Une organisation de femmes conservatrices critique vertement le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, pour s'être porté à la défense des droits des homosexuels en Ouganda, au Kenya et, plus récemment, en Russie.
Dans un communiqué publié sur le site internet et la page Facebook de REAL Women of Canada (RWOC), la vice-présidente de l'organisme, Gwendolyn Landolt, accuse le ministre Baird d'avoir outrepassé ses pouvoirs en «imposant» sa propre vision des choses à des pays souverains.
«Pour qui John Baird se prend-il en utilisant l'argent des contribuables pour promouvoir son agenda personnel et imposer des normes à des pays étrangers?» s'est-elle demandé. Mme Landolt a en outre mentionné que les militants pour les droits des homosexuels au Canada faisaient preuve d'intolérance et étaient devenus une «minorité tyrannique».
Sa sortie survient quelques jours après que John Baird eut dénoncé une loi adoptée par la Russie réprimandant la «propagande homosexuelle». Le ministre avait qualifié cette mesure de haineuse, ajoutant qu'elle pouvait inciter à la violence.
Lors de l'assemblée générale de l'Union interparlementaire qui s'est tenue à Québec en octobre dernier, M. Baird avait également vilipendé les représentants de l'Ouganda pour le sort réservé aux homosexuels dans leur pays.
«Les actions de M. Baird sont très offensantes pour les contribuables conservateurs, écrit Gwendolyn Landolt. Il n'a pas le droit de porter atteinte à la souveraineté et à la dignité des autres pays, qui sont enracinées dans des structures familiales stables et la foi religieuse, afin de leur imposer son propre système de valeurs.»
Une question de devoir
Steve Foster, le directeur général du Conseil québécois LGBT, un organisme voué à la défense des droits des minorités sexuelles, ne partage pas l'interprétation de Mme Landolt.
En tant que signataire de plusieurs conventions internationales, dont la Déclaration universelle des droits de l'homme, le Canada a, selon lui, le devoir de rappeler leur engagement aux pays membres.
«Le ministre n'a pas outrepassé ses droits, il n'a fait que son travail, soutient Steve Foster. On est d'ailleurs très content, au Conseil, qu'il ait réagi ainsi, d'autant plus qu'on a souvent critiqué la mollesse des interventions canadiennes en matière de droits de l'homme depuis l'élection du gouvernement Harper, et plus particulièrement en matière de droits LGBT (lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres).»
M. Foster a indiqué que les propos de Gwendolyn Landolt trahissaient une méconnaissance des devoirs et responsabilités d'un ministre des Affaires étrangères. Il l'a invitée, elle et les membres de son organisme, à lire «quelques ententes au bas desquelles le Canada a apposé sa signature, dont celles relatives aux droits de la personne.»
Réactions
John Baird n'a pas réagi aux «accusations» lancées par la vice-présidente de RWOC. Son attaché de presse a toutefois rappelé que la promotion et la protection des droits de la personne font partie intégrante de la politique étrangère canadienne.
«Le Canada croit que la criminalisation de l'homosexualité est condamnable, tout comme l'est la violation des droits fondamentaux, comme la liberté d'expression, a indiqué Rick Roth à l'Agence QMI. L'expression de ces droits ne devrait entraîner ni la peine de mort ni des actes de violence.»
M. Roth a ajouté que la protection des droits des homosexuels n'était ni à gauche ni à droite, mais qu'il s'agissait d'une position «que la grande majorité des Canadiens appuie».
L'Agence QMI a tenté sans succès de joindre les représentantes de REAL Women of Canada.