L'élection du Parti libéral du Québec (PLQ) à la tête du gouvernement québécois préoccupe de nombreux intervenants du réseau de la santé, qui craignent que l'arrivée de Philippe Couillard au pouvoir n'ouvre davantage la porte au secteur privé dans la santé.
Lors du passage du chef libéral Philippe Couillard au ministère de la Santé, sous le règne de Jean Charest, plusieurs ont accusé les libéraux de fragiliser le système public en permettant au privé d'effectuer certaines chirurgies et en multipliant les partenariats public-privé.
Guillaume Hébert, chercheur à l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS), craint que le PLQ ne retourne à ses vieilles habitudes. Il estime que l'arrivée de M. Couillard à la tête du gouvernement est «de très mauvais augure» pour le système public.
«Avec M. Couillard, on pourrait revenir à l'accroissement accéléré de la place du privé dans la santé même si son discours est favorable au secteur public», a affirmé M. Hébert.
Deux secteurs «incompatibles»
Jacques Létourneau, président de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), partage la même préoccupation.«C'est inquiétant, on sait que 30% de ce qui est dépensé en santé est dirigé vers le privé, a-t-il déploré. On sait également que les libéraux, et particulièrement M. Couillard, se sont montrés assez ouverts à travailler davantage avec le privé.»
De son côté, Guillaume Hébert soutient que les services sociaux sont «très difficiles» à concilier avec les intérêts privés, au point où il considère que les deux secteurs sont «incompatibles».
«Le privé cherche à engranger les profits en allant chercher les cas plus légers, a expliqué M. Hébert. Le public, lui, doit répondre aux besoins de la population, mais il se retrouve avec les cas plus lourds et semble ainsi incapable d'effectuer une planification adéquate.»
Le privé, le «remède» des Québécois?
Le vice-président de l'Institut économique de Montréal, Jasmin Guénette, souhaite au contraire que les libéraux accordent davantage de place au privé dans la santé.«Je ne sais pas si le futur ministre va se montrer plus ouvert au privé, mais il faut qu'il introduise des mécanismes de concurrence pour permettre l'émergence du secteur privé», a soutenu M. Guénette.
M. Guénette considère que cela pourrait être le «remède» nécessaire au système présentement en «mauvais état».
Faisant référence à un sondage paru l'an dernier où 66 % des Québécois affirment vouloir davantage de privé en santé, il estime avoir le soutien de la population dans sa quête.
«Maintenant, il faut simplement que les politiciens surmontent les embûches politiques», a-t-il conclu.