Les obsèques de Charb, dessinateur et patron de Charlie Hebdo, tué dans l'attentat du 7 janvier, ont vu défiler vendredi en région parisienne des leaders de gauche lors d'une cérémonie irrévérencieuse au son de l'Internationale et aux allures de veillée anarcho amicale.
Notes de l'hymne révolutionnaire ouvrier et applaudissements nourris ont salué l'arrivée du cercueil de Charb à Pontoise, où des centaines de proches et d'anonymes se sont rassemblés pour un dernier hommage avant l'inhumation.
Outre la famille de Stéphane Charbonnier, dit Charb, et les survivants de Charlie Hebdo, plusieurs ministres français dont Christiane Taubira (Justice), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation) et Fleur Pellerin (Culture) ou encore le dirigeant du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon, assistaient à cette cérémonie.

«Charlie vivra! (...) La troupe des têtes dures qui pleure aujourd'hui son héros a le coeur gonflé d'orgueil en pensant» à Charb a déclaré M. Mélenchon lors de la cérémonie à laquelle assistait également le secrétaire national du parti communiste français, Pierre Laurent.
Vous êtes Charlie? «Prouvez-le» en faisant naître «des milliers» de nouveaux Charlie Hebdo, a de son côté exhorté vendredi Luz, l'un des dessinateurs survivants et auteur de la une du dernier numéro croquant une nouvelle fois Mahomet.
Charb aurait espéré «que des milliers de Charlie Hebdo surgissent des lycées, des facs, des imprimeries», «que d'autres Charb, Cabu, Honoré, Wolinski, prennent la plume», a-t-il poursuivi, en référence aux autres dessinateurs tués par deux jihadistes français.
Dehors, des centaines d'anonymes avaient fait le déplacement pour suivre la cérémonie sur écran géant.

«Charb, je ne le connaissais pas, mais je suis un lecteur de Charlie Hebdo. Ce qui s'est passé me rend tout triste, ça fait une semaine que je pleure pour un oui ou un non», a déclaré ému, Patrice Néron, 68 ans. «Ça fait 40 ans que je me bats pour la liberté, contre les intégristes. Je suis inquiet, je ne sais pas où l'on va», a-t-il ajouté.
Charb doit être inhumé dans la stricte intimité, au cimetière de Pontoise, en région parisienne, après la cérémonie.

Le dessinateur dirigeait l'hebdomadaire satirique depuis 2009. Il a été tué le 7 janvier dans l'attentat mené par les frères Chérif et Saïd Kouachi, deux jihadistes français, contre le siège de Charlie Hebdo à Paris, qui a fait 12 morts, dont cinq dessinateurs du journal.
Âgé de 47 ans, Charb était un dessinateur corrosif et militant qui disait ne craindre personne. Son nom figurait dans une liste de «Recherchés, morts ou vifs, pour crimes contre l'islam», publiée au printemps 2013 par la revue jihadiste anglophone Inspire.
Le dessinateur Honoré et le correcteur du journal Mustapha Ourrad devaient par ailleurs être inhumés dans l'après-midi au cimetière parisien du Père-Lachaise, dans l'intimité.
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