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L'album photo des voyages de Lavallée exposé

Commission Charbonneau

Des dizaines de photos sous le chaud soleil des Caraïbes et même à Hawaï. La Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction (CEIC) a passé en revue, aujourd'hui, l'album photo des voyages de Jean Lavallée aux frais de son bon ami Antonio «Tony» Accurso.

Sur un bateau, lors d'une partie de pêche, s'amusant dans une piscine, posant avec le personnel d'une somptueuse villa louée à la Barbade. Voilà un bref aperçu des clichés qui ont été présentés pour illustrer les relations de l'ancien président de la FTQ-Construction.

 


Robert Abdallah et Jean Lavallée lors d'un voyage qui aurait eu lieu en mars 2002 (Photo déposée en preuve devant la CEIC)

 

Jean Lavallée avait d'ores et déjà admis s'être rendu à «cinq ou six» reprises sur le Touch, propriété d'Accurso, mais les photos déposées par la Commission cet avant-midi permettent de constater que les hommes ont aussi voyagé ensemble avant la mise à l'eau du somptueux yacht.

Parmi les gens aux côtés de Lavallée et Accurso: Robert Abdallah (anciennement à Hydro-Québec, puis DG de la Ville de Montréal), Louis Bolduc (ancien président de la FTQ), Yves Paré (prédécesseur de Jocelyn Dupuis à la FTQ-Construction), Louis Laberge (Fonds de solidarité), Eddy Brandone (FTQ-Construction), Normand Trudel (entrepreneur), Richard Marcotte (ex-maire de Mascouche) et Jimmy Accurso, fils de Tony.

 


Tony Accurso, Jean Lavallée et Robert Abdallah (Photo déposée en preuve devant la CEIC)

 

Selon des données de l'Agence des services frontaliers du Canada compilées par la CEIC, Lavallée et Accurso auraient fait 27 voyages ensemble de 2001 à 2010, la plupart du temps au soleil. Ils ont aussi participé à une cure d'amaigrissement lors de deux séjours de deux et trois semaines en Allemagne.

«Depuis 25 ans, on en a fait du bateau... Je ne peux pas dire le nombre de fois... Possiblement une vingtaine de fois», a affirmé Jean Lavallée. «Au moins», a lâché le procureur Me Cainnech Lussiaà-Berdou en guise de réponse.

Accurso, un homme au «grand cœur»

Chaque fois, Accurso payait le voyage, exception faite de quelques repas avant la mise à l'eau du Touch où les invités payaient la facture.

«Est-ce qu'il payait aussi pour votre épouse?», a voulu savoir le procureur Renaud Lachance. «Il payait tout», a simplement répondu le 113e témoin à se présenter devant la Commmission.

«C'est un gars qui a un coeur large, un grand coeur. Je n'étais pas capable de payer. Fallait se battre. Je lui donnais des cadeaux. Des bouteilles de cognac à 2000$. Pas des petits cadeaux... Je savais que ça coûtait de l'argent tout ça», a-t-il ensuite expliqué.

En plus des voyages, Jean Lavallée est allé «quelques fois» dans la loge d'Accurso au Centre Bell pour des parties de hockey.

Un «frère»

Alors qu'il avait décrit Tony Accurso comme un ami «très proche» depuis le début de son témoigne, l'ancien président de la FTQ-Construction en a remis aujourd'hui en parlant désormais de l'entrepreneur comme son «frère».

Jean Lavallée a fait cette déclaration après avoir admis qu'il avait participé à des événements familiaux des Accurso au cours des années. Il a notamment été invité au mariage d'Accurso lui-même, ainsi qu'à celui de sa fille. De plus, selon la preuve de la Commission, Lavallée a appelé Accurso à plus de 400 reprises entre mars 2005 et juillet 2010.

«Cette proximité entre M. Accurso et vous, ça ne vous gêne pas?», lui a-t-on demandé. «Non, ça ne me gêne pas! C'est comme un frère, je fais partie de sa famille», a-t-il répété.

Le témoin a reconnu que Tony Accurso a brassé bien des affaires avec la FTQ, mais jure que c'est en raison de sa «compétence» et non grâce à du favoritisme. Jean Lavallée était semble-t-il furieux lorsqu'il a appris, en 2009, que la FTQ se retirait des dossiers impliquant l'entrepreneur qui est l'objet d'accusations criminelles.

Dans une conversation du 1er mai 2009 obtenue dans le cadre du projet Diligence, Guy Gionet (SOLIM) confie à Denis Vincent que Lavallée est «en tabarnack».

«J'étais pas content à cause que pour moi tant que tu n'es pas prouvé coupable, on doit attendre», a expliqué le principal intéressé pour se justifier devant la Commission. «Il en subira les conséquences quand ça va arriver», a-t-il ajouté.

Autres relations

La Commission a aussi examiné les relations de Lavallée avec d'autres personnes. La preuve démontre entre autres que le témoin a appelé le pilote d'hélicoptère et proche des Hells Denis Vincent en provenance des Bahamas et des Îles Vierges américaines.

Appelé à commenter cette relation, Jean Lavallée a décrit Vincent comme un «ami» et n'a pas hésité à prendre sa défense en expliquant qu'il ne l'avait jamais vu en compagnie de membres du crime organisé.

Il a aussi été question d'un voyage de pêche à Rapid Lake, en 2003, organisé par un certain M. Baronet, de Grues Guay, que le témoin a également décrit comme un «ami» qu'il voit «à l'occasion». Henri Massé et son fils, ainsi que Louis Bolduc et Denis Vincent ont également pris part au voyage dont une partie des coûts a été assumée par Baronet.

Jean Lavallée reviendra devant la Commission demain matin pour une cinquième journée.

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