Le taux d’endettement élevé, les objectifs d’épargne souvent difficiles à atteindre et près de la moitié des travailleurs qui n’ont pas accès à un régime de retraite sont autant de lacunes que compte corriger, en partie, le Régime volontaire d’épargne-retraite (RVER).
Le gouvernement du Québec imposera aux entreprises l’obligation d’instaurer le RVER afin de permettre à tous les travailleurs d’économiser en vue de la retraite.
Toutes les entreprises qui comptent plus de cinq employés, âgés de 18 ans et plus et à l’emploi depuis au moins un an, devront se conformer à cette exigence.
Le travailleur n’a rien à faire pour profiter de ce programme d’épargne. Il sera automatiquement inscrit s’il n’existe pas d’autre régime en vigueur dans son entreprise. Par contre, puisqu’il s’agit d’un plan volontaire, il pourra choisir d’en retirer ou de refuser d’épargner.
Pour l’entreprise, le RVER ne représente aucun coût supplémentaire, sauf si une contribution est versée en guise d’avantage social. Pour l’employé, cette épargne est prélevée directement sur son salaire et il bénéficie au même moment du crédit fiscal qui y est associé plutôt que de devoir attendre à la production de sa déclaration d’impôts.
Le RVER n’est toutefois ni un véhicule d’épargne tout-terrain, ni le gage que tous les problèmes d’endettement s’en trouveront résolus, comme l’explique Bruno Therrien, planificateur financier au Groupe Investors.
«Le processus est tellement volontaire que l’employeur n’est pas obligé de contribuer et l’employé n’est pas obligé d’adhérer. De plus, comme planificateur financier, le RVER ne représente pas le véhicule parfait, puisque les gens n’ont pas vraiment de suivi: le fonds est administré par une institution avec des options plutôt limitées», souligne-t-il.
Le planificateur précise néanmoins que la formule présente des avantages. Pour l’employeur, la procédure est plus facile à mettre en place qu’un lourd régime, pour l’employé le prélèvement se fait directement sur la paie et pour les personnes qui n’ont accès à aucune épargne retraite, l’initiative reste louable.
«En somme, on vous donne l’occasion de vous prendre en main, mais on ne vous oblige pas à le faire. Est-ce que cela donnera vraiment les résultats escomptés? Le temps nous le dira.»
Plusieurs options à considérer
Du point de vue des employeurs, Florent Francoeur, président de l’Ordre des conseillers en ressources humaines, même s’il s’agit d’une obligation supplémentaire, le RVER n’est pas perçu comme un enjeu.
«Il n’y a pas de coût supplémentaire, la mécanique est relativement simple et le tout participe d’un courant où les dirigeants cherchent de nouvelles manières d’améliorer le bien-être de leurs employés sans passer uniquement par la hausse de la rémunération», explique M. Francoeur.
Bruno Therrien souligne que plusieurs autres avenues peuvent toutefois être étudiées par les entreprises.
«Implanter un REER ou un CELI collectif respecte aussi la démarche du gouvernement. C’est une occasion pour les employeurs d’évaluer les stratégies disponibles selon la flexibilité désirée.»
De son côté, en marge du 13e Rendez-vous Rémunération qui s’est tenu mercredi, Florent Francoeur a souligné un courant de fond chez les chefs d’entreprises.
«On voit vraiment une tendance vers le développement des personnes, la santé et le mieux-être. Ces programmes coûtent peu aux entreprises, mais ont un impact sur la qualité de vie des travailleurs, sur leur santé et sur leur rétention», précise-t-il.