En 48 heures, Luka Rocco Magnotta a eu le temps de tuer Jun Lin, de vider son appartement et de partir en Europe pour refaire sa vie. Ce comportement «ultra-organisé» est incompatible avec la schizophrénie, selon l'expert de la Couronne.
Même à Paris, il a été capable de se réorganiser pour avoir un client, ça fait beaucoup en 48 heures», a lancé le Dr Gilles Chamberland jeudi matin au procès pour meurtre de Magnotta.
Selon l'expert psychiatre, le comportement de l'accusé de 32 ans après avoir tué Jun Lin le 25 mai 2012 dément la thèse de la schizophrénie. D'autant plus que lors de sa cavale en Europe, Magnotta avait eu de longues journées remplies de «plaisirs» sans que personne ne se doute qu'il soit schizophrène, a noté le témoin.
«Si l'on prend pour acquis que ce sont ses troubles de personnalité qui le font agir (et non la schizophrénie), cela devient limpide et tout devient beaucoup plus facile à expliquer», a fait remarquer le Dr Chamberland, qui témoigne pour la Couronne.
Simulation
Lorsque Magnotta avait été incarcéré à Berlin suite à son arrestation, un psychiatre allemand l'avait évalué. Et le Dr Barth s'était dit convaincu que l'accusé n'avait pas simulé les symptômes de schizophrénie.
Magnotta avait tenu un discours décousu, il parlait d'une sorcière qui l'épiait par la fenêtre et même de Stephen Harper, décrit comme «un diable».
Or, en se basant sur ces observations, le psychiatre de la Couronne en est arrivé à une conclusion diamétralement opposée.
«Le côté très théâtral (de Magnotta) peut s'expliquer par sa personnalité, pour moi c'est tout sauf de la pensée désorganisée (caractéristique à la schizophrénie)», a assuré le témoin, qui n'a jamais été en mesure de rencontrer l'accusé pour effectuer sa propre expertise.
Selon lui, Magnotta a mis de l'avant des symptômes de schizophrénie, pour ensuite s'isoler dans son coin en attendant son extradition.
Le Dr Chamberland poursuivra son témoignage jeudi, au palais de justice de Montréal.
Notons que le juge a prévenu le jury que le procès, qui en est à sa neuvième semaine d'audience, a pris du retard. Au mieux, le jury entreprendra les délibérations à la fin de la deuxième semaine de décembre. Les précédentes estimations prévoyaient le début des délibérés dès la semaine prochaine.
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