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Des Montréalais fêtent les patriotes

Place du Canada

Plus de 200 personnes vêtues de bleu et munies de drapeaux du Québec se sont rassemblées à la Place du Canada, lundi, pour souligner la Journée nationale des patriotes. Quelques personnalités politiques ont pris part à l'évènement, teinté de revendications politiques.

Instituée par le gouvernement du Québec en novembre 2002, la Journée nationale des patriotes rappelle la révolte et la lutte en 1837-1838 des membres du Parti patriote, vifs opposants au pouvoir colonial britannique.

«Les patriotes se sont battus pour la démocratie parlementaire, pour le droit à l'éducation, pour le droit collectif égal et contre la corruption gouvernementale. Ça ne vous fait pas penser à quelque chose?» s'est exclamé, sourire en coin, Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.

Dès 13 h, ils étaient nombreux à s'amasser à la Place du Canada pour dénoncer la «domination» d'Ottawa et de la reine d'Angleterre. Quelques manifestants s'amusaient d'ailleurs à lancer des fléchettes sur une image d'Élisabeth II. «Ça défoule de pouvoir faire ça, a indiqué bonnement Maxime, un étudiant. À cause d'elle, le Québec n'est pas à son plein potentiel.»

Le rassemblement s'est déroulé sans encombre. Vers 13 h 30, deux hommes arborant des chandails rouges où l'on pouvait lire «Canada» ont été évacués de la Place du Canada par des agents du SPVM. Ils ont quitté les lieux quelques minutes plus tard, sans riposter.

À Saint-Eustache

La première ministre Pauline Marois ne se trouvait pas à cet événement, mais plutôt à Saint-Eustache, théâtre d'une bataille importante des patriotes en 1837, où elle a prononcé un discours dans l'église.

«Nous pouvons saluer le courage et la ténacité de ces gens, nos ancêtres, à qui l'on doit notre société démocratique. Ils ont su marquer leur époque, changer leur destin et le nôtre», a-t-elle souligné.

Elle a profité de l'occasion pour rappeler l'intention de son gouvernement d'accroître les cours d'histoire à l'école.

«Nous croyons qu'on a un peu édulcoré ce qui se fait en enseignement de l'histoire au Québec et c'est ce sur quoi nous voulons revenir, les bases qui permettent de comprendre les différentes périodes de notre vie collective», a dit Mme Marois.

Cet engagement a trouvé écho au rassemblement de la Place du Canada.

«Si les Québécois connaissaient leur propre histoire, je suis convaincu que la souveraineté, on l'aurait demain matin, a affirmé le chef du Bloc québécois Daniel Paillé. Les patriotes, c'est un symbole et cette journée est nécessaire pour qu'on se souvienne du passé.»

Même son de cloche pour Maxime Laporte, coordonnateur du réseau Cap sur l'indépendance. La population n'est pas encore consciente des bienfaits d'une «République du Québec», selon lui. «Elle est porteuse d'espoir, d'un peuple qui est indépendant et qui se prévient des abus de ses élus, a-t-il dit. Ça représente la démocratie et la liberté.»

À Saint-Eustache, l'histoire des patriotes est déjà mieux connue.

«Depuis plusieurs années, on fait des efforts avec différents événements qu'on a chez nous pour le promouvoir et on s'aperçoit que ça commence à fonctionner, explique Pierre Charron, le maire de Saint-Eustache. C'est le fun, des tout-petits qui nous en parlent; des fois, on va même dans les écoles. Alors, c'est important, il faut le savoir.»

La mesure risque fort d'être critiquée par l'opposition au cours des prochains jours. Déjà les libéraux craignent que les cours d'histoire soient réécrits à des fins partisanes. La CAQ, de son côté, se dit favorable à l'enseignement de l'histoire, mais attend d'en savoir plus avant de commenter.

Le lieutenant-gouverneur

Autre revendication des citoyens présents à la Place du Canada : l'abolition du poste de lieutenant-gouverneur au Québec. «Il s'agit d'un poste inutile, qui va à l'encontre de nos valeurs, a déploré une manifestante, Julie Dufort. La monarchie, on n'en veut pas ici et on ne devrait pas l'encourager ainsi.»

Pour Richard Poirier, initiateur et porte-parole du mouvement pour l'indépendance Carré Bleu, né en août dernier, la suppression de ce poste est présentement une des luttes sociales les plus importantes.

«C'est un lien que nous entretenons avec les luttes du passé. L'insurrection de l'époque des patriotes n'est pas très différente de nos luttes traditionnelles, a mentionné M. Poirier. On se retrouve tous ici pour reprendre cette vieille lutte qui est encore actuelle.»

Les manifestants se sont déplacés jusqu'à la place D'Youville, dans le Vieux-Montréal, où un concert les attendait.

Avec la collaboration de Michelle Lamarche

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