équipe sans poser de questions par la suite.

«Vous êtes seulement six, ce n'est pas une multinationale! Ce n'est pas étrange que vous n'appeliez pas Bernard Trépanier pour lui demander pourquoi il est parti?» a demandé le commissaire Renaud Lachance ne croyant visiblement pas le témoin.

Ouellet a alors répondu qu'il avait mis sur pied une organisation où «personne n'était indispensable». «Il n'y avait pas de drame, ça ne m'inquiétait pas du tout. Ce n'est pas quelqu'un que je connaissais personnellement», a ajouté le témoin.

Rien vu, rien entendu

Toujours au sujet de Bernard Trépanier, Christian Ouellet a affirmé ne jamais avoir entendu le surnom de «Monsieur 3%» avant 2009 alors qu'il n'était plus directeur général d'Union Montréal.

Il a par la suite réfuté toutes les allégations voulant que Trépanier ramène de l'argent comptant aux bureaux du parti de l'ex-maire Tremblay. «Je n'ai pas vu qui que ce soit apporter de l'argent cash devant moi, sauf lorsqu'on ouvre un chapeau, mais ça c'est de l'argent selon les règles. [...] En aucun moment, M. Trépanier a amené de l'argent comptant dans ma face», a juré Ouellet.

L'ancien directeur d'Union Montréal a aussi admis avoir déjà discuté de Trépanier avec Gérald Tremblay, en 2004. Il avait alors entendu des rumeurs à l'effet que la Sûreté du Québec enquêtait sur le directeur du financement. Ouellet aurait donc informé le maire, mais aurait reçu un appel environ un mois plus tard pour lui dire que tout était en règle.

Conflit d'intérêts?

Fait surprenant, la commission a aussi été en mesure de prouver que Christian Ouellet a réclamé 327 250$ en honoraires professionnels à Roche entre 2003 et 2008 alors qu'il a été directeur général d'Union Montréal de 2004 à 2008.

Parmi son mandat avant d'être engagé par le parti politique, Ouellet devait notamment organiser des rencontres entre les élus et des gens de Roche. Questionné à savoir s'il avait organisé de ces rencontres une fois à l'emploi d'Union Montréal, le témoin a répondu «peut-être que oui».

«Vous ne trouvez pas que vous étiez en conflit d'intérêts?» a demandé la présidente Charbonneau visiblement surprise. «J'avais deux mandats. J'avais deux clients et je n'avais pas d'exclusivité avec aucun. À savoir si je recommencerais, c'est non.» «Pourquoi vous le referiez pas?» «C'est correct, j'ai compris, j'ai regardé la télé...» s'est contenté de répondre l'ancien DG qui semblait irrité par les questions répétitives des commissaires à ce sujet.

Par ailleurs, le procureur a fait savoir à Ouellet que le document sur les objectifs de financement d'Union Montréal produit devant la commission a été saisi dans le bureau de France Michaud, vice-présidente de Roche et aujourd'hui accusée au criminel. Visiblement ébranlé, le témoin a fourni une hypothèse entre de multiples hésitations.

«Je ne pense pas que ce soit moi qui lui a remis ça... Je ne sais pas...» «Est-ce que vous avez une idée de l'intérêt que ce document pouvait avoir?» a demandé Me Lussiaà-Berdou. «De toute façon, tu as des objectifs à atteindre. Je présume que si elle l'a eu, je ne suis pas sûr si c'est moi qui l'a envoyé, mais si elle l'a eu c'était pour l'indiquer et elle a dû faire des dons comme tout le monde, probablement.»

MISES À JOUR

14h18 - La commission en a terminé avec Christian Ouellet.

14h10 - L'avocat fait remarquer que la pratique du chapeau a été abolie à Union Montréal (2009) avant qu'elle devienne illégale (2010).

14h06 - Reprise des audiences. Le témoin est contre-interrogé par Me Michel Dorval, représentant Union Montréal.

12h16 - PAUSE DU DÎNER

12h15 - Fin de l'interrogatoire en chef de Christian Ouellet.

12h12 - Le document sur les objectifs de financement politique produit par la commission a été saisi dans le bureau de France Michaud, vice-présidente de Roche (NDLR: Mme Michaud fait est actuellement accusée au criminel). Ouellet ignore comment il s'est retrouvé là.

12h09 - «Pourquoi vous ne le referiez pas?» demande Charbonneau. «C'est correct, j'ai compris, j'ai regardé la télé...»

12h07 - «Avez-vous organisé des rencontres entre des élus et des gens de Roche alors que vous étiez à Union Montréal?» demande le procureur. «Peut-être que oui.»

12h03 - «C'était un petit peu spécial comme situation», dit Ouellet. «On s'entend», répond France Charbonneau. Ouellet dit qu'il ne voyait pas de problème à occuper les deux emplois en même temps.

11h59 - Entre 2003 et 2008, Ouellet a réclamé 327 250$ à Roche comme honoraires. «Vous ne trouvez pas que vous étiez en conflit d'intérêts?» demande France Charbonneau. «J'avais deux mandats. J'avais deux clients et je n'avais pas d'exclusivité avec aucun. À savoir si je recommencerais, c'est non.» Témoin dit que le maire ne le savait pas, l'exécutif non plus.

11h53 - Procureur demande quel est l'intérêt de présenter des élus à la firme alors que c'est le principe du plus bas soumissionnaire qui gagne le contrat. «Vous leur demanderez», répond Ouellet.

11h42 - Ouellet questionné au sujet des contrats qu'il a faits pour Roche. Il a notamment préparé un plan de communications. Il n'a pas organisé d'événements majeurs pour la firme de génie. Son mandat était aussi de faire rencontrer des élus aux gens de la firme.

11h40 - Reprise des travaux.

11h13 - PAUSE

11h10 - Procureur produit un registre des appels téléphoniques entre Trépanier et Ouellet du 10 février 2005 au 12 juin 2008. Total de 67 appels. «Je ne me rappelais pas de tout ça», dit Ouellet. «Je ne me souviens pas de ce qu'on a parlé.»

11h08 - Ouellet dit ignorer, encore aujourd'hui, les raisons du «départ mystérieux» de Trépanier même s'il l'a revu par la suite à au moins deux reprises. Il n'a pas tenté à ce moment de lui parler pour avoir des explications.

11h06 - «Vous êtes seulement six, ce n'est pas une multinationale! Ce n'est pas étrange que vous n'appeliez pas Bernard Trépanier pour lui demander pourquoi il est parti?» demande Renaud Lachance. Témoin répond que non parce qu'il a mis en place une organisation où «personne n'est indispensable». «Il n'y avait pas de drame, ça ne m'inquiétait pas du tout. Ce n'est pas quelqu'un que je connaissais personnellement.»

11h02 - Ouellet a déjà discuté de Trépanier avec Gérald Tremblay, en 2004. Il avait entendu dire que la SQ enquêtait sur Trépanier et voulait en informer le maire. Il semble qu'un mois après, Ouellet aurait été avisé que tout était correct.

10h59 - France Charbonneau s'impatiente quand Ouellet affirme qu'il ignore pourquoi Trépanier a quitté.

10h58 - Le maire Tremblay s'informait régulièrement des finances du parti, confirme témoin.

10h57 - «Je ne connais pas M. Lalonde, je n'ai jamais vu M. Lalonde», dit Ouellet au sujet de Michel Lalonde, de Génius, qui disait être responsable de la collusion et qui affirmait se rendre dans les bureaux d'Union.

10h52 - «Quelle était votre relation avec M. Trépanier?» demande la présidente. «Rien», dit Ouellet. Dit avoir tissé «aucun lien» avec lui.

10h51 - «En aucun moment, M. Trépanier n'a amené de l'argent comptant dans ma face.»

10h48 - «C'était bien clair, dans la description de tâches, ce qu'on devait faire, les règles du jeu et ce qu'on devait respecter. C'était la directive pour tout le monde. Je n'ai pas entendu, je n'ai pas vu qui que ce soit apporter de l'argent cash devant moi, sauf lorsqu'on ouvre un chapeau. Mais ça c'est de l'argent selon les règles.»

10h47 - «Quand j'étais en fonction, je n'ai jamais entendu cette identification pour M. Trépanier. Je l'ai entendue à la télévision», dit Ouellet au sujet de l'expression «Monsieur 3%». Entendu pour la première en 2009, dit-il, alors qu'il ne travaillait plus pour Union.

10h45 - On revient sur Bernard Trépanier, collecteur de fonds pour Union Montréal. Ouellet dit ne jamais avoir reçu une lettre de démission formelle de Trépanier en 2006. C'est son équipe qui l'a avisé et il n'a pas posé de questions.

10h24 - On passe en revue les objectifs de financement de plusieurs arrondissements.

10h16 - Ouellet se décrit comme un organisateur politique «redoutable» et un homme «intègre». Dit que personne ne va briser cette réputation. Affirme que s'il avait vu quoi que ce soit d'illégal, il aurait dénoncé.

10h12 - Ouellet dit que le financement populaire fonctionne tant qu'il y a une armée de bénévoles pour aider.

10h11 - Renaud Lachance demande si des gens qui devaient recueillir l'argent ont déjà demandé à voir la liste des entreprises qui avaient obtenu des contrats. Non, répond le témoin.

10h08 - Ouellet se décrit comme un motivateur pour atteindre les objectifs de financement.

9h50 - On continue d'examiner les méthodes de financement électoral.

9h43 - Procureur produit un document qui laisse entrevoir qu'il semble y avoir eu des petits-déjeuners avec le maire en 2003, avant l'arrivée de Ouellet.

9h40 - Ouellet était présent à chacun des petits-déjeuners. C'est lui qui animait. Dit qu'il ne portait pas tellement attention à qui était présent.

9h35 - Début des audiences pour la journée. Christian Ouellet est assermenté. On revient sur l'implantation des petits-déjeuners du maire. Le procureur veut plus de précision concernant qui est invité à ces événements. Aucun critère pour les invitations, dit le témoin.

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