
L'ancien président du comité exécutif de la Ville de Montréal a sous-entendu que certains documents présentés par la commission Charbonneau auraient pu être trafiqués, notamment les extraits de son agenda électronique.
Frank Zampino n'a pas froid aux yeux. Ni la juge Charbonneau, ni la procureure en chef, Me Sonia Lebel, ne semblent l'impressionner jusqu'à maintenant.
Après avoir contesté lundi les relevés téléphoniques retraçant les 1800 appels entre lui et Bernard Trépanier, il a cette fois-ci émis de sérieux doutes quant aux extraits de son agenda électronique déposés par la commission ce matin.
Selon lui, les rendez-vous inscrits à son calendrier ne prouvent en rien le fait qu'il y ait pris part ou non.
«Il y a des inscriptions qui sont là et qui ne reflètent aucunement la réalité», a-t-il avancé. La présidente lui a alors demandé s'il soupçonnait la commission de falsifier des documents et a clarifié la situation en expliquant que rien n'était erroné.
Ce qui n'a pas empêché Frank Zampino de maintenir sa position.
Zampino ignorait tout du congédiement de Trépanier
En début de matinée, le témoin a également livré qu'il n'avait appris que quatre ou cinq mois plus tard que son fidèle ami Bernard Trépanier avait été congédié de son poste de directeur du financement d'Union Montréal. Pour ne pas le blesser, il ne lui aurait posé aucune question.
À la stupéfaction de la procureure en chef, ni le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ni Bernard Trépanier, n'auraient informé Frank Zampino que le grand argentier du parti avait pris la porte en février 2006.
«Je l'ai su plusieurs mois après qu'il était parti, a-t-il dit. Bernard Trépanier m'a dit que son poste était aboli et qu'on allait lui proposer autre chose [...], mais qu'il continuait comme directeur du financement», a rapporté le témoin.
Selon lui, cette cachotterie s'explique tout simplement par le fait que M. Trépanier est un «homme de grande fierté».
«Il ne voulait certainement pas me dire qu'il était congédié [...] Je ne lui ai pas posé de questions», a-t-il expliqué.
Frank Zampino n'aurait pas évoqué non plus le congédiement de Bernard Trépanier avec le maire Tremblay.
La rumeur qui circulait sur la trop grande proximité entre MM. Trépanier et Zampino n'est pas non plus arrivée à ses oreilles. Selon lui, elle n'est pas fondée.
«M. Trépanier venait rarement au bureau pour me rencontrer à cause de mon agenda chargé. J'ai déjà dîné avec lui, mais pas de façon abusive», s'est-il justifié.
Pas au courant du partage des contrats
Le duel électrique entre Me Lebel et Frank Zampino s'est intensifié tout au long de la matinée.
Toujours aussi arrogant, l'ex-président du comité exécutif avait réponse à tout.
Il n'a jamais entendu parler d'un système de partage des contrats à Montréal, il ne s'est jamais ingéré dans le processus d'octroi d'un projet de la Ville et n'a jamais mis les pieds au 357c en mai 2007, pour déjeuner avec l'ex-ministre libérale Line Beauchamp.
Il a cependant admis avoir rencontré cette dernière au club privé situé dans le Vieux-Montréal en février 2007, avec des ingénieurs de firmes de génie-conseil. Les discussions n'ont tourné qu'autour des enjeux de la métropole, selon M. Zampino.
Quant à l'explosion de coût des travaux à Montréal, le témoin a avoué qu'il avait eu vent de certaines informations à ce sujet, tout comme la plupart des élus qui travaillaient avec lui à cette époque. «On nous donnait toujours une liste complète de critères pour nous expliquer pourquoi c'était plus cher à Montréal», a-t-il simplement rapporté.
Pierre Bibeau demande le statut de participant
L'ancien organisateur politique du parti libéral devait faire cette requête jeudi après-midi. Son nom a été mentionné à plusieurs reprises par les témoins de la commission depuis le début des audiences.
Il aurait entre autres organisé deux rencontres au club privé du Vieux-Montréal, le 357c, entre son ancienne conjointe l'ex-ministre libérale Line Beauchamp, des ingénieurs de firmes de génie-conseil, Frank Zampino et Bernard Trépanier.
MISES À JOUR
16h59 - Les audiences sont suspendues jusqu'à lundi matin.
16h58 - Dit qu'il a déposé sa requête en janvier mais qu'il n'arrive pas à s'entendre avec les procureurs et demande donc un statut particulier.
16h53 - Me Demers continue d'argumenter sa requête de statut d'intervenant aux travaux.
16h43 - Le procureur de la commission, Me Simon Tremblay, souligne que ce que demande l'avocat de M. Bibeau est en infraction avec une ordonnance de non publication sur le témoignage de Lino Zambito en octobre dernier.
16h42 - L'avocat de Pierre Bibeau tente d'argumenter sur sa requête, mais se fait rappeler à l'ordre par la commissaire Charbonneau. Elle lui rappelle qu'il ne peut pas témoigner.
16h35 - Me Demers dit que la commission n'a pas voulu rencontrer M. Bibeau, alors qu'il semble plutôt que ce soit Pierre Bibeau qui a refusé de rencontrer les enquêteurs de la Ceic.
16h33 - La commission s'apprête à entendre la demande de statut de participant de l'ancien organisateur libéral, Pierre Bibeau, représenté par Me Louis Demers.
14h00 - Les travaux ont repris sous une ordonnance de non-publication pour savoir si une partie du témoignage de Bernard Trépanier sur le Faubourg Contrecoeur peut être rendue public.
12h32 - PAUSE DÎNER
12h30 - Le commissaire Renaud Lachance veut savoir ce que le maire Gérald Tremblay a répondu lors de cette rencontre. Zampino dit que le maire n'a jamais fait de lien entre les accusations et son congédiement.
12h26 - Frank Zampino dit qu'il a rencontré le maire Gérald Tremblay pour parler des accusations contre Bernard Trépanier. Mais «il n'était pas question de l'abolition du poste de M. Trépanier», précise le témoin.
12h21 - Me Lebel revient sur l'épisode du congédiement de Bernard Trépanier et des accusations contre lui alor qu'il aurait présumément demandé un million de dollars pour le développement d'un centre commercial. Frank Zampino dit finalement que Bernard Trépanier est venu le voir en panique pour lui en parler.
12h12 - Retour à l'étude de l'attribution du contrat dans le projet Marc-Aurèle-Fortin dans l'arrondissement Rivieres-des-Prairies.
12h08 - La commissaire Charbonneau s'emport face aux réponses donnés par Frank Zampino et lui demande de se borner à répondre aux questions. Le témoin ne se démonte pas.
12h02 - La commission présente des extraits de l'agenda du témoin. Zampino veut faire une mise en garde concernant la présentation du document. «C'est la première fois que je le vois. Ce qu'on a à l'écran, je ne peux pas en confirmer la véracité », dit-il. «Vous voulez dire que les documents falsifiés?» dit la commissaire Charbonneau. «Oui, je suis porté à croire qu'il y a des inscriptions qui sont là et que je réfute», continue Zampino.
11h54 - Reprise des travaux. Il est toujours question des liens de Franck Zampino avec Joe Borsellino.
11h18 - PAUSE
11h13 - Depuis de longues minutes, Frank Zampino continue de donner des précisions sur la façon dont Petra a finalement remporté le contrat. Le témoin explique que Joe Borsellino a demandé des rencontres à Zampino et au maire Gérald Tremblay pour faire part de sa frustration et de ses doléances. Me Lebel veut savoir comment Frank Zampino a finalement convaincu M. Borsellino de payer 500 000 dollars de plus alors qu'il menaçait la Ville de Montréal de poursuites.
11h05 - Le témoin explique pourquoi ce changement de choix pour la remise du contrat.
11h00 - La compagnie Iberville avait d'abord remporté le contrat pour 1,5 millions de dollars, mais c'est finalement Petra qui l'avait remporté après le deuxième comité pour un montant de 1 000 000 dollars. Zampino se souvient d'avoir demandé 500 000 dollars de plus à Petra, par peur des questions des journalistes.
10h52 - M. Farinacci avait dit que le vente avait été faite à Petra-Saint-Luc, l'entreprise de Giuseppe «Joe» Borsellino, car «c'était son tour». «Complètement faux», dit Zampino. Ce dernier siègeait au comité de sélection dans ce projet.
10h45 - Il est question du projet Marc-Aurèle-Fortin dans l'arrodissement Rivières-des-Prairies. Zampino nie s'être ingéré dans ce projet, au contraire de ce qu'a dit l'ex-directeur stratégies et transactions immobilières (DSTI) pour la Ville de Montréal, Joseph Farinacci, devant la commission.
10h42 - Me Lebel continue en demandant si Frank Zampino était au courant des dépassements de coûts à Montréal. Le témoin commence par dire qu'il ne comprend pas la question puis dit qu'il était au courant, comme tous les élus, que les coûts étaient plus élevés que ceux des villes de banlieues.
10h41 - «Étiez-vous au courant de l'existence d'un système de collusion dans le partage de contrats à la ville de Montréal?», demande Me Lebel. «Jamais», répond Zampino.
10h34 - Une nouvelle rencontre a eu lieu en mai 2007 et la réélection de Line Beauchamp. Frank Zampino dit ne pas y être allé. Son nom figure pourtant sur la liste des invités. Il assure qu'à la même date il assistait à une autre réunion et que son nom figure sur le procès-verbal de cette réunion.
10h30 - La procureure en chef demande pourquoi Bernard Trépanier assiste à un tel évènement. «Je ne sais pas», répond le témoin. «Et vous, que faites-vous là?» s'interroge Me Lebel. «Pour discuter des dossiers de la métropole, il n'a pas été question de financement», fait savoir Zampino. Il dit aussi ne pas avoir payé pour participer à cet évènement.
10h26 - Me Lebel aborde une rencontre au Club 357c avec la ministre libérale Line Beauchamp en mai 2007. Des représentants en construction et de firmes de génie-conseil étaient aussi présents.
10h20 - Zampino indique qu'il ne connait pas Louis-Pierre Lafortune, et qu'à l'époque il ne faisait plus partie de la Ville de Montréal. «Cette personne utilise le nom de Frank Zampino pour vendre des billets, c'est complètement inacceptable», dit-il
10h17 - La commission présente un enregistrement téléphonique de Louis-Pierre Lafortune (un proche des Hells Angels, arrêté en 2009) qui dit qu'il doit passer des billets de financement sur le compte de Garnier construction pour un cocktail le 16 avril 2009, car «ça c'est Zampino, on n'a pas le choix d'être là.»
10h13 - La procureure en chef revient sur le rôle de Frank Zampino dans le financement du parti. «Je n'avais pas le temps», dit-il. Le témoin dit avoir vendu des billets de financement uniquement à son oncle. Il dit seulement s'être impliqué dans des activités lors de la campagne de Michel Bissonet dans Saint-Léonard en 2009.
10h08 - Me Lebel demande au témoin quels genres de discussion pouvait avoir les élus lors de ces rencontres. «Le maire a dû faire un plaidoyer sur les défusions», dit Frank Zampino.
10h03 - La commission aborde la participation de Zampino à des déjeuners de financement organisés en 2004 au Club Saint-Denis. Plusieurs entrepreneurs avaient payé 10 000 dollars pour assister à ces évènements.
10h01 - «Jamais l'abolition de poste de M. Trépanier n'a été évoqué entre vous et le maire Gérald Tremblay?», demande Me Lebel. «Non», répond Zampino.
9h58 - La procureure en chef interroge le témoin sur une rumeur qui circulait en 2006 sur le fait que Bernard Trépanier aurait été congédié parce qu'il était trop présent dans le bureau de Frank Zampino. Cette rumeur a été abordée par plusieurs témoins, dont M. Trépanier, devant la commission. «Je ne commente pas des rumeurs», dit-il.
9h53 - «Il ne m'a pas parlé de congédiement, mais qu'on allait lui offrir autre chose», précise le témoin sous l'insistance de Me Lebel.
9h49 - Frank Zampino dit que c'est Bernard Trépanier lui-même qui lui a appris, cinq à six mois plus tard, qu'il avait été congédié par Union Montréal. La commission trouve étrange que l'information soit parvenu si tard aux oreilles de M. Zampino alors que les deux hommes étaient très amis. «Je connais bien Bernard Trépanier, c'est un homme d'une grande fierté», justifie-t-il.
9h48 - Il est de nouveau question des liens de Frank Zampino et de Bernard Trépanier.
9h45 - «Je n'étais pas quelqu'un qui répondait au téléphone à mon bureau. Je n'avais pas le temps de répondre», explique Zampino.
9h40 - Me Lebel questionne de nouveau le témoin sur les appels qu'il a pu recevoir soit à son bureau, soit sur son cellulaire. Frank Zampino veut s'appuyer sur les registres. La procureure en chef lui demande plutôt d'utiliser sa mémoire pour répondre. Elle lui demande aussi si son adjointe pouvait lui faire des transferts d'appel. Zampino répond que ça pouvait arriver, mais seulement pour les appels personnels.
9h38 - Comme il en avait pris l'engagement hier, Frank Zampino précise que Marc Deschamps s'occupe de son rapport d'impôts depuis 2008. Or, il avait dit hier qu'il était trop occupé par son travail à la Ville de Montréal pour le faire lui-même.
9h37 - Début des audiences pour la journée. Frank Zampino s'amène à la barre et est assermenté.
- Avec la collaboration de Mélanie Colleu
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