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Aucun député sur le Touch, jure Accurso

Commission Charbonneau

L'entrepreneur Antonio «Tony» Accurso était de retour pour une troisième journée, aujourd'hui, devant la commission Charbonneau alors qu'on s'est intéressé davantage aux personnes qui ont voyagé avec lui au cours des années.

Lorsque la Commission lui a demandé si des politiciens avaient séjourné sur son luxueux yacht, le Touch, l'entrepreneur a été catégorique.

«Aucun ministre provincial ou fédéral, aucun député provincial ou fédéral», a-t-il juré.

Le témoin a cependant révélé, quelques minutes plus tard, qu'il avait fait des voyages sur d'autres bateaux loués avant la mise à l'eau du Touch. Parmi les invités: Robert Abdallah, Clément Godbout, Louis Laberge et Henri Massé.

Saisissant la balle au bond, la Commission a voulu savoir si des élus avaient séjourné sur un autre bateau que le Touch en sa compagnie. Cette fois, Accurso a été moins catégorique.

«De ce que je me souviens, non. Peut-être que je me trompe, mais personne ne me vient à l'idée.»

Guerre contre Borsellino

La procureure en chef, Me Sonia LeBel a aussi poursuivi son interrogatoire dans l'espoir de mieux saisir les relations que Tony Accurso a entretenues avec certaines personnes en autorité, notamment avec l'ancien DG de la SOLIM (le bras immobilier du Fonds de solidarité FTQ) Guy Gionet.

Alors que le témoin a qualifié M. Gionet de «connaissance», la Commission a voulu savoir s'il avait tenté à un moment ou à un autre de s'ingérer dans les affaires de la SOLIM. Des extraits d'écoute électronique déposés en preuve tendent à prouver qu'Accurso n'a pas hésité à dénigrer un de ses concurrents, Giuseppe Borsellino (Garnier), pour se tailler un chemin.

Lors d'un appel entre Accurso et Gionet le 5 février 2009, le DG de la SOLIM raconte à son interlocuteur que M. Borsellino l'a contacté dans le but de le rencontrer. Cherchant d'abord de quel entrepreneur il s'agit [NDLR: deux entrepreneurs portent le nom de Giuseppe Borsellino], Accurso finit par dire que c'est le «mauvais» Borsellino.

«Moi, je ne perdrais pas de temps avec ça. Je ne lui donnerais pas de rendez-vous», dit par la suite l'entrepreneur, ajoutant que Borsellino est un ami de Jocelyn Dupuis.

Questionné à savoir pourquoi il avait tenu ces propos, Accurso a semblé embêté. «J'ai présumé qu'il voulait mon avis. [...] Je ne l'aime pas ce gars-là [Borsellino], c'est aussi simple que ça!», a-t-il finalement lâché.

«Est-ce que votre but c'est de faire en sorte que SOLIM ne fasse pas d'affaires avec Borsellino?», lui a alors demandé Me LeBel. «Mon but c'est juste de dire de faire attention à ce monsieur-là», a répliqué l'homme d'affaires.

Relations avantageuses?

Dans la même veine, Me LeBel a persisté à vouloir savoir si Tony Accurso cultivait seulement ses relations par intérêt pour ses affaires, ce qu'a nié le principal intéressé.

En guise de preuve, la Commission a fait entendre une conversation téléphonique de mars 2009 entre Michel Arsenault et Lawrence McGrady au cours de laquelle ce dernier souligne le caractère opportuniste de l'entrepreneur.

«Tu sais comment il est Accurso... Il ne me parlait pas, avant, lui. Mais quand il a su que j'étais directeur aux Métallos, je suis devenu son grand chum», dit-il.

Comme il l'a fait depuis le début de son témoignage, Tony Accurso a maintenu qu'il ne pouvait tirer de grands avantages de ses relations.

«Le seul avantage que je peux penser que mes contacts pouvaient me donner c'est que si j'avais un dossier et qu'il y avait urgence, oui définitivement, ils pouvaient le mettre sur le dessus de la pile. Je pense que le seul dossier qui est devenu une urgence et qui est passé en priorité c'est l'acquisition de Simard-Beaudry», a expliqué le témoin.

Accurso a par la suite remis en doute le fait qu'il aurait eu une plus grande part de financement que d'autres entrepreneurs. Confronté à une discussion entre Michel Arsenault et son conseiller Gilles Audette et au cours de laquelle il est dépeint comme celui qui se croit «le seul sur Terre» et où le président de la FTQ dit qu'on devra «partager la tarte», le témoin a protesté.

«Considérez-vous avoir eu une plus grosse part de tarte que ce que vous deviez avoir?», lui a demandé Me LeBel. «Je n'ai jamais réfléchi à cette question et je ne me suis jamais comparé aux autres», a simplement répondu le témoin après avoir tenté d'esquiver la question.

En fin d'après-midi, Tony Accurso a accusé le Parti québécois de l'avoir «barré» chez Hydro-Québec en 2012. (Autre texte à ce sujet)

MISES À JOUR

16h50: Fin des audiences pour la journée. Reprise demain matin.

16h48: Commission dépose en preuve une photo d'Accurso et Jean Charest en 2001. «Cher Tony, merci pour l'appui», est-il écrit sur la photo avec le nom de Jean Charest.

16h37: Écoute électronique du 19 septembre 2012 entre Accurso et Abdallah. «Fais rien, c'est important que ça ne s'ébruite pas», dit Accurso qui affirme avoir parlé à un proche du PQ. «Le message que j'ai eu, c'est que ça venait du bureau de Pauline Marois et c'est son bureau qui aurait appelé à Hydro-Québec pour demander de me barrer des chantiers.» «Je n'ai peut-être pas donné assez d'argent au PQ.»

16h33: Écoute électronique du 19 septembre 2012 entre Accurso et Arsenault. Ce dernier dit être à l'Assemblée nationale. Accurso lui dit de regarder la lettre d'Hydro-Québec qu'il vient de lui envoyer par courriel. Encore une fois, le témoin dit qu'il voulait seulement de «l'information» sur les causes et non une intervention.

16h24: Écoute électronique du 19 septembre 2012 entre Accurso et Robert Abdallah (qui n'est pas à l'endroit d'Hydro-Québec depuis 2003). Accurso demande à Abdallah de s'informer. «Ouin, ça ne va pas bien», répond ce dernier. «Encore une fois vous vouliez utiliser une relation d'amitié pour rectifier une situation qui vous désavantageait», lâche Me LeBel.

16h18: Écoute électronique du 19 septembre 2012 entre Accurso et son fils Jimmy. Ce dernier raconte avoir reçu une lettre d'Hydro-Québec qui demande aux entreprises d'Accurso de ne plus soumissionner pour «toutes les jobs» pour une «durée indéterminée» pour «favoriser une saine compétition».

16h14: Accurso dit qu'à sa mémoire, il n'a utilisé Arsenault pour s'avantager personnellement. «Peut-être que oui, j'ai tellement fait de dossiers... Ça pourrait avoir arrivé, mais je n'ai pas un dossier qui me vient ne tête.»

16h05: On reprend l'écoute de la conversation du 8 janvier 2009. Accurso reconnaît qu'il avait un intérêt à ce que le projet de la 25 soit modifié. «J'ai utilisé Michel Arsenault pour amener un problème majeur à l'attention du premier ministre.» Dit qu'il l'a fait pour l'industrie et non pour lui.

15h55: Écoute électronique du 8 janvier 2009 entre Accurso et Arsenault. Accurso se dit en «tabarnak» parce que des contrats échappent aux entreprises québécoises. Témoin dit qu'il espérait que Jean Charest soit mis au courant.

15h53: Témoin reconnaît avoir tenté d'utiliser l'influence de Michel Arsenault. Dossiers de l'autoroute 30, de l'autoroute 25. «Je lui parlais quand ça concernait le bien de l'économie québécoise. Je pensais que le meilleur porteur de ballon pour expliquer ça aux décideurs, c'était quelqu'un comme lui.»

15h50: Reprise des audiences. Me LeBel veut examiner plus en profondeur la relation d'Accurso avec Michel Arsenault. Témoin dit qu'ils sont amis depuis une trentaine d'années. Accurso dit être allé souvent sur le bateau d'Arsenault, sur le fleuve Saint-Laurent, dans les années 90.

15h15: PAUSE

15h08: Écoute électronique du 19 février 2009 entre Arsenault et Gilles Audette. «Va falloir que Tony comprenne qu'il n'est pas seul sur la Terre et qu'il y a d'autres entrepreneurs», dit Audette. «Va falloir partager la tarte», ajoute Arsenault. «Considérez-vous avoir eu une plus grosse part de tarte que ce que vous deviez avoir?», demande Me LeBel. «Je n'ai jamais réfléchi à cette question et je ne me suis jamais comparé aux autres.»

14h58: Écoute électronique du 12 mars 2009 entre Gionet par Marcel Melançon (associé d'Accurso dans Marton). «On vise avec Tony peut-être 15%, Prével peut-être 10», dit Gionet. «Est-ce que c'est vraiment une coïncidence que vous aviez 15%?», demande procureure qui émet l'hypothèse que ce chiffre soit plutôt en lien avec ses relations. Accurso dit que Gionet se trompe dans les chiffres.

14h50: «Le seul avantage que je peux penser que mes contacts pouvaient me donner c'est que si j'avais un dossier et qu'il y avait urgence, oui définitivement, ils pouvaient le mettre sur le dessus de la pile. Je pense que le seul dossier qui est devenu une urgence et qui est passé en priorité c'est l'acquisition de Simard-Beaudry.»

14h46: On arrive aux passagers des autres bateaux: Louis Laberge, Yves Paré (FTQ-C), Henri Massé, Clément Godbout. Députés ou ministres? Non, dit Accurso. «De ce que je me souviens, non. Peut-être que je peux me tromper, mais personne ne me vient à l'idée.»

14h39: Accurso révèle qu'avant le Touch, il a fait des voyages sur d'autres bateaux en location. «J'ai invité à un moment donné Robert Abdallah et Clément Godbout.» Henri Massé aussi a séjourné sur un bateau en compagnie d'Accurso et de Jean Lavallée. Semble-t-il que c'est Lavallée qui a invité Massé.

14h35: Écoute électronique du 21 mars 2009 entre Michel Arsenault et Lawrence McGrady. «Tu sais comment il est Accurso... Il me parlait pas, avant, lui. Mais quand il a su que j'étais directeur aux Métallos, je suis devenu son grand chum», dit McGrady.

14h34: «Développez-vous des relations avec des gens par intérêt pour vos affaires?», demande Me LeBel. «Non.»

14h32: On parle de la relation d'Accurso avec Michel Arsenault. Dit qu'ils se sont connus alors qu'Arsenault était aux Métallos. Raconte qu'Arsenault avait aussi un bateau et qu'il l'invitait. Accurso jure qu'il n'est pas devenu son ami parce qu'il était «utile» à ses affaires.

14h29: Accurso ne se souvient pas avoir eu à faire affaire avec les Fonds régionaux.

14h24: France Charbonneau revient sur la liste des invités du Touch. Accurso ajoute des amis d'enfance, des amis de l'école militaire, Mick Jagger et des membres de la famille de sa conjointe. «Aucun ministre provincial ou fédéral, aucun député provincial ou fédéral», jure Accurso. «Pas de haut fonctionnaire, pas de membres de cabinets politiques.»

14h20: Reprise des audiences.

12h43: PAUSE DU DÎNER

12h34: Écoute électronique du 6 février 2009 entre Accurso et Gionet. Visiblement, malgré la conversation de la veille, Accurso continue d'enquêter sur la raison pour laquelle Borsellino veut voir Gionet. C'est même lui qui rappelle Gionet pour lui parler. On parle entre autres de construction de locaux pour Bernard Girard du 791. «Bernard Girard, c'est notre chum en tabarnak», dit Accurso dans la conversation. «Je devrais être invité pour soumissionner», dit Accurso devant la CEIC. «Je pense qu'il n'y a pas un entrepreneur sur la planète qui ne dénigre pas ses compétiteurs», ajoute-t-il.

12h31: «Ça change quoi qu'il soit dans le clan de Dupuis?», demande France Charbonne au sujet de la conversation qu'on vient d'entendre. «Je pense que ça ne change rien...», répond Accurso, mal à l'aise. «Est-ce que votre but c'est de faire en sorte que SOLIM ne fasse pas d'affaires avec Borsellino?», demande Me LeBel. «Mon but, c'est juste de les informer.»

12h24: Accurso dit que le Fonds de solidarité sollicitait ses recommandations «à l'occasion». Écoute électronique du 5 février 2009 entre Accurso et Guy Gionet. Ce dernier lui dit que Borsellino (Garnier) l'a contacté. «Moi, je ne perdrais pas de temps avec ça. Je ne lui donnerais pas de rendez-vous», lui répond Accurso, ajoutant que Borsellino est un ami de Jocelyn Dupuis. Témoin se défend en disant que c'est Gionet qui a appelé. «J'ai présumé qu'il voulait mon avis.» «Je ne l'aime pas le gars, c'est aussi simple que ça.»

12h18: On parle de Giuseppe Borsellino, de Garnier. Accurso l'identifie comme un compétiteur.

12h11: On parle de Guy Gionet, qui a été DG de la SOLIM. «C'est un gars que j'ai connu à travers les dossiers qu'on a présentés. C'est devenu une connaissance.» Me LeBel demande à Accurso s'il se mêlait des affaires de la SOLIM. Témoin dit qu'il lui parlait seulement de ses dossiers.

12h10: On revient sur Bernard Girard. «Qui est-il par rapport à vous?», demande la procureure. «Je crois que c'est une bonne connaissance; bon contact. C'est un monsieur qui est exceptionnel, vraiment sincère...» «Je le connais, mais on dîne ensemble une fois, maximum deux fois, par année.»

12h09: Me LeBel demande à Accurso s'il y a des personnes qui ne figurent pas sur les photos déposées en preuve qui ont séjourné sur le Touch. On y reviendra.

12h07: La Commission demande à obtenir la liste complète des passagers qui ont séjourné sur le Touch. «Ça pose un problème», dit l'avocat d'Accurso. Dit que c'est très difficile, car il n'y a pas de registre et qu'Accurso n'est pas en mesure de fournir des dates précises.

12h05: Tony Accurso est assermenté et débute la 3e journée de son témoignage.

12h00: Début des audiences publiques. France Charbonneau dit avoir deux décisions à rendre. Les commissaires interdisent toute question au sujet de la présence de Richard Marcotte et Normand Trudel sur le Touch en lien avec le projet Gravier.

11h50: La Commission n'a pas donné de nouvelle heure de reprise. Toujours en attente.

11h21: Toujours aucune nouvelle quant à la reprise de la CEIC.

10h19: On nous annonce un retour en publication à 11h.

9h30: Les audiences débutent en non-publication, car on doit terminer un débat entamé hier après-midi. L'avocat de Tony Accurso est intervenu après que Me Sonia LeBel eut questionné le témoin au sujet de séjours sur le Touch.

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