Les musulmans dans le monde sont les «premières victimes du fanatisme», a affirmé le président français François Hollande jeudi, pendant que Charlie Hebdo disait adieu ses morts à Paris, où est arrivé le chef de la diplomatie américaine John Kerry pour un hommage tardif.
La décision des journalistes de l'hebdomadaire de mettre à nouveau en Une mercredi une représentation du prophète Mahomet continuait de provoquer des vagues d'indignation dans le mopnde musulman, tandis qu'aux Philippines, où il est en voyage, le pape François s'immisçait dans le débat sur la liberté d'expression.
Ce «droit fondamental», a-t-il dit, n'autorise pas à «insulter la foi d'autrui». «On ne peut provoquer, on ne peut insulter la foi des autres, on ne peut la tourner en dérision», a-t-il insisté devant la presse.
Pendant que l'enquête en France cherche à découvrir d'éventuels complices des trois jihadistes qui ont tué 17 personnes la semaine dernière, la justice espagnole a ouvert une enquête préliminaire pour «collaboration avec une organisation terroriste».
Elle soupçonne Amédy Coulibaly, meurtrier de quatre juifs lors d'une prise d'otage vendredi, d'avoir séjourné en territoire espagnol avec sa compagne Hayat Boumeddiene et une «troisième personne qui pourrait avoir aidé cette dernière à se rendre en Syrie», selon une source judiciaire.

Face au trouble de la communauté musulmane, cible de plusieurs dizaines d'incidents en France depuis une semaine, le président François Hollande est intervenu jeudi matin pour rappeler que les musulmans dans le monde sont les «premières victimes du fanatisme, du fondamentalisme, de l'intolérance».
«L'islamisme radical s'est nourri de toutes les contradictions, de toutes les influences, de toutes les misères, de toutes les inégalités, de tous les conflits non réglés depuis trop longtemps», a fait valoir le président français qui s'exprimait depuis l'Institut du Monde arabe à Paris.
Depuis quelques jours, la façade de l'Institut, principale institution culturelle du monde arabe en France, est recouverte de l'inscription en français et en arabe, en grandes lettres rouges, «Nous sommes tous Charlie».
«Je veux que ceux (les musulmans) qui vivent en France puissent se savoir unis, protégés, respectés comme eux-mêmes doivent respecter la République», a insisté M. Hollande, rappelant au passage qu'au nombre de ces valeurs, «il y en a une qui n'est pas négociable, qui ne le sera jamais, c'est la liberté, la démocratie».
Comme en écho, la chancelière allemande Angela Merkel a promis de combattre les idéologues du terrorisme «avec tous les moyens de l'État de droit»: «Ceux qui prononcent des paroles de haine, qui commettent des actes violents au nom de l'islam, leurs complices et les idéologues du terrorisme international seront combattus avec rigueur, en employant tous les moyens à la disposition d'un État de droit», a promis Mme Merkel devant le Bunbdestag, lors d'un hommage aux victimes de Paris.
Au même moment, au cours des funérailles du dessinateur de Charlie Hebdo, Tignous, sa compagne a appelé, très émue, au respect de la laïcité, vertu cardinale de la république.
Les funérailles de quatre autres victimes, dont le dessinateur emblématique Wolinski, ont également été célébrées jeudi.

C'est dans ce contexte qu'est arrivé jeudi soir à Paris le patron de la diplomatie américaine John Kerry pour un «big hug» (forte étreinte) à la France.
Un déplacement destiné à renouer l'amitié franco-américaine, après l'absence remarquée dimanche de responsables américains de haut niveau au grand rassemblement parisien.
Comme la veille, le journal «des survivants» a continué de s'arracher. Au total 5 millions d'exemplaires devraient être mis en vente. Avant le drame, l'hebdomadaire au bord de la faillite tirait à 60 000 exemplaires.
À l'étranger, 130 000 exemplaires devaient arriver jeudi dans une trentaine de pays.
De nouveau le prophète, une larme à l'oeil, figure en Une: En France, «on peut tout dessiner, y compris un prophète» a rappelé la ministre française de la Justice Christiane Taubira près du cercueil de Tignous.
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