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Magnotta était «possiblement» sain d'esprit

Selon un expert de la Couronne

Il y a trop de contradictions dans le récit de Luka Rocco Magnotta pour conclure qu'il n'était pas sain d'esprit quand il a tué Jun Lin, croit le psychiatre-expert de la Couronne.

«Il nous semble encore très possible que la partie saine de monsieur (...) était amplement suffisante pour lui permettre de juger de la nature et de la qualité des actes qu'il posait et de savoir que ces actes étaient mauvais», conclut le Dr Gilles Chamberland dans son rapport déposé à la cour.

Le psychiatre-expert mandaté par la Couronne n'a toutefois pas pu interviewer l'accusé de 32 ans. Il s'est donc basé sur les rapports de ses collègues, ainsi que sur le dossier médical de Magnotta.

Le Dr Chamberland se base en partie sur la rencontre de Magnotta avec le Dr Joël Paris en avril 2012, soit un mois avant le meurtre de Jun Lin.

À la suite de cette rencontre, le Dr Paris avait exclu la bipolarité et la schizophrénie, diagnostiquant plutôt le trouble de la personnalité limite.

Il est à noter que le Dr Paris n'avait pas accès à aucun des dossiers médicaux de Magnotta et il n'a pu se fier qu'aux déclarations du patient, a-t-il admis lors de son contre-interrogatoire, mardi.

«Les épisodes de psychoses peuvent aussi s'expliquer par (sa) personnalité», renchérit toutefois le Dr Chamberland, ajoutant que le comportement de l'accusé pourrait être attribuable à la prise de médicaments plus qu'à la schizophrénie.

Organisé

Le psychiatre-expert note aussi que le meurtre de l'étudiant chinois a été commis dans un contexte où la sexualité est «présente à plusieurs niveaux».

Magnotta avait en effet commis des outrages à caractère sexuel sur le cadavre de sa victime. Le tout avait été filmé, et une vidéo éditée avait été mise en ligne sur internet.

«Une telle implication de la sexualité avec un tel niveau d'organisation milite définitivement à l'encontre de l'idée que l'auteur du geste souffrirait d'une schizophrénie», assure le psychiatre dans son rapport.

Simulation

Le Dr Chamberland note aussi que Magnotta aurait bien pu simuler ses symptômes pendant une partie de sa vie.

Car l'accusé travaillait comme escorte, ce qui implique «un bon niveau d'organisation». Il était aussi très actif sur les réseaux sociaux, si bien qu'il ne fait «aucun doute qu'il était apte à travailler», selon l'expert.

«Il semble à tout le moins manifeste que les montants d'aide sociale que monsieur recevait pour une incapacité au travail n'étaient pas justifiés», ajoute-t-il dans son rapport.

Or, dans les cas de meurtres par des schizophrènes, la désorganisation est souvent très marquée.

Le procès, qui en est à sa 35e journée d'audience devant jury, se poursuit ce mercredi, au palais de justice de Montréal. Selon les estimations du juge Guy Cournoyer, les délibérations pourraient commencer dès la semaine prochaine.

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