Depuis l'arrivée massive des gaz de schiste sur le marché américain, l'eldorado qu'était l'exportation n'est plus aussi rentable pour Hydro-Québec. Le prix des ventes d'énergie à court terme d'Hydro-Québec est tombé de plus de 8 cents à 3 cents le kWh.
Depuis le début de la chute des prix d'exportation en 2008, Hydro-Québec a allongé par trois fois sa période d'amortissement sur ses barrages, passant de 50 ans à 120 ans. Quelques paragraphes modifiés dans les rapports annuels, et 400$ millions de profits font leur apparition sur papier.
«Je leur reproche de ne pas divulguer suffisamment d'informations pour qu'on puisse juger si les mesures qu'ils ont prises sont correctes», s'insurge Claude Garcia, un administrateur de sociétés.
Pour appuyer son point, M. Garcia n'hésite pas à citer Manitoba Hydro, qui a procédé à la même manœuvre comptable, mais appuyée par la publication d'un long document explicatif.

Selon Jean-Marc Pelletier, consultant en énergie, les profits mirobolants qui apparaissent subitement feront sourciller les financiers, d'autant plus que la période d'amortissement d'Hydro-Québec est différente de toutes les provinces du Canada.
En fait, la période d'amortissement au Manitoba, en Colombie-Britannique et en Ontario est de 60 ans. Elle est de 50 ans en Saskatchewan.
Claude Garcia croit connaître l'origine de cette modification technique. Selon lui, les revenus plafonnent, mais la dette augmente, creusée par les investissements massifs de la société d'État.
Hydro-Québec va-t-elle repousser de nouveau la période d'amortissement de ses barrages, la faisant passer à 150 ans, ou même à 175 ans? Hydro-Québec nous a refusé toute entrevue.
Le cas d'Hydro-Québec est exceptionnel. Même le Burkina Fasso, situé dans l'ouest de l'Afrique, amortit par prudence ses barrages sur une période de 60 ans.
D'après un reportage de Michel Morin