Après plus de 12 heures de débats laborieux, le gouvernement Couillard cheminait allègrement en soirée vendredi vers l'adoption, sous le bâillon, du projet de loi 10 ordonnant une vaste réforme du système de santé.
Passé 22h30, les débats se poursuivaient à l'Assemblée nationale. «Le Parti québécois a décidé de faire un blocage systématique. Ça serait anti-démocratique s'il fallait que le vote des électeurs soit contrecarré par un veto du Parti québécois», a plaidé le leader parlementaire du gouvernement Jean-Marc Fournier.
Même s'ils ont vertement dénoncé la «procédure d'exception» imposée par le gouvernement, les partis d'opposition ont participé activement à l'étude détaillée du projet de loi, proposant des amendements dont la plupart ont été rejetés par le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. Les cinq heures de débats n'ont pas suffi, et le «bâillon» est tombé à l'article 70 sur 176.
Amendements
Le ministre Barrette a fait adopter 95 amendements à son projet de loi. «La recette pour les vices cachés», a prévenu le député péquiste Jean-François Lisée.
Le Parti québécois, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire ont fait savoir en cours de journée qu'ils allaient voter contre le projet de loi. La Coalition avenir Québec s'y était pourtant montrée favorable en commission parlementaire. Le gouvernement étant majoritaire, l'adoption du projet de loi 10 ne faisait aucun doute.
Le ministre Barrette a plaidé que sa réforme s'incarnait dans deux projets de loi qu'il voulait faire adopter d'ici juin. Outre le projet de loi 10 qui abolira les agences de la santé et réduira le nombre d'établissements de santé de 182 à 33 superstructures appelées Centres intégrés de santé et services sociaux (CISSS), il faudra adopter le projet de loi 20, qui imposera des quotas de patients aux médecins omnipraticiens.
«Le projet de loi 20, c'est crucial, et je vise à ce qu'il soit adopté cette session parlementaire ci», a signalé le ministre de la Santé.
Critiques
Le chef de l'opposition officielle, Stéphane Bédard, a déploré «l'arrogance» du ministre Barrette. À son avis, le projet de loi 10 annonce «le début de chicanes, d'un gros bordel» qui privera les Québécois de meilleurs services de santé.
«Ça commence très mal, un bâillon avant même le début de la session parlementaire», a, quant à lui, lancé le leader parlementaire de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel.
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