Même s'il a dit «accepter» le verdict de culpabilité pour le meurtre de Jun Lin, Luka Rocco Magnotta réclame un nouveau procès.
«Les verdicts de culpabilité sont déraisonnables et ne sont pas supportés par la preuve et les instructions (du juge au jury)», a écrit son avocat Me Luc Leclair dans l'avis d'appel rendu public lundi.
Visiblement, l'accusé de 32 ans espère donc toujours s'en sortir pour avoir sauvagement tué, mais aussi dépecé Jun Lin le 25 mai 2012. Une partie du crime avait été filmée puis diffusée sur internet.
Magnotta, qui avait été reconnu coupable entre autres de meurtre prémédité le 23 décembre dernier, avait en plus envoyé par la poste des parties du cadavre à Vancouver et Ottawa, avant de prendre la fuite en Europe. Il avait été arrêté une dizaine de jours plus tard dans un café internet à Berlin.
Pas d'excuses
Dong Dong Xu, un ami proche de Jun Lin qui avait témoigné au procès, espérait tourner la page après le verdict. Il devra toutefois attendre.
«Il a tous les droits de déposer un appel, mais est-ce qu'il a aussi pensé à s'excuser à la famille et aux amis de Jun Lin? a-t-il confié au «Journal de Montréal». Le droit est une chose, mais Magnotta devrait au moins poser un geste et s'excuser pour nous permettre de tourner la page.»
L'avocat représentant la famille de Jun Lin a pour sa part indiqué qu'aucun membre de la famille de Jun Lin ne ferait de commentaire. Lors du verdict, le père de l'étudiant chinois avait déploré l'absence d'excuses de l'accusé.
Erreurs de droit
Car plutôt que de s'excuser, le meurtrier a soulevé dans son appel des points de droit qui, selon son avocat, l'a empêché d'avoir un procès juste et équitable.
Parmi les arguments, Me Leclair indique que les instructions du juge, concernant le verdict de non-responsabilité criminelle, n'étaient pas conformes au droit.
Tout au long du procès ayant duré 12 semaines l'automne passé, Magnotta a plaidé la non-responsabilité criminelle.
Rapports psychiatriques à l'appui, il avait tenté de convaincre le jury qu'il était schizophrène, et qu'il ne distinguait pas le bien et le mal quand il avait commis son horrible crime.
Selon sa version donnée aux psychiatres, il pensait que l'étudiant chinois était un espion du gouvernement venu le tuer. Une voix imaginaire l'aurait également encouragé à commettre son crime.
Mais le jury ne l'avait pas cru, se rangeant plutôt derrière la théorie de Me Louis Bouthillier de la Couronne voulant que l'accusé ait été bien trop organisé pour un schizophrène.
L'avocat en a également contre la décision de garder la jurée 14, qui travaillait dans une boucherie dont l'un des copropriétaires est policier.
«Il y avait des motifs raisonnables de croire qu'il puisse y avoir un biais (contre Magnotta)», indique Me Leclair.
La Cour d'appel du Québec se penchera sur le dossier le mois prochain.
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