En huit ans, Stéphane Harbour est passé de maire de l'arrondissement d'Outremont à représentant financier, concierge et enfin gestionnaire d'immeuble. Il doit sa chute à une fraude de 2000 $, qu'il dit maintenant regretter amèrement.
«Ces années ont été très difficiles, a expliqué vendredi le maire déchu à la cour. Il y a eu la honte. Il n'y a pas pire émotion que la honte. En plus de la réprobation sociale, de l'isolement.»
Harbour, 56 ans, était au palais de justice de Montréal vendredi matin pour les représentations sur la peine que la juge Louise Villemure devrait lui imposer. En janvier dernier, il avait plaidé coupable de fraude, de fabrication de faux et d'usage de document contrefaits.
Les faits remontent à l'époque où il était maire de l'arrondissement d'Outremont. Pendant 15 mois, il a utilisé un stratagème pour faire payer par les contribuables ses cours d'anglais. Il avait aussi à deux reprises obtenu des remboursements frauduleux pour des repas, qui totalisent 200 $.
«J'étais amené à rencontrer des journalistes anglophones et j'avais un peu honte de mon niveau d'anglais», a lancé Harbour à la cour.
Tort
Plutôt que de demander un vote au conseil d'arrondissement ou de payer lui-même son professeur d'anglais, Harbour a plutôt fraudé les citoyens d'Outremont.
«Je me suis fait du tort, j'ai fait du tort à mes proches», a-t-il dit d'une voix penaude.Les explications de l'ancien maire n'ont toutefois pas semblé émouvoir outre mesure le procureur à la Couronne Me Claude Dussault.
«Il n'a jamais dit qu'il a causé du tort à ses concitoyens ou à sa fonction», a relevé le procureur.
Selon Me Dussault, la dénonciation doit primer, bien que le montant de la fraude ne soit pas faramineux.
«On parle de la personne la plus importante dans l'arrondissement, a-t-il plaidé. On ne peut pas jouer dans les deniers publics, c'est ça le message qu'il faut passer.»
La Couronne réclame une peine allant jusqu'à six mois à purger dans la collectivité.
EnfersTout indique que Me Nadine Touma demandera une absolution pour l'ex-maire de l'arrondissement d'Outremont.Harbour a d'ailleurs témoigné de l'impact négatif qu'un casier judiciaire aura sur sa vie. Car s'il gagnait 110 000 $ par année en tant que maire, il a dû accepter des boulots beaucoup plus précaires, comme celui de concierge pendant plus de six mois.«Je sortais les ordures, je lavais les vitres», a-t-il dit.
Harbour a ensuite obtenu un emploi de gestionnaire d'immeuble, mais il l'a perdu lorsqu'il a plaidé coupable en janvier dernier.
Il travaille maintenant pour une autre compagnie, où il s'occupe de collecter des loyers ainsi qu'à la vérification des antécédents criminels de locataires potentiels.
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