Le président-directeur général d'ADM, James Cherry, était de passage chez Argent pour répondre à nos questions dans le cadre de l’assemblée annuelle de la société.
Question : À l'aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, le trafic est en hausse, mais se fait dépasser par des villes canadiennes parfois plus petites : l'aéroport de Calgary, par exemple, a pris le troisième rang au pays, Montréal le quatrième rang. Pourquoi ?
James Cherry : Il faut mettre ça en perspective. L'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau a énormément de capacités pour accommoder le trafic, nous avons amplement de transporteurs, mais le problème, c'est que nous n'avons pas assez de passagers, le marché n'est pas assez fort. Si le marché devient assez fort, les transporteurs seront là pour servir ce marché.
Q. : L'économie montréalaise n'est donc pas assez forte ?
James Cherry : Effectivement.
Q. : On a déjà reproché à ADM de ne pas être partie intégrante du développement économique de Montréal, de ne pas utiliser l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau comme outil de développement.
James Cherry : Deux choses : nous étions au cœur de la création de toute l'activité industrielle à Mirabel; et à Dorval, nous avons créé l'environnement nécessaire pour les transporteurs qui veulent servir ce marché-là. Mais on ne peut pas forcer un transporteur à servir un marché s'il n'y a pas de marché à servir.
Q. : Les gens d'affaires et les passagers font souvent des commentaires négatifs sur les environs de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. La circulation, par exemple, le cauchemar du rond-point Dorval...
James Cherry : Tout à fait.
Q. : …et il n'y a pas de navette ferroviaire vers le centre-ville de Montréal. Est-ce qu'il vous arrive de chauffer les oreilles du ministère des Transports ?
James Cherry : Tous les jours ! C'est nous qui avons proposé une navette ferroviaire, il y a des années. Il faut aussi avancer le projet au rond-point Dorval. Et le maître d'œuvre, c'est le ministère des Transports du Québec. Je suis frustré par le manque de progrès. Et même si ce n'est pas sur notre territoire, nous avons investi dans le cadre nécessaire pour accommoder une navette ferroviaire. Mais ADM ne peut pas régler ça seule. À Toronto, il y aura une navette l'an prochain, et ce n'est pas l'aéroport de Toronto qui a investi, c'est le gouvernement de l'Ontario. À Vancouver, la Canada Line, ce n'est pas l'aéroport de Vancouver qui a réalisé ça tout seul, c'était avec le gouvernement de Colombie-Britannique et la Ville de Vancouver.
Q. : L'expansion est-elle possible à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau ?
James Cherry : Nous avons trois pistes à Pierre-Elliott-Trudeau et les vols, aujourd'hui, ne les occupent pas à 50 %. Nous avons amplement la capacité d'ajouter les vols.
Q. : Parlons de la concurrence des aéroports américains. Nous perdons du terrain face aux aéroports de Plattsburgh et de Burlington, qui ont des projets d'expansion et qui attirent des Montréalais qui veulent épargner sur les frais.
James Cherry : C'est un phénomène pancanadien, ce n'est pas unique à Montréal. Le fait d'être si près de la frontière nous rend particulièrement vulnérables face à des aéroports américaines subventionnés, qui ne paient pas de loyers ni de taxes municipales à leurs villes. Dans le modèle canadien, les aéroports paient un loyer au gouvernement du Canada, des taxes municipales, et ne sont pas éligibles aux subventions gouvernementales.