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Parizeau, «la version moderne d'un défricheur»

Entrevue avec Lucien Bouchard

Malgré les différends qu'ils ont pu avoir dans le passé, Lucien Bouchard a toujours eu beaucoup d'admiration pour Jacques Parizeau, qu'il n'hésite pas à qualifier de «version moderne du défricheur québécois».

«Je suis d'une famille très traditionnelle québécoise, a-t-il expliqué en entrevue à Pierre Bruneau sur les ondes de TVA. Mon grand-père était un défricheur. Autrement dit, il est arrivé un jour devant une terre en "bois debout" et il l'a défrichée. Une immense terre où il a passé sa vie. M. Parizeau me fait penser à la version moderne d'un défricheur québécois. Lui, ce n'est pas une ferme qu'il a défrichée, mais le Québec, où il voulait voir pousser un avenir pour les jeunes.»

Avant même d'entrer en politique, Jacques Parizeau était voué à une carrière éclatante, se souvient M. Bouchard.

«[C'était] un des plus brillants produits de sa génération d'une bourgeoisie canadienne-française fortunée. [Il est devenu] un économiste de renom, un professeur couru. Tout le monde prenait des billets pour aller suivre ses cours, admirer ses performances. »

Puis, il y a eu sa carrière politique. «Il est entré en "religion politique" si on peut dire, explique l'ancien premier ministre. Il est vraiment entré en politique pour faire la souveraineté.»

Plusieurs sacrifices

Jacques Parizeau a d'ailleurs dû faire beaucoup de sacrifices pour tenter d'atteindre son but ultime. M. Bouchard, lui, considère qu'il n'a pas toujours eu la reconnaissance qu'il aurait dû recevoir.

«C'était un homme qui a beaucoup donné, qui n'a pas beaucoup reçu, a-t-il dit. Ça a été dur la politique pour lui. C'est dur pour beaucoup de monde, mais pour lui en particulier. C'est un homme qui a renoncé à beaucoup de choses.»

Même si Lucien Bouchard reconnait avoir eu des relations houleuses avec «Monsieur» Parizeau, il soutient qu'il a toujours été en mesure de s'entendre avec lui sur «l'essentiel». «C'est ça qui est important dans le combat politique», a-t-il dit.

À titre d'exemple, Lucien Bouchard évoque le moment où Jacques Parizeau s'est effacé pendant la campagne référendaire de 1995, lorsqu'une véritable «aura » s'est développée autour de lui à la suite de son opération à la jambe.

«Ça, c'est unique, admet-il sans détour. Un geste unique. Des gestes comme celui qu'il a posé, je n'en vois pas.»

C'est la preuve, selon lui, que Jacques Parizeau n'était pas motivé par l'ambition personnelle.

«Parce que la politique, vous savez, c'est le pouvoir, l'attrait, on est tendu vers l'ascension, la conquête. Jamais il ne nous vient à l'esprit de nous effacer. Mais lui, il l'a fait pour une raison supérieure.»

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