Jeudi est une journée mi-sucrée, mi-amère pour Hydro-Québec. La plus importante hausse de tarifs en huit ans lui est accordée à 4,3% mais c'est loin des 5,8% réclamés à la Régie de l'énergie.
La décision, rendue jeudi, réduit ainsi les demandes de la société d'État de 1,5 point. Par contre, l'augmentation est la plus grande depuis 2006, alors que 5,23% avaient été accordés.
En argent, Hydro-Québec se fait refuser l'accès à 156 M$ d'argent neuf au sein d'une demande de 570 M$.
L'entreprise indique qu'elle va examiner la décision avant de réagir. Elle estime que l'impact sur la facture d'électricité sera de 93,36 $ par année pour une maison de taille moyenne.
La Régie, qui avait déjà réduit le taux de rendement consenti à Hydro, retranche aussi des revenus en matière d'approvisionnement. Elle dit non à des montants pour les phases 2 et 3 de l'installation des compteurs intelligents, qui n'ont pas encore reçu son feu vert. D'autres dépenses d'exploitation ont été «surestimées» de 10 M$, dit la Régie. Elle avait déjà réduit le taux de rendement accordé à la société d'État dans une décision mercredi.
Des commandes politiques
Il est cependant claire que c'est l'énergie éolienne qui fait monter la facture d'électricité des Québécois. Elle compte pour 2,7 points, soit plus de la moitié de la hausse. La hausse du prix de l'électricité patrimoniale est accordée tel que demandé à 0,8%.
«La majorité des hausses sont des commandes politiques, réagit Marc-Olivier Moisan-Plante, analyste en énergie à l'Union des consommateurs. On utilise de plus en plus les tarifs d'électricité à des fins autres que payer les montants nécessaires à la prestation des services.»
Dans un contexte où l'inflation gravite autour de 1%, la pilule est difficile à avaler pour Luc Boulanger, directeur exécutif de l'Association québécoise des consommateurs industriels d'électricité.
«Ce sont les conséquences des décisions du gouvernement et d'Hydro-Québec de s'aventurer dans [l'entreprise éolienne], indique M. Boulanger. Ce qui fait encore plus mal est que cela continue. Le gouvernement s'est engagé à une production éolienne supplémentaire.»
Ces observateurs croient qu'en période de surplus à long terme, ces achats d'électricité sont inutiles.
M. Boulanger se questionne même sur les décisions prises depuis plus de cinq ans, même si le but était de dédier des surplus au développement économique. «Nous n'avons pas d'objection à ce que le gouvernement fasse de la politique économique, dit-il. Nous nous opposons à devoir payer pour cela dans les tarifs. Ça devient une taxe indirecte.»
Marc-Olivier Moisan-Plante aimerait que cet argent soit plutôt versé à titre de subventions. «Ce serait beaucoup plus transparent et on pourrait vraiment se poser des questions sur leur rentabilité».
Enfin, notons que le tarif L des industriels augmente de 3,5%. Un nouveau tarif LG, touché par les augmentations du bloc patrimonial, est créé pour les plus grands consommateurs dont fait partie la Société de transport de Montréal.
«C'était un regroupement qui n'avait pas le profil des industriels, fait remarquer Luc Boulanger. En les extrayant, notre facteur d'utilisation s'améliore. Nous voyons cela d'un bon œil.»