Quatre morts ont été retrouvés à proximité du site de l'explosion d'un wagon-citerne rempli de pétrole survenu tôt hier à Lac-Mégantic, portant ainsi à cinq le nombre de victimes, selon un bilan dressé dimanche soir par la Sûreté du Québec (SQ). On dénombrait toujours une quarantaine de disparus.
«C'est un nombre qui a fluctué au courant de la journée et nous rappelons aux gens qui auraient retrouvé des proches d'aviser les policiers», a rappelé le sergent Benoit Richard, dans un point de presse tenu en début de soirée ce soir.
La SQ n'a pas encore pu parcourir toute la zone qui a été dévastée puisque les pompiers n'avaient toujours pas complété leur travail.
«Il y a une grande partie de la scène qui est encore inaccessible aux policiers», a ajouté M. Richard.
Par ailleurs, l'enquête du Bureau de la sécurité du transport (BST) a débuté. Selon l'enquêteur Ed Belkaloul, «une copie de la boîte noire a été récupérée» dans une locomotive.
Le BST a également récupéré l'unité de détection de freinage, qui contient également des données pouvant être utiles.
M. Belkaloul a également fait part de ses états d'âme face au sinistre.
«J'ai travaillé, il y a une quinzaine d'années lors d'un accident (de train) à Mont-Saint-Hilaire. Je commençais ma carrière au BST. Je pensais que c'était un drame, mais ce qu'on vit aujourd'hui c'est une tragédie. Ça ne se compare pas», a-t-il confié.
Flammes éteintes sous les wagons-citernes
Les pompiers de Lac-Mégantic ont mentionné avoir éteint les flammes qui brûlaient deux wagons-citernes depuis hier.
«Nous avons fait de gains», a dit le chef des pompiers de Lac-Mégantic, Denis Lauzon en point de presse en fin d'après-midi aujourd'hui.
«Les feux [des wagons-citernes] sont éteints. On continue à les arroser pour les refroidir», a-t-il précisé.
La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, avait également pris la parole au cours du précédent point de presse pour répéter qu'il n'y a plus aucun problème au sujet de l'eau potable. Il est préférable de la faire bouillir uniquement par mesure de précaution.
«Il n'y a aucun contaminant dans notre système d'alimentation (d'eau) actuel. Je dirais même que c'est impossible. Il n'a pas d'inquiétudes à avoir», a-t-elle dit.
Un peu plus tard en journée, Mme Roy-Laroche a voulu donner quelques informations sur les services qui seront en activité à Lac-Mégantic dans les prochains jours.
La mairesse a expliqué que le camp de jour sera ouvert demain aux horaires habituels. Elle a indiqué que les différents aspects de la catastrophe seront traités au mieux auprès des enfants.
Colette Roy-Laroche a également demandé aux entreprises du parc industriel ainsi qu'à celles de Fatima et aux commerces de la rue Frontenac de ne pas faire rentrer leur personnel demain.
«La sécurité incendie n'est pas encore sûre dans le secteur», a-t-elle dit.

(Photo Reuters)
Bureau du coroner
Le Bureau du coroner a acheminé des experts sur les lieux de la tragédie dès samedi. Ils ont déployé une structure de gestion de décès multiples, a expliqué la porte-parole Geneviève Guilbault.
«C'est une scène qui est très inhabituelle. La première phase complexe, c'est la récupération des corps».
«Les corps sont dans un état à la mesure de la gravité de l'incendie. Ils sont difficilement identifiables, ce sera travail de longue haleine. Il est impossible de dire combien de temps ça va prendre».
Pour ce qui est des victimes, les corps ont été transportés vers le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale de Montréal, mais ils n'avaient toujours pas été expertisés, dimanche soir.
Il se pourrait que certains corps ne soient jamais retrouvés. «Ce n'est pas impossible, compte tenu de l'intensité du brasier», a soutenu Mme Guilbault.

(Photo Agence France-Presse)
Croix-Rouge
Dans la nuit de samedi à dimanche, 550 personnes se sont inscrites sur la liste de la Croix-Rouge, installée à la polyvalente Montignac. Cette liste, qui identifie tous les gens qui se rapportent à l'organisme, est transmise aux autorités dans le but de faciliter les recherches de personnes disparues.
Parmi ces personnes, 163 ont bénéficié de leur service d'hébergement. Les autres ont trouvé refuge chez des amis ou de la famille de la région. Le refuge situé à la polyvalente a été séparé en deux sections: l'une pour les personnes seules et l'autre pour les gens avec des animaux.
«Je dirais que le moral est bon, a déclaré Carl Boisvert, porte-parole de la Croix-Rouge. Il y a une bonne solidarité. Il y a une envie d'aider. Plusieurs personnes sont spontanément venues faire du bénévolat.»

(Photo Agence France-Presse)
Des bénévoles de Québec, de Montréal et de Sherbrooke sont arrivés en matinée. Entre 15 et 20 bénévoles se relaient.
L'unité mobile d'intervention d'urgence de l'organisme contient 720 lits et autant de couvertures, oreillers et trousses d'hygiènes. «On a tout pour faire face à la demande», a affirmé M.Boisvert.
Comme à Bagdad
Le pompier Frédéric Demers a confirmé à l'Agence QMI, dimanche après-midi, que les cinq réservoirs de pétrole qui menaçaient d'exploser n'étaient plus considérés comme dangereux.
Il a également décrit l'horreur du site de l'accident. «Avez-vous les images de Bagdad durant la guerre (en Irak), a-t-il demandé. Bien, c'était comme ça. Et je sais de quoi je parle, j'étais à Bagdad.
Selon lui, au moins 17 bâtiments du centre-ville de Lac-Mégantic ont été détruits.
Le porte-parole de l'hôpital local, Ronald Martel, s'est aussi confié à l'Agence QMI.
«Il y avait plusieurs visages longs samedi soir à l'urgence», a-t-il admis, ajoutant qu'aucune personne sérieusement blessée ne s'est présentée à l'hôpital, ce qui laisse supposer que ceux qui ont été affectés par l'explosion sont probablement décédés.
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