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Les Rizzuto, clients «réguliers» de L'Onyx

Commission Charbonneau

Le présumé parrain de la mafia montréalaise Vito Rizzuto et son fils Nick étaient des «clients réguliers» du restaurant d'Antonio «Tony» Accurso, L'Onyx, à Laval.

C'est ce qu'a confirmé l'entrepreneur, aujourd'hui, au cinquième et dernier jour de son témoignage devant la commission Charbonneau. Alors que la procureure en chef, Me Sonia LeBel, s'était jusqu'ici penchée sur les relations de l'homme d'affaires avec le milieu syndical, elle a enchaîné en abordant les liens d'Accurso avec le crime organisé.

Après avoir reconnu que les Rizzuto étaient des habitués de L'Onyx, Tony Accurso a raconté que le présumé parrain était intervenu dans le dossier de l'échangeur L'Acadie dans le but de favoriser Lino Zambito. Vito Rizzuto lui aurait par la suite proposé de participer à la construction du 1000 de la Commune, dont il a souvent été question devant la Commission.

«Je n'ai jamais voulu travailler pour M. Rizzuto ou pour tout projet qu'il voulait faire. Je ne voulais pas le faire. Que ce soit des contrats pour lui ou pour ses amis», a raconté le témoin.

«Je n'ai aucun lien avec le crime organisé»

Accurso a été confronté à de nombreux extraits d'écoute électronique qui portent à croire que l'homme d'affaires entretenait d'étroites relations avec des membres du crime organisé.

Dans une conversation du 31 janvier 2004 à laquelle prend part Nick Rizzuto père, Accurso est décrit comme un «ami» qui laisse manger gratuitement des membres de la mafia dans son restaurant.

Il a aussi été question d'un rapport de filature du projet Colisée où des policiers ont aperçu Accurso et Vito Rizzuto se faisant l'accolade. «C'est une tradition italienne de faire des accolades. J'ai appris ça de mon père. Je fais ça avec mes enfants, avec mes amis, avec de bons clients», a expliqué le témoin pour se justifier, jurant qu'il n'a «aucun lien» avec le crime organisé.

D'autres conversations entre Accurso et Nick Rizzuto fils font quant à elles état de rencontres entre les deux hommes. Dans l'une d'elles, l'entrepreneur donne rendez-vous à la «même place [que d'habitude]» à son interlocuteur, ce qui porte la Commission à croire qu'il y en a eu plusieurs.

Le maire de Terrebonne deux fois sur le Touch

Par ailleurs, il a été possible d'apprendre que le maire de Terrebonne, Jean-Marc Robitaille, a séjourné à deux reprises sur le luxueux yacht d'Accurso et aux frais de ce dernier alors qu'évoluait le dossier de l'ancienne pépinière de Montréal.

Il a ainsi été établi, notamment à l'aide de photos obtenues par la Commission, que M. Robitaille s'est rendu sur le Touch en février 2006, puis en mars 2008.

Questionné quant à la présence du maire de Terrebonne sur son bateau, Tony Accurso a juré que ce n'est pas lui qui l'a invité. «Ce n'était pas mon ami et ce n'est pas devenu mon ami. C'est Normand Trudel [entrepreneur aussi présent sur le Touch] qui l'a invité.»

Comme il l'a fait à plusieurs reprises depuis le début de son témoignage mardi dernier, l'homme d'affaires a fermement nié avoir discuté d'un quelconque dossier avec ses invités lors de ces voyages.

Or, la procureure en chef Me Sonia LeBel a tenté de prouver par tous les moyens de lier les séjours de Robitaille sur le Touch au terrain de l'ancienne pépinière de Montréal, situé à Terrebonne, et qu'Accurso a acquis lors de son «divorce» avec la SOLIM en 2010.

C'est que le terrain en question, zoné agricole, a été acquis par le bras immobilier du Fonds de solidarité FTQ en 2005 et, dès 2007, Louisbourg a été approchée dans le but d'y construire de futures infrastructures. Même si la valeur du terrain a été évaluée entre 2,7 et 7,5 M$ par trois firmes différentes, Accurso a pu l'obtenir pour 2,8 millions à l'été 2010.

Or, lors d'une conversation téléphonique avec un courtier immobilier deux ans plus tard, l'entrepreneur affirme qu'il a refusé une offre de 35 millions de la part d'une personne intéressée à acheter le terrain de Terrebonne que son prix est plutôt de 50 millions, et ce, même si le terrain demeure à ce jour zoné agricole.

MISES À JOUR

16h34: Fin du témoignage de Tony Accurso.

16h32: Fin du contre-interrogatoire par Me Tremblay. Contre-interrogatoire par Me Michel Décary, du PLQ.

16h26: Accurso dit que le chèque pour Jacques Duchesneau a été fait à Gesplani R.L.L.

16h12: Me Tremblay demande à ce que la lettre d'Hydro-Québec dont il a été question durant le témoignage soit fournie à la Commission.

15h49: Contre-interrogatoire par Me Estelle Tremblay, du PQ.

15h47: «J'en ai appris beaucoup, ici, à la Commission», dit Accurso au sujet de la collusion. «C'est sûr que je le savais qu'il y avait de la collusion, mais ça ne nous touchait pas.»

15h35: Renaud Lachance veut aussi quelques explications.

15h33: Reprise des audiences. Me LeBel veut avoir une dernière précision du témoin.

15h02: PAUSE

15h00: Me LeBel dit qu'elle a pratiquement terminé avec le témoin.

14h54: Écoute électronique du 1er mai 2009 entre Accurso et Vincent. Accurso l'appelle «mon chum» et les deux hommes parlent de se voir le dimanche. Accurso se moque de Jean Lavallée qui pleure en raison de la maladie de son chat. Denis Vincent est ami avec Marco, fils d'Accurso. «Vous parlez contre votre grand ami à quelqu'un pour qui vous n'avez pas d'estime», fait remarquer France Charbonneau.

14h50: Écoute électronique du 25 mars 2009 entre Accurso et Arsenault. Accurso décrit Vincent comme une «sangsue».

14h46: Écoute électronique entre Accurso et Michel Arsenault. Accurso dit qu'il n'a «jamais» eu à faire avec Vincent. «De là à dire qu'il est impliqué dans le crime organisé, ça me surprendrait ben gros», dit Accurso à Arsenault qui s'inquiète de Vincent.

14h43: On parle de Denis Vincent. «C'est un gars qui est beaucoup ami avec Jean Lavallée. Lavallée aimait ça aller à la chasse et à la pêche et ils faisaient beaucoup de voyages ensemble.» Une transaction avec lui: Accurso a acheté un hélicoptère à son fils.

14h40: Renaud Lachance est étonné qu'Accurso ait accepté de rencontrer Desjardins.

14h20: Accurso dit avoir rencontré Desjardins à deux reprises. Première fois, c'est Jean Lavallée qui l'amène le rencontrer. Desjardins aurait dit à Lavallée qu'il devait quitter la FTQ. «J'ai été extrêmement surpris.» Deuxième rencontre au sujet d'Écolosol. Desjardins lui aurait demandé de «fermer» la compagnie.

14h27: On parle de Raynald Desjardins. La semaine dernière, Accurso dit avoir eu «zéro contact» avec lui. «Je connaissais sa réputation. Il avait fait de la prison et il était impliqué dans plein de choses. Il était membre du crime organisé.» Me LeBel demande différence entre Rizutto et Desjardins.

14h26: Me LeBel demande comment Accurso peut être certain que Rizutto payait tout à L'Onyx alors qu'il admet lui-même qu'il n'était pas gérant de l'établissement et qu'il n'y était pas toujours.

14h23: La rencontre entre Accurso et Rizzuto a bel et bien eu lieu. Il semble que Rizutto voulait encore lui parler du 1000 de la Commune. «J'ai dit que le projet on l'avait étudié et que pour des raisons économiques on ne pouvait pas.»

14h19: Écoute électronique du 2 novembre 2012 entre Accurso et Ranieri. «Il doit te voir», dit Ranieri. Témoin dit que «il» est Vitu Rizzuto. «Pourquoi si vous refusez toutes leurs offres, ils continuent de vous relancer?», demande Me LeBel. «Pourquoi vous ne claquez pas la porte avec le parrain de la mafia?» «Question de diplomatie», répond Accurso.

14h11: Écoute électronique du projet Honorer entre Accurso et Ranieri du 17 septembre 2012. Conversation en italien. «Demain, à quelle heure veux-tu aller au quartier?», demande Ranieri. Ce dernier veut prévoir une rencontre entre Accurso et Vito Rizzuto. Commission fait remarquer qu'à ce moment, Rizzuto était toujours emprisonné. «Ça, c'était une rencontre avec Frank Bertucci (?). Il fait du placement, comme un chasseur de têtes.»

14h10: «On se parle très, très, très souvent», dit Accurso au sujet de Ranieri. «Il peut appeler dix fois dans la même journée. S'il te joignait pas, il était très tenace.»

14h07: Reprise des audiences. Il est question de Tony Magi. Témoin dit qu'il ne lui faisait pas confiance. «Moi, je ne voulais pas travailler sur un projet où Tony Magi était impliqué.»

12h33: PAUSE DU DÎNER / REPRISE À 14H

12h28: «Pourquoi quand vous rencontrez Nick Rizzuto Jr vous ne pouvez pas le faire dans un endroit public alors que vous l'avez déjà rencontré à L'Onyx?», demande Me LeBel. «Sûrement que j'avais un lunch au centre-ville après... Nous sommes allés là et c'est tout.»

12h24: Écoute électronique du 18 octobre 2005 entre Rizzuto Jr et Accurso. Les deux hommes reviennent sur leur lieu de rencontre. Il est question de «same place», donc la Commission dit qu'il y a eu plusieurs rencontres. Rizzuto parle maintenant de «lobby». À l'écoute de la conversation précédente, Accurso avait dit qu'il rencontrait Rizzuto à L'Onyx. Maintenant, il parle du Peel Plaza. Ils se sont rencontrés dans un appartement.

12h17: Écoute électronique entre Accurso et Rizzuto Jr le 17 octobre 2005. «Filippo ne t'a pas fait le message?», demande Accurso. Le témoin vient tout juste d'affirmer qu'il n'a jamais fait passer un message aux Rizzuto par Ranieri. Nick Rizzuto Jr était aussi un «client régulier» de L'Onyx.

12h13: Écoute électronique entre Rizutto et Ranieri du 27 novembre 2003. Rizutto demande à Ranieri d'organiser une rencontre avec le «Tony de Laval» concernant la construction du 1000 de la Commune.

12h12: «Je n'ai aucun lien avec le crime organisé.»

12h07: Il est question de la relation entre Accurso et Filippo Ranieri.

12h00: Écoute électronique captée par un micro dans une salle le 31 janvier 2004. L'originale est en italien, mais on dépose en preuve la traduction en français. Nick Rizzuto père est là. Accurso est décrit comme «ami» et on dit que Rizzuto ne payait pas à L'Onyx. «Ça ne me dit rien», dit le témoin.

11h59: Accurso dit qu'il parlait seulement à Rizzuto en tant que client, dans son établissement. «Moi, je n'étais pas là pour déranger personne.»

11h58: Accurso dit qu'il n'était pas au courant d'une rencontre entre Rizzuto et «Mom» Boucher à L'Onyx en juin 2000 pour fixer le prix de la cocaïne à Montréal.

11h55: «Je n'ai jamais voulu travailler pour M. Rizzuto ou pour tout projet qu'il voulait faire. Je ne voulais pas le faire. Que ce soit des contrats pour lui ou pour de ses amis.»

11h50: Rizzuto est devenu un client dès les débuts de L'Onyx, dit Accurso. Les deux hommes se sont parlé «à quelques occasions». Il semble que Rizzuto voulait impliquer Accurso dans la construction du 1000 de la Commune en 2002. «C'est une tradition italienne de faire des accolades. J'ai appris ça de mon père. Je fais ça avec mes enfants, avec mes amis, avec de bons clients...», dit le témoin au sujet de son accolade avec le parrain présumé de la mafia qui a été vu lors d'une filature dans le projet Colisée.

11h44: Rizzuto aurait demandé à parler à Accurso. Ce dernier a dit oui. Rizzuto lui aurait alors parlé du projet L'Acadie et comme quoi Zambito voulait obtenir le contrat. «Qu'il soumissionne», aurait répondu Accurso. «Moi, j'ai compris que c'était l'ami de Lino.»

11h42: Accurso dit ne «jamais» avoir payé un pizzo pour devoir travailler.

11h41: Rizutto était un client «très respectueux». Il payait ses factures, gentil avec le personnel. «Je n'avais aucune raison de le mettre dehors.» «Que saviez-vous sur Rizzuto?», demande Me LeBel. «Il était supposé être le parrain à Montréal.»

11h37: Témoin dit que la seule fois où il a été approché pour de la collusion est le projet du rond-point L'Acadie. Accurso dit que Vito Rizzuto était un client régulier de son club à Laval. Dit que Lino Zambito était «complètement incompétent» pour faire les travaux de L'Acadie.

11h36: Accurso nie avoir participé à des activités de collusion à Montréal. Ajoute ne pas avoir eu de difficulté à soumissionner sur des contrats.

11h31: Reprise des audiences. On parle maintenant des contrats à Montréal.

10h48: PAUSE

10h46: Accurso dit qu'il ne croit pas que Robitaille contrôle le dézonage des terrains. «Vous avez des centaines de personnes qui doivent passer à travers un dossier pour que ce soit accepté.»

10h34: «Je pense que c'est un gars d'immeubles», dit le témoin qui se dit incapable d'identifier le Christian en question. Me LeBel dit qu'actuellement Accurso a intérêt à retarder le dézonage, car la période économique n'est pas propice au développement.

10h30: Écoute électronique du 25 octobre 2012 entre Accurso et un certain Christian. «Mon dézonage je vais l'avoir à la fin de l'année, au début de l'année prochaine», dit Accurso à son interlocuteur. L'entrepreneur dit qu'il a refusé 35 M$, il demande 50 M$ pour l'achat. «Qu'il me fasse une offre, mais faut que ce soit plus que 35, ça je l'ai refusé.» «J'ai quelqu'un qui travaille sur le dézonage», dit aussi Accurso.

10h26: Accurso reconnaît qu'un terrain dézoné vaut plus cher qu'un terrain zoné agricole. «Actuellement, ça coûte 250 000$ par année juste en taxes», ajoute-t-il pour justifier le fait qu'il aurait aimé le voir dézoné «le plus rapidement possible». «Le terrain vient te gruger si tu ne le développes pas rapidement.»

10h22: Commission dit que trois évaluations du terrain ont été faites: valeur entre 2,7 M$ et 7,5 M$. Accurso l'a finalement eu pour 2,8 M$.

10h14: Accurso explique qu'il voulait avoir un crédit d'impôt sur développement futur. «Ça a été fait fair et clean», dit Accurso au sujet du projet, ajoutant que tous les journalistes étaient sur son dos.

10h08: Écoute électronique du 4 février 2009 entre Accurso et Guy Gionet. Accurso parle qu'il veut faire un «tax scheme» avec le terrain de Terrebonne et qu'il doit être propriétaire à 100%. «Le mot «scheme» il ne faut pas le prendre au sens péjoratif. C'est légal», jure Accurso devant la Commission.

10h07: Devant l'insistance de Me LeBel, Accurso perd patience et dit une fois de plus que le Touch était un «chalet» et continue de nier tout lien avec des projets.

10h05: On est dans les détails techniques du projet de l'ancienne pépinière. Alors qu'Accurso dit que ce n'était pas «une priorité» pour lui, un document laisse croire que c'est lui qui s'en occupait directement, car il n'y avait aucun chargé de projet. «Ça n'a ni queue, ni tête», dit le témoin.

9h53: Accurso dit avoir été approché par la SOLIM entre 2005 et 2010 pour construire les futures infrastructures du terrain de Terrebonne.

9h51: «Un n'a rien à voir avec l'autre», dit Accurso au sujet du terrain, puis de la présence de Robitaille sur le Touch.

9h49: Accurso a le terrain depuis août 2010. Avant, terrain était à la SOLIM depuis novembre 2005. «Ce n'est pas dans la vocation de la SOLIM d'acheter les terrains et de ne pas les développer», dit Me LeBel. Accurso jure qu'il n'a rien à voir dans l'acquisition de ce terrain.

9h47: On parle du terrain de l'ancienne pépinière de la Ville de Montréal, à Terrebonne. Accurso devenu propriétaire lors de son «divorce» avec le Fonds et la SOLIM. «Quelles sont vos intentions?», demande Me LeBel. Accurso dit que c'est encore zoné agricole, mais qu'il espère y développer une zone immobilière. Commission dit que le dézonage est être les mains du conseil municipal de Terrebonne.

9h46: Accurso dit qu'il n'a pas été question d'un dossier précis lors des voyages avec Trudel et Robitaille.

9h42: Accurso dit que Trudel ne lui a pas dit pourquoi il a invité Robitaille. Commission dépose en preuve une photo: femme brouillée, Accurso, Théberge, femme brouillée, Trudel et Robitaille. Autre photo: mêmes personnes. Selon la Commission, autre voyage en février 2006. «Possible», reconnaît le témoin. Dit que c'est Trudel qui a invité Robitaille les deux fois.

9h40: Me LeBel reprend son interrogatoire et annonce vouloir éclaircir les circonstances entourant le passage de Jean-Marc Robitaille (maire de Terrebonne) sur le Touch en mars 2008. «Pourquoi M. Robitaille était-il présent?», demande la procureure. «Ce n'est pas moi qui l'a invité. Ce n'était pas mon ami et ce n'est pas devenu mon ami. C'est Normand Trudel qui l'a invité.»

9h39: Début des audiences.

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