La rectrice de l'Université de Sherbrooke, Luce Samoisette, est tout à fait à l'aise de réclamer, à même son compte de dépenses, les sommes qui ont permis d'acquitter les frais de son accréditation au sein de la Chambre des notaires du Québec ainsi que des dépenses de formation. Légal, mais discutable aux yeux de certains...
Les sommes réclamées (autour de 2000 dollars) couvrent six ou sept séances de mise à niveau et le coût de l'adhésion à la Chambre des notaires.
«Ça fait partie de la rémunération globale. C'était considéré dès le début des mandats de tout le monde. Je suis tout à fait à l'aise et je vous rappellerai aussi que ma formation de notaire et de fiscaliste aide grandement l'Université dans tous les dossiers que nous avons à traiter», indique Luce Samoisette, rectrice de l'Université de Sherbrooke.
Luce Samoisette rappelle qu'elle est d'abord professeure et que ces conditions sont offertes à l'ensemble de ses collègues de l'Université.
«Donc quand on accède à un poste de direction, on conserve ces mêmes droits», explique-t-elle.
«Est-ce que c'est légal? Est-ce que c'est possible? Est-ce que l'Université peut adopter ce type de pratique? Peut-être oui. Est-ce que c'est légitime comme aux cadres? Moi je vous dis, à mon sens, visiblement pas», mentionne Martin Maltais, professeur à l'Université du Québec à Rimouski.
Ce professeur en finance et politique d'éducation est plutôt d'avis que c'est aux recteurs eux-mêmes, comme à tout professionnel, d'assumer les frais découlant de leur profession.
«La question est toujours la même. Est-ce que le remboursement de la dépense est nécessaire à l'exercice de la fonction du personnel qui réalise la tâche?» se questionne-t-il.
«Écoutez, la rémunération des recteurs et des rectrices est déterminée par les conseils d'administration», pointe François Blais, ministre de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur.
Interpelé sur la question, le ministre croit qu'il faut analyser la question de façon plus globale.
«Ce qui intéresse le gouvernement, ce n'est peut-être pas d'intervenir point sur point sur des éléments particuliers, c'est l'évolution de la rémunération globale qui comprend ces éléments. Je vous rappelle que la rémunération globale des recteurs et des cadres supérieurs des universités est maintenant contrôlée par le gouvernement.»
«Vous savez, on peut toujours remettre en question des pratiques. Mais si on le fait, on le fera pour l'ensemble des employés et non pas pour une personne seulement», ajoute Luce Samoisette.
De quoi lancer le débat.