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Bibeau a vidé ses coffrets de sûreté après le témoignage de Zambito

L'ex-organisateur libéral Pierre Bibeau, aujourd'hui vice-président chez Loto-Québec, a vidé ses coffrets de sûreté une dizaine de jours après le témoignage de l'entrepreneur Lino Zambito devant la commission Charbonneau.

Pierre Bibeau a reconnu mardi matin s'être rendu à la Caisse populaire de Mont-Saint-Bruno, le 26 octobre 2012, pour fermer ses deux coffres-forts et annuler sa marge de crédit. L'entrepreneur Lino Zambito venait alors de révéler devant la commission Charbonneau qu'il avait remis 30 000$ à l'ancien VP de Loto-Québec pour financer la campagne de l'ex-conjointe de ce dernier, la ministre libérale Line Beauchamp.

«Je n'étais pas dans mon état normal, j'essayais de tirer un trait sur tout le passé et le futur, a-t-il dit [...] J'étais suivi, j'avais des pensées suicidaires. Je voulais fermer mes livres [...]. Ç'a n'avait aucune logique, ça montre que je n'étais pas dans un état normal. J'étais en état de choc important.»

Sans surprise, Pierre Bibeau a amorcé son témoignage mardi matin en niant formellement l'histoire des 30 000$ racontée par Lino Zambito. «Je ne lui ai pas demandé 30 000$ et il ne m'a pas remis 30 000$ [...] S'il l'avait fait, je ne l'aurais pas pris», a-t-il mentionné.

Il a admis avoir croisé Lino Zambito lors d'un cocktail de financement organisé au marché 440 pour Line Beauchamp en avril 2009, et que quelques jours plus tard, l'entrepreneur était bel et bien venu le voir à son bureau, au siège de Loto-Québec.

Cependant, il n'a jamais été question de la somme de 30 000$, mais plutôt d'un problème de dézonage avec lequel Lino Zambito était aux prises à Boisbriand, probablement en lien avec l'usine de traitement des eaux, a souligné M. Bibeau.

L'entrepreneur voulait savoir si «la Ville de Boisbriand pouvait faire une demande de dézonage, si ça pouvait être recevable» a rapporté le VP de Loto-Québec. «Il n'était pas question que j'intervienne de quelque façon que ce soit [...] Zambito pensait que j'étais très important dans l'organisation du Parti libéral. Il surestimait mon influence», a-t-il poursuivi.

La drôle d'histoire du «petit change»

Pierre Bibeau a par ailleurs fourni une explication pour le moins rocambolesque quant à l'utilité de ses coffrets de sûreté.

Selon lui, l'un d'eux ne contenait «presque rien» et l'autre des documents importants. «Y'avait-il un restant de 30 000$?» a tout de même demandé le procureur, Me Crépeau. Mais le témoin a continué de nier.

De plus, après avoir fermé ses coffres en octobre 2012, il en a ouvert de nouveaux dans une autre banque, deux mois plus tard. Il a alors expliqué qu'il avait l'habitude d'amasser tout son «petit change» dans un bocal chez lui, puis de l'échanger au casino avant de le déposer dans ses coffres de sûreté. «Je n'ai pas une grosse somme, peut-être 2000$», a-t-il précisé.

Intriguée, la juge lui a demandé pourquoi il ne déposait pas tout simplement cet argent à la banque. Pierre Bibeau a alors expliqué qu'il craignait «la panne informatique», puis ajouté qu'il n'aimait pas avoir trop de liquide sur lui.

Des billets VIP pour les amis

En fin de matinée, Pierre Bibeau a également confirmé qu'il offrait des billets pour divers évènements commandités par Loto-Québec à ses amis.

«Vous favorisez des amis avec des biens qui appartiennent à l'État?» a souligné Me Crépeau. «Quand il n'y a pas d'autres preneurs, oui je le faisais», a répondu le témoin.
«Les billets étaient envoyés à Loto-Québec, pas à vous», a ajouté le procureur. «Mais ils sont sous ma responsabilité» a dit M. Bibeau.

Ce dernier a confirmé la liste des bénéficiaires de billets, déjà établie lundi par son ancienne secrétaire, Jocelyne Truchon (voir ci-dessous).

Rencontres au 357c

La commission est par ailleurs revenue sur les deux rencontres de Mme Beauchamp au club privé 357c dans le Vieux-Montréal, en présence d'entrepreneurs en construction, d'ingénieurs de firmes de génie-conseil, de l'ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal Frank Zampino, de l'ancien collecteur de fonds d'Union Montréal Bernard Trépanier et de Pierre Bibeau.

Selon ce dernier, ces rencontres qui datent de 2007 n'avaient rien à voir avec du financement politique, ni avec de quelconques retours d'ascenseur pour des contrats publics.

À l'époque, Mme Beauchamp était la ministre responsable de la région de Montréal. «Elle voulait rencontrer des intervenants du milieu des affaires pour savoir comment ils voyaient les problèmes politiques», a précisé Pierre Bibeau, ajoutant que la première rencontre avait donné lieu à «une discussion de très haut niveau», alors que la seconde n'avait été qu'une pluie de reproches contre le Parti libéral.

Des billets VIP à gogo pour:

• Sam Hamad, ministre du Travail (Open de golf du Casino).
• Bernard Trépanier, ex-trésorier d'Union Montréal (feux d'artifice)
• Violette Trépanier, ex-responsable du financement du PLQ (une dizaine d'entrées pour La Ronde).
• Marc Bibeau, PDG de Shockbéton et ex-argentier du PLQ.
• Jean Lapierre, chroniqueur politique et ex-député (pour «upgrader» sa chambre au Manoir Richelieu)
• Rodger Brulotte, chroniqueur sportif (billets au Centre Bell).

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