La police de Montréal a «déplacé » de ses fonctions aujourd'hui un autre policier vedette de sa division du crime organisé parce qu'il est visé par une enquête avec de possibles répercussions internationales.
Dans le jargon policier, le terme «déplacé» signifie d'être affecté à d'autres tâches dans un service différent, sans perte de salaire et d'avantages. Dans la division du crime organisé, cela signifie aussi perdre ses accès informatiques privilégiés, perdre le droit de contacter ses sources et même d'utiliser le téléphone cellulaire du service.

Les allégations visent le sergent-détective Philippe Paul sont si préoccupantes que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) sont intervenus dans le dossier pour assister le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avec son enquête.
En effet, le printemps dernier, la GRC a informé le SPVM qu'elle avait reçu des allégations d'une source qui remettait en question l'intégrité du sergent-détective Paul, de la Division du crime organisé.
Cette source de la GRC a prétendu que l'enquêteur fournissait de l'information à Arian Azarbar, un mystérieux homme d'affaires canadien-iranien de Montréal.

Cette même source mentionne, selon un rapport du SPVM, que la personne à qui Paul communiquerait des informations serait «un agent de renseignement iranien.»
Les présumés liens entre M. Azarbar et le Philippe Paul ont fait surface pour la première fois dans le cadre d'une enquête secrète de sécurité nationale initiée par la GRC à Ottawa.
Nous n'avons, à ce stade, aucune preuve que le sergent-détective Paul ou M. Azarbar auraient commis des gestes douteux ou illégaux. Nous n'avons pas non plus de preuve à l'effet que M. Azarbar serait un agent de renseignement iranien.
Dans une entrevue hier, M. Azarbar a nié catégoriquement être un agent de renseignement iranien. Il a aussi nié avoir reçu de l'information du sergent-détective Philippe Paul pour la refiler à d'autres personnes.
«Tu blagues? Ce sont des fausses allégations, J'ai gagné ma vie légalement avec des activités strictement commerciales. Je n'ai jamais commis de crimes», a-t-il dit.
Toutefois, Azarbar admet connaître quelques agents de renseignement canadiens du SCRS et admet que il a été questionné sur ses activités et projets.
Nous avons tenté en vain de rejoindre Philippe Paul.
Le SPVM est durement éprouvé depuis deux ans. En janvier 2012, TVA Nouvelles mettait au jour l'existence de la taupe Ian Davidson qui tentait de vendre de l'information policière à la mafia.
Le 5 octobre dernier, Benoît Roberge, tout juste retraité du SPVM était arrêté par la Sûreté du Québec pour avoir possiblement vendu des renseignements aux Hells Angels.
Deux rapports compromettants
Notre Bureau d'enquête a mis la main sur un rapport de la SPVM daté du 24 avril 2013, intitulé : Information sensible concernant un policier.
La note indique qu'une source de la GRC avait communiqué des informations possiblement compromettantes sur le le sergent-détective Paul.
«Il serait le protecteur d'un agent de renseignement iranien qui fournit de l'information du Canada à son pays d'origine. Le policier protège cet agent et lui fournirait de l'information,» explique-t-on, dans ce rapport. «Le Sgt.-dét. Paul était présentement impliqué dans de grands projets de construction et qu'il investissait au Venezuela.»
Un rapport de la GRC, dont nous avons aussi pris connaissance, donne un son de cloche similaire: «L'enquêteur informe possiblement l'agent de renseignement des enquêtes qui sont menées sur lui,» peut-on lire y lire. «Azarbar est une source de Philippe Paul... Azarbar a dit qu'il était intouchable,» selon la source qui a parlé à la GRC.
M. Azarbar est un individu complexe et difficile à cerner.
Le rapport de la GRC mentionne aussi un incident impliquant les deux hommes et un employé de l'Agence des Services frontaliers du Canada en 2011.
Les services frontaliers Canadiens avaient contacté le Sgt. Dét. Paul avec des questions sur Azarbar. «À l'intérieur de 24 heures, Azarbar avait rappelé pour savoir pourquoi les Services frontaliers ont contacté Paul,» dit le rapport.
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