Puante, diabolique, marbrée. La punaise venant d'Asie, un insecte minuscule capable de parcourir 12 km en 24h, entrée en douce au Québec menace d'infester maisons et champs dès la nouvelle année.
«C'est le prochain fléau du Québec», a soutenu au Journal de Montréal le biologiste Jacques Brodeur de l'Université de Montréal tout en montrant des insectes gros comme des pièces de 25 sous en train de manger avec avidité un plant de soya.
De son nom scientifique Halyomorpha halys, la punaise puante, qui dégage une odeur nauséabonde, est présente aux États-Unis depuis 2010.
L'insecte, qui mesure 12 à 17 mm, a été capturé vivant pour la première fois cet été dans un champ près d'Hemmingford en Montérégie où d'autres punaises diaboliques ont aussi été repérées.
La petite bête a même été identifiée à Montréal a expliqué au quotidien montréalais, le professeur Brodeur, qui étudie des colonies de l'indésirable dans une pièce sécurisée du Jardin botanique de Montréal.

Bactéries
La punaise puante ravage les cultures — pommes, poires, tomates, soya, maïs, entre autres — à la façon des sauterelles. Elle grignote les fruits qui deviennent déformés et tachés. «Certains légumes, auxquels la punaise transmet des bactéries, vont jusqu'à pourrir sur pied».
Et dès que la fin de l'été arrive, la punaise cherche la chaleur et un refuge pour l'hiver. Elle entre facilement dans nos maisons, s'y installe où elle prolifère.
Au sud de la frontière, l'insecte destructeur a fait perdre des millions de dollars aux agriculteurs.
«Si on a une invasion de ça, ça va être un vrai casse-tête», craint le pomiculteur François Blouin, de l'île d'Orléans. II a fait savoir au Journal de Montréal que ses collègues américains peinent à contrôler le ravageur, alors qu'ils peuvent utiliser, à forte dose, des pesticides interdits au Canada.

Refuge au chaud
Un des principaux scientifiques de la National Wildlife Federation, Doug Inkley, a lui-même été victime d'une infestation de punaises dans sa demeure du Maryland.«Quand vous en trouvez dans votre nourriture, dans votre évier, dans votre lit, dans vos cheveux et partout, ça devient invivable», a-t-il confié au Washington Post. Pour s'en débarrasser, le Dr Inkley a dû débourser pas moins de 10 000 dollars.
Plus de 50 scientifiques américains à l'image de Doug Inkley «sont à pied d'œuvre, sous la houlette du ministère de l'Agriculture, pour tenter de contrôler le fléau. Certains ont installé des radars sur le dos de quelques spécimens pour les suivre et éliminer leurs nids».
Pas de problème
Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) considère qu'il n'y a pas de problème de punaise diabolique dans la province même si l'infestation est hors contrôle au sud de la frontière.«Au Québec, ce n'est pas un problème, insiste Gérald Chouinard, entomologiste au Ministère. Je n'ai aucune sonnette d'alarme à tirer», a-t-il affirmé au Journal de Montréal.
Afin de surveiller la remontée des insectes des États-Unis vers le nord, le MAPAQ a installé une cinquantaine de pièges dans les champs frontaliers, mais ils seraient demeurés vides tout l'été dernier.
«On en a capturé une seule par hasard dans un piège qui sert à attraper d'autres bêtes», assure M. Chouinard. L'absence de punaises dans les pièges qui leur étaient destinés, veut dire qu'«il n'y a pas de population de punaises marbrées au Québec», selon ce dernier.
Gérald Chouinard avance toutefois que la punaise diabolique pourrait profiter du réchauffement climatique pour s'installer dans la province comme l'a fait la tique responsable de la maladie de Lyme. Le punaise puante ne pique toutefois pas les humains.