L'augmentation des tarifs d'électricité au Québec pourrait être beaucoup plus importante que 3,9%, comme le révélait hier notre bureau d'enquête.
Dans sa dernière demande tarifaire, Hydro-Québec a proposé d'étaler sur cinq ans, dans les tarifs de 2016 à 2020, les coûts de l'électricité achetée l'hiver dernier à cause des grands froids; un montant de près de 400 M$.
Dans le passé, en 2006, a appris notre Bureau d'enquête, une demande semblable avait été refusée par la Régie de l'énergie.
Dans une décision d'une centaine de pages, elle écrivait à l'époque: «La Régie considère que fausser le signal de prix en permettant de consommer l'électricité sous le prix coûtant est non souhaitable. Acquiescer à la demande du Distributeur reviendrait, en fait, à permettre aux clients de consommer de l'électricité à crédit. »
Si la Régie maintient sa position aujourd'hui, les clients d'Hydro-Québec pourraient faire face le 1er avril 2015, à une hausse d'environ 7% de leur facture, si la demande officielle de 3,9% est maintenue.
Toute cette question de la «carte de crédit d'Hydro-Québec» si on peut dire va maintenant hanter cette automne les audiences de la Régie de l'énergie; la Régie devra dire si elle d'accord avec ce qu'elle avait affirmé en 2006.
L'hiver dernier, Hydro-Québec a acheté de l'électricité à des coûts parfois 5 fois et 8 fois plus
élevés que ce qu'elle vend en moyenne sur le marché spot américain.
Et une partie de cette électricité venait des centrales d'Hydro-Québec qui ne sont pas réglementées par la Régie
«Hydro-Québec Productions aurait fait une vente d'environ 280 M$, et là-dessus, il y aurait environ 250 M$ de profits. C'est, pour ainsi dire... Hydro aurait profité de la vague de froid pour faire des profits faramineux sur le dos de la clientèle québécoise», dit Marc-Olivier Moisan-Plante, de l'Union des consommateurs.
Dans un courriel, Hydro-Québec soutient, sans donner de chiffres, que les montants sont inférieurs à cela.