Une jeune mère de famille a été congédiée par la Ville de Montréal alors qu'elle était en plein congé de maternité, à la suite de la restructuration administrative du maire Denis Coderre.
N'ayant pas droit à l'assurance-emploi, elle réclame maintenant un changement législatif pour lui permettre d'obtenir des prestations.
En septembre dernier, Laurence* en est à sa dernière journée en tant que technicienne en environnement à la Ville. Enceinte de son premier garçon, elle quitte pour son congé de maternité avec la certitude de retrouver son poste à son retour.
Mais au mois d'avril, elle reçoit un appel de sa supérieure, l'informant qu'elle vient de perdre son emploi. Motif invoqué: la restructuration administrative annoncée deux mois plus tôt par le maire Denis Coderre, entraîne l'abolition de certains postes.
«À la base, ce n'est pas normal qu'on me renvoie alors que j'étais en plein congé de maternité», a dit la mère.
Elle tombe réellement sous le choc lorsqu'elle apprend qu'elle n'a pas droit à l'assurance-emploi.
«Inéquitable»
Selon la législation en vigueur au Québec, il est permis de congédier un employé qui bénéficie d'un congé parental en invoquant une restructuration.
Mais ce que peu de gens savent, selon Pierre Céré, porte-parole du Conseil national des chômeurs, c'est que les prestations de congé parental sont assimilées à des prestations de chômage. Conséquence?
«Si tu te fais congédier ou tu perds ton emploi pendant ton congé de maternité parentale, à la fin de ce congé il ne reste pas de chômage. Il y a vraiment quelque chose d'inéquitable là-dedans», a-t-il dit.
N'ayant plus qu'un mois de prestations sur le régime québécois d'assurance parentale (RQAP), Laurence se dit plutôt inquiète pour son avenir.
«Je n'ai pas réussi à trouver un emploi dans mon domaine. J'ai passé quelques entrevues, mais ça n'a pas été concluant. J'ai peur de ne pas être capable de payer mon hypothèque», a ajouté la jeune femme.
Peu d'espoir de changement
Elle estime que les parents qui perdent leur emploi alors qu'ils sont sous le RQAP devraient bénéficier des prestations d'assurance-emploi, un avis que partage également M. Céré.
«Est-ce que le programme fédéral d'assurance-emploi devrait prévoir à tout le moins des mesures transitoires d'aide financière? Je pense que oui. Le régime devrait prévoir ce genre de situation», soutient-il.
Pierre Céré estime qu'un changement législatif est très peu probable en raison des coûts supplémentaires que cela engendrerait pour les autorités.
«Ce qui est clair, c'est qu'au niveau du gouvernement on ne veut pas. Il y a vraiment une fermeture. Depuis une trentaine d'années, tout ce qu'on fait c'est d'imposer des mesures de compression», a déploré le porte-parole.
* Nom fictif. La jeune femme a préféré garder l'anonymat pour ne pas nuire à ses chances d'obtenir un nouvel emploi à la Ville de Montréal.